Fondateur
Directeur et Rédacteur en Chef :
J. SANÜA ABOK NADDARA
31;uhlar;i
JL 6, Rue Geoffroy-Marie, PARIS
qu’il
réveillée sous le règne du Sultan Abd-ul-Hamid et qu’elle est résolu-
ment entrée dans la voie de l’activité intellectuelle.
Tandis que le Sultan créait ce merveilleux réseau de chemins de, fer
qui transforme les ressources économiques du pays, il n’a pas oublié
de favoriser l’expansion scientifique qui doit compléter ces progrès, en
permettant au peuple turc de pouvoir, dans un avenir prochain, trouver
chez lui les hommes techniques, les spécialistes et les savants qu’il
devait jadis emprunter à l’Europe.
Lorsqu’on a pu voir de près cés résultats, on se sent pris de pitié
pour les détracteurs systématiques qui, sans s’être' donnés la peine
d’étudier la Turquie, n’hésitent pas à la dépeindre comme une nation
retardataire et rebelle à tout progrès. S’ils voyaient comme nos jour-
naux scientifiques, nos revues, nos publications artistiques sont ici
goûtés et répandus même parmi les femmes et les jeunes filles, s’ils
voyaient comme nos jeunes beys se passionnent pour les grands pro-
blèmes de mathématique, de chimie, de sciences naturelles et n’hésitent
{>as à aller à Paris pour y chercher le complément d’éducation qui peut
eur faire défaut; si ces railleurs ignorants ou malveillants voyaient
tout cela, s’ils voulaient seulement se donner la peine de le voir, assu-
rément ils n’auraient pas calomnié notre nation qui travaille avec tant
d’ardeur et de docilité à se montrer digne de la sollicitude éclairée de
notre bien aimé Souverain.
Fort heureusement pour nous, les calomnies maladroites de ces indi-
vidus ne peuvent être mises en balance avec les témoignages des savants,
des hommes politiques, des grands écrivains qui ont visité la Turquie
sans parti pris et ont eu l’honneur d’approcher notre Glorieux Sultan.
Moukber.
L’ŒUVRE DU GRAND ABD-UL-HAMID
1 Constantinople, i5 novembre.
L’éminent médecin français, le docteur ChantemeSse, vient de partir
pour Paris comblé d’honneurs et de distinctions : S. M. I. le Suit an,
après lui avoir accordé le Grand Cordon du Medjidié et le grade de
oula, lui a remis, au moment de son départ, les médailles d’or ét d’argent
de l’Imtiaz et une tabatière enrichie de brillants. La création d’un
institut bactéréologique à Constantinople a été décidé et notre Souve-
rain, qui a déjà témoigné tant de sollicitude pour l’Institiit Pasteur,
montre qu’il ne demeure étranger à aucun progrès scientifique ni à
aucune découverte moderne.
Tous les savants qui ont passé à Constantinople, se plaisent à célé-
brer l’accueil bienveillant et sompteux qu’ils doivent à Sa Majesté
Impériale; ils ont été frappés de l’élévation d’esprit, de l’étendue des
connaissances qu’ils ont constatés chez tous les grands personnages qui
entourent le Sultan et servent, avec une si admirable entente les
grandes visées de leur Maître pour le développement de l’instruction et
des recherches scientifiques en Turquie. L’initiative Impériale a d’ailleurs
été féconde et, depuis plusieurs années, nous avons eu la joie d’enre-
gistrer des progrès ou des inventions dues exclusivement à des [Turcs.
Comme exemple, il nous suffira de citer la poudre sans fumée trouvée
par un officier ottoman, sans parler de nombreuses innovations dans la
mécanique, dans les sciences médicales, dans l’agriculture, etc., qui
ont été l’objet de. brevets importants. On a prétendu parfois que la
nation turque était endormie ou léthargique; en admettant qu’elle se
soit attardée à certaines époques, il faut reconnaître qu’elle s’est bien
CHEIKH ET CHÈQUE
Le Fellah: Que Dieu bénisse notre bien-aimé Khédive et lui conserve
éternellement la puissante protection de notre souverain, le glorieux
Khalife de l’Islam : Amen. Abbas Pacha, le prince patriote, est digne de
notre amour et de notre dévouement. Autant que nous, le Vice-Roi
déteste nos infâmes envahisseurs, et Son Altesse profite de toutes les
occasions pour leur montrer la profonde antipathie dont ils jouissent
en Egypte. Il leur dit clairement, et dans leur langue d oies qu’il parle
couramment : « Votre occupation inique d’un pays qui ne vous appar-
tient pas et la ruine et la désolation que vous y semez, vous attirent la
malédiction de Dieu et l’exécration des hommes. » Mais les loups blancs,
les rusés renards et les sauterelles rouges britanniques ferment leurs
oreilles aux justes remontrances et ouvrent leurs bouches énormes pour
avaler nos chèvres, nos moutons, nos vaches et nos bœufs et les pro-
duits de nos terres fertiles. Mon Dieu! Mon Dieu! Quand sauveras-tu
les enfants de la Vallée du Nil des mains des Anglais qui les torturent
et les réduisent à la misère? Depuis le retour de lord Groomer, le repré-
sentant de la reine Bactourya, je vois tous les jours mon maître, le
ministre des finances, ouvrir ce malheureux trésor égyptien et payer
des sommes folles aux Anglais pour entretenir luxeusement leurs
soldats et leurs cadets. Ah ! je voudrais que John Bull vienne demander
de l’argent pendant que je garde le trésor en l’absence du ministre ! Il
recevrait des coups à la place de pièces d’or. Il irait se plaindre à son
lordGroomer qui ordonnerait le tranchement de ma.tête de fellah; mais
notre intrépide Abbas me la consoliderait. Qui vois-je? John Bull, suivi
de jaquettes rouges portant des sacs. Oh ! je ne vous lés remplirai pas.
Courage dohc, et montrons au monde que le fellah d’Egypte, le paisible
paysan nilotique, a du sang dans les veines. Ils sont dix contre un. Ils
me tueront, mais je*ne mourrai qu’après avoir vu expirer cinq d’entre
eux. Moi, j’irai au paradis, comme les martyrs de notre sainte liberté,
tandis qu’eux, ils iront à l’enfer, comme tous les tyrans et les despotes;
Dieu! protège moi. Vive le Sultan! Vive le Khédive!
John Bull : Que faites-vous ici, fellah ?
Le Fellah : Lorsqu’un fellah adresse la parole à un Anglais, il lui dit
Mister; soyez donc aussi poli que nous, et dites-moi Cheikh, qui est le
Mister des fellahs. Respectez-moi, si vous voulez que je vous respecte.
John Bull (à. part) : Ces vils fellahs sont devenus arrogants depuis
l’avènement d’Abbas, qui leur fait croire qu’ils sont nos égaux ; mais
je saurai prouver à ce fellah qu’il ést mon humble serviteur. (Au fellah)
Où est le ministre? .
Le Fellah (avec fierté) : Son Excellence est au palais; il assiste au
grand conseil que notre bien-aimé Khédive préside ce matin. Repassez
donc demain, si vous avez une pétition à présenter à notre éminent
ministre des finances. . .
John Bull : Ce n’est pas une pétition que j’ai à lui présenter, mais
un chèque.
Le Fellah : Un cheikh, comme moi?
John Bull : Mon chèque vaut de l’argent, tandis que vous ne valez
rien. Le chèque anglais est une traite qui vaut de l’or, mais le cheikh
égyptien né vaut pas un para. Voici mon chèque ; c’est un bout de papier
sur lequel Son Excellence lord Cromer a daigné écrire un mot de sa
noble main, ordonnant au ministre de me payer quarante mille guinées,
c’est-à-dire quatre millions de vos piastres égyptiennes qui font cent
soixante millions de paras fellahs.
Le Fellah : Vous demandez cent soixante millions de gouttes de sang
égyptien, car chaque para qui se verse dans ce trésor est une goutte de
notre sang. Ah! vous ne trouverez pas cela; nous n’avons plus de
sang, vous l’avez tout sucé en douze ans d’oppression.
John Bull : Vous êtes spirituel, les fellahs sont généralement
bêtes.
Le Fellah : Nous ne sommes pas aussi bêtes que vous le croyez.
Nous sommes plus instruits que vos paysans, nous savons lire et
écrire, et nous sommes plus vertueux que vous ; car nous ne buvons
que de l’eau et ne nous approprions pas le bien d’aütrui. Comprenez-
vous, mister John Bull?
John Bull (colère) : Je ne suis pas venu ici pour bavarder avec vous,
mais pour encaisser mon chèqùe de quarante mille livres.
Le Fellah: Si vous me dites pourquoi reclamez-vous cette somme,
je tâcherai de vous être utile.
John Bull (à part): Soyons aimable. Ce diable de fellah m’amuse.
(Au fellah) L’Angleterre (i) réclame une somme de quarante mille livres
sterling pour les frais résultant de l’augmentation du corps d’armée
d’occupation depuis janvier dernier.
Le Fellah : J’ai entendu parler de cette injuste réclamat’on, et je sais
que Son Excellence n’accepte pas cette surcharge au budget; je vous répète
scs propres paroles. Notre ministre, que Dieu conserve à nos finances,
a dit qu’l? /fera tout son possible pour repousser cette prétention de l’An-
gleterre.
John Bull ( avec arrogance) : Mais nous l’obligeroris à l’accepter.
Le Fellah: Par la force brutale, peut-être; mais non pas par la
raison. Notre gouvernement n’est pas responsable de la bêtise que le
vôtre a faite à l’instigation de lord Groomer.
John Bull : De quelle bêtise parlez-vous?
Le Fellah : De celle que l’Angleterre a faite en envoyant des renforts
ici sans aucune utilité.
John Bull : Ces renforts sont venus pour rétablir l’ordre dans votre
pays. ■ •
Le Fellah : Mais l’ordre n’a pas été un seul instant troublé. Voyons,
Mister Bull, vous ne dites pas ce que vous pensez. Je sais, moi,
pourquoi votre gouvernement a agi aipsi.
John Bull (avec dépit) : Si vous le-savez, veuillez nous le dire.
(i) Nous reproduisons cette phrase d’après un télégramme du Caire, en date du 5 de
.. ce mois, publié dans les journaux.
Directeur et Rédacteur en Chef :
J. SANÜA ABOK NADDARA
31;uhlar;i
JL 6, Rue Geoffroy-Marie, PARIS
qu’il
réveillée sous le règne du Sultan Abd-ul-Hamid et qu’elle est résolu-
ment entrée dans la voie de l’activité intellectuelle.
Tandis que le Sultan créait ce merveilleux réseau de chemins de, fer
qui transforme les ressources économiques du pays, il n’a pas oublié
de favoriser l’expansion scientifique qui doit compléter ces progrès, en
permettant au peuple turc de pouvoir, dans un avenir prochain, trouver
chez lui les hommes techniques, les spécialistes et les savants qu’il
devait jadis emprunter à l’Europe.
Lorsqu’on a pu voir de près cés résultats, on se sent pris de pitié
pour les détracteurs systématiques qui, sans s’être' donnés la peine
d’étudier la Turquie, n’hésitent pas à la dépeindre comme une nation
retardataire et rebelle à tout progrès. S’ils voyaient comme nos jour-
naux scientifiques, nos revues, nos publications artistiques sont ici
goûtés et répandus même parmi les femmes et les jeunes filles, s’ils
voyaient comme nos jeunes beys se passionnent pour les grands pro-
blèmes de mathématique, de chimie, de sciences naturelles et n’hésitent
{>as à aller à Paris pour y chercher le complément d’éducation qui peut
eur faire défaut; si ces railleurs ignorants ou malveillants voyaient
tout cela, s’ils voulaient seulement se donner la peine de le voir, assu-
rément ils n’auraient pas calomnié notre nation qui travaille avec tant
d’ardeur et de docilité à se montrer digne de la sollicitude éclairée de
notre bien aimé Souverain.
Fort heureusement pour nous, les calomnies maladroites de ces indi-
vidus ne peuvent être mises en balance avec les témoignages des savants,
des hommes politiques, des grands écrivains qui ont visité la Turquie
sans parti pris et ont eu l’honneur d’approcher notre Glorieux Sultan.
Moukber.
L’ŒUVRE DU GRAND ABD-UL-HAMID
1 Constantinople, i5 novembre.
L’éminent médecin français, le docteur ChantemeSse, vient de partir
pour Paris comblé d’honneurs et de distinctions : S. M. I. le Suit an,
après lui avoir accordé le Grand Cordon du Medjidié et le grade de
oula, lui a remis, au moment de son départ, les médailles d’or ét d’argent
de l’Imtiaz et une tabatière enrichie de brillants. La création d’un
institut bactéréologique à Constantinople a été décidé et notre Souve-
rain, qui a déjà témoigné tant de sollicitude pour l’Institiit Pasteur,
montre qu’il ne demeure étranger à aucun progrès scientifique ni à
aucune découverte moderne.
Tous les savants qui ont passé à Constantinople, se plaisent à célé-
brer l’accueil bienveillant et sompteux qu’ils doivent à Sa Majesté
Impériale; ils ont été frappés de l’élévation d’esprit, de l’étendue des
connaissances qu’ils ont constatés chez tous les grands personnages qui
entourent le Sultan et servent, avec une si admirable entente les
grandes visées de leur Maître pour le développement de l’instruction et
des recherches scientifiques en Turquie. L’initiative Impériale a d’ailleurs
été féconde et, depuis plusieurs années, nous avons eu la joie d’enre-
gistrer des progrès ou des inventions dues exclusivement à des [Turcs.
Comme exemple, il nous suffira de citer la poudre sans fumée trouvée
par un officier ottoman, sans parler de nombreuses innovations dans la
mécanique, dans les sciences médicales, dans l’agriculture, etc., qui
ont été l’objet de. brevets importants. On a prétendu parfois que la
nation turque était endormie ou léthargique; en admettant qu’elle se
soit attardée à certaines époques, il faut reconnaître qu’elle s’est bien
CHEIKH ET CHÈQUE
Le Fellah: Que Dieu bénisse notre bien-aimé Khédive et lui conserve
éternellement la puissante protection de notre souverain, le glorieux
Khalife de l’Islam : Amen. Abbas Pacha, le prince patriote, est digne de
notre amour et de notre dévouement. Autant que nous, le Vice-Roi
déteste nos infâmes envahisseurs, et Son Altesse profite de toutes les
occasions pour leur montrer la profonde antipathie dont ils jouissent
en Egypte. Il leur dit clairement, et dans leur langue d oies qu’il parle
couramment : « Votre occupation inique d’un pays qui ne vous appar-
tient pas et la ruine et la désolation que vous y semez, vous attirent la
malédiction de Dieu et l’exécration des hommes. » Mais les loups blancs,
les rusés renards et les sauterelles rouges britanniques ferment leurs
oreilles aux justes remontrances et ouvrent leurs bouches énormes pour
avaler nos chèvres, nos moutons, nos vaches et nos bœufs et les pro-
duits de nos terres fertiles. Mon Dieu! Mon Dieu! Quand sauveras-tu
les enfants de la Vallée du Nil des mains des Anglais qui les torturent
et les réduisent à la misère? Depuis le retour de lord Groomer, le repré-
sentant de la reine Bactourya, je vois tous les jours mon maître, le
ministre des finances, ouvrir ce malheureux trésor égyptien et payer
des sommes folles aux Anglais pour entretenir luxeusement leurs
soldats et leurs cadets. Ah ! je voudrais que John Bull vienne demander
de l’argent pendant que je garde le trésor en l’absence du ministre ! Il
recevrait des coups à la place de pièces d’or. Il irait se plaindre à son
lordGroomer qui ordonnerait le tranchement de ma.tête de fellah; mais
notre intrépide Abbas me la consoliderait. Qui vois-je? John Bull, suivi
de jaquettes rouges portant des sacs. Oh ! je ne vous lés remplirai pas.
Courage dohc, et montrons au monde que le fellah d’Egypte, le paisible
paysan nilotique, a du sang dans les veines. Ils sont dix contre un. Ils
me tueront, mais je*ne mourrai qu’après avoir vu expirer cinq d’entre
eux. Moi, j’irai au paradis, comme les martyrs de notre sainte liberté,
tandis qu’eux, ils iront à l’enfer, comme tous les tyrans et les despotes;
Dieu! protège moi. Vive le Sultan! Vive le Khédive!
John Bull : Que faites-vous ici, fellah ?
Le Fellah : Lorsqu’un fellah adresse la parole à un Anglais, il lui dit
Mister; soyez donc aussi poli que nous, et dites-moi Cheikh, qui est le
Mister des fellahs. Respectez-moi, si vous voulez que je vous respecte.
John Bull (à. part) : Ces vils fellahs sont devenus arrogants depuis
l’avènement d’Abbas, qui leur fait croire qu’ils sont nos égaux ; mais
je saurai prouver à ce fellah qu’il ést mon humble serviteur. (Au fellah)
Où est le ministre? .
Le Fellah (avec fierté) : Son Excellence est au palais; il assiste au
grand conseil que notre bien-aimé Khédive préside ce matin. Repassez
donc demain, si vous avez une pétition à présenter à notre éminent
ministre des finances. . .
John Bull : Ce n’est pas une pétition que j’ai à lui présenter, mais
un chèque.
Le Fellah : Un cheikh, comme moi?
John Bull : Mon chèque vaut de l’argent, tandis que vous ne valez
rien. Le chèque anglais est une traite qui vaut de l’or, mais le cheikh
égyptien né vaut pas un para. Voici mon chèque ; c’est un bout de papier
sur lequel Son Excellence lord Cromer a daigné écrire un mot de sa
noble main, ordonnant au ministre de me payer quarante mille guinées,
c’est-à-dire quatre millions de vos piastres égyptiennes qui font cent
soixante millions de paras fellahs.
Le Fellah : Vous demandez cent soixante millions de gouttes de sang
égyptien, car chaque para qui se verse dans ce trésor est une goutte de
notre sang. Ah! vous ne trouverez pas cela; nous n’avons plus de
sang, vous l’avez tout sucé en douze ans d’oppression.
John Bull : Vous êtes spirituel, les fellahs sont généralement
bêtes.
Le Fellah : Nous ne sommes pas aussi bêtes que vous le croyez.
Nous sommes plus instruits que vos paysans, nous savons lire et
écrire, et nous sommes plus vertueux que vous ; car nous ne buvons
que de l’eau et ne nous approprions pas le bien d’aütrui. Comprenez-
vous, mister John Bull?
John Bull (colère) : Je ne suis pas venu ici pour bavarder avec vous,
mais pour encaisser mon chèqùe de quarante mille livres.
Le Fellah: Si vous me dites pourquoi reclamez-vous cette somme,
je tâcherai de vous être utile.
John Bull (à part): Soyons aimable. Ce diable de fellah m’amuse.
(Au fellah) L’Angleterre (i) réclame une somme de quarante mille livres
sterling pour les frais résultant de l’augmentation du corps d’armée
d’occupation depuis janvier dernier.
Le Fellah : J’ai entendu parler de cette injuste réclamat’on, et je sais
que Son Excellence n’accepte pas cette surcharge au budget; je vous répète
scs propres paroles. Notre ministre, que Dieu conserve à nos finances,
a dit qu’l? /fera tout son possible pour repousser cette prétention de l’An-
gleterre.
John Bull ( avec arrogance) : Mais nous l’obligeroris à l’accepter.
Le Fellah: Par la force brutale, peut-être; mais non pas par la
raison. Notre gouvernement n’est pas responsable de la bêtise que le
vôtre a faite à l’instigation de lord Groomer.
John Bull : De quelle bêtise parlez-vous?
Le Fellah : De celle que l’Angleterre a faite en envoyant des renforts
ici sans aucune utilité.
John Bull : Ces renforts sont venus pour rétablir l’ordre dans votre
pays. ■ •
Le Fellah : Mais l’ordre n’a pas été un seul instant troublé. Voyons,
Mister Bull, vous ne dites pas ce que vous pensez. Je sais, moi,
pourquoi votre gouvernement a agi aipsi.
John Bull (avec dépit) : Si vous le-savez, veuillez nous le dire.
(i) Nous reproduisons cette phrase d’après un télégramme du Caire, en date du 5 de
.. ce mois, publié dans les journaux.