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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1896

DOI issue:
Issue 2 (01.02.1896)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.56669#0008
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Vingtième Année
FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANÜA ABOO NADDARA
6, Rue Geoffroy-Marie, PARIS

gmtml d’gjtoit |ladd;ira
Toute communication et demande d’abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal

N° %. 1 Février 1896

ABONNEMENTS :
Édition de Luxe avec sup-
pléments et primes, i an. 26' »
Abonnement simple, i an. 10 »

LETTRE DE TURQUIE
Constantinople, a3 janvier 1896.
Depuis que les Anglais sont absorbés par leurs différends avec les
Etats-Unis et avec le Transwaal, ils ont fait trêve à leurs intrigues en
Turquie; aussi voit-on l’agitation arménienne se calmer comme par
enchantement. De toutes parts, les notables Arméniens envoient à
Sa Majesté des adresses de fidélité et de gratitude, en protestant avec
énergie contre les actes coupables de leurs correligionnaires qui se sont
laissé égarer par les émissaires du Comité anglo-arménieh de Londres ;
ces pétitions se multiplient avec une éloquente spontanéité, et chaque
jour il en arrive de nouvelles à la Sublime-Porte.
Un autre fait contribue aussi à apaiser les esprits, la flotte anglaise
quitte Salonique pour se rendre, dit-on, à Malte; ainsi disparaît le
dernier espoir des séditieux qui essayaient d’êntretonir l’effervescence
eh se basant sur la présence des vaisseaux britanniques. Ce départ
exerce notamment la plus salutaire influence sur la question macédo-
nienne et déjà on voit que les Comités bulgares déclarent qu’il n’y a pas
lieu de continuer la lutte, mais qu’il est préférable de recourir à des voies
pacifiques.

A mesure que l’influence néfaste de l’Angleterre s’éloigne, on voit
s’affermir ici le prestige de la Russie. Il n’est pas malaise de voir que
S. M. I. le Sultan révèle son désir bien caractérisé de se ràpprocher plus
étroitement des gouvernements de Saint-Pétersbourg et de Paris, et la
nomination de Munir Bey comme ambassadeur est considérée ici comme
une avance de l’Empereur des Ottomans à l’adresse de la France.
On n’ignore pas, en effet, les profondes sympathies que S. E. Munir Bey
a su se concilier dans notre monde politique, et on connaît ses relations
d’amitié avec M. de Montebello et M. Cambon. En envoyant à Paris le
jeune et brillant diplomate, S. M. I. le Sultan a donc semblé dire qu’il
entendait être représenté par la personne qu’il jugeait devoir être la plus
agréable à la France, et la mieux qualifiée pour cimenter l’entente entre
les deux gouvernements. Telle est, d’ailleurs, la signification des discours
qui ont été échangés entre le Président de la République Française et le
représentant du Sultan, le jour de la présentation des lettres de créance ;
on a beaucoup remarqué les termes particulièrement aimables que
M. Félix Faure a employés en parlant au nouvel ambassadeur. Il y a là
autre chose que les banalités, d’usage.
Hadji el H’sgèn,

Les Musulmans du monde entier et les Ottomans de toutes les races célébrant l’heureux annioersalre de la naissance du




Calife de l'Islam S. M. L le Sultan Ghazi Abd-ul-Hamid Khan //.

rtJkG-E DE JOTÏ2ST BULL


John Bull (étonné) : Qu’est-ce que tout ce tapage! Pourquoi ces
acclamations et ces cris d’allégresse, alors que j’ai si peu de motifs
d’être gai?
Cris au loin : Vive le Khalife ! Vive notre glorieux souverain et
bienfaiteur !
John Bull : Que disent-ils? Je n’ose en croire mes oreilles.
. Les mêmes : Vive-le Sultan Ghazi Abd-ul-Hamid, qui a su déjouer
les intrigues de l’Angleterre !
John BuH : C’est vraiment trop fort !
Les mêmes : Vive le Padischah qui a sauvé une fois de plus l’Em-
pire ottoman et qui, au milieu de périls menaçants, a su maintenir
haut et ferme l’étendard du Croissant !
John Bull (furieux) : C’est pourtant vrai ! Mais je ne peux pas
souffrir qu’on crie ces choses-là devant moi. J’enrage...
Les Egyptiens : Vive notre magnanime souverain, celui dont
nous attendons notre délivrance.,.
John Bull (exaspéré') : Taisez-vôs, ou je vous écrase tous, comme
j’ai déjà anéanti l’Empire ottoman.
Le Français (â John Bull) : Toujours vantard et blagueur. Tu as
si peu anéanti rEmpire ottoman que le Sultan est toujours sur le
trône de ses ancêtres, acclamé par tous ses sujets sans distinction
de races ni de croyances, même par ceux qui ont un instant écouté
tes perfides conseils.
Le Russe : Et d’abord, John Bull, cesse tes rodomontades ; tu
sais que nous ne te permettrons pas de toucher à l’Empire ottoman
Le Gerant : G. Lefebvre

et que nous maintiendrons envers et contre tous le grand Sultan dont
nous nous honorons d’être les amis.
L’Allemand : Crois-moi, John Bull, tâche d’imposer silence à tes
journaux insolents qui cherchent à semer en Orient la discorde et
la guerre civile, au risque d’embraser l’Europe toute entière.
John Bull à l’Allemand : Comment, toi aussi, mon fils, tu m’a¬
bandonnes !
Le Russe : Oui, John Bull, nous avons tous trois l’œil sur toi et si
tu touches à la Turquie, nous te crierons ensemble le mot que tu
sais : Hands off!
Le Français : Ce qui veut dire : A bas les pattes !
L’Allemand : Rappelles vite les émissaires que tu as envoyés en
Anatolie pour soulever les populations, au risque de les exposer à de
légitimes répressions.
Le Russe : Modère le zèle de tes missionnaires qui, sous prétexte
de prêcher la Bible, enseignent aux enfants des idées insurrection-
nelles.
Le Français : Arrête les convois d’armes et de munitions que tu
expédies secrètement au Yémen.
John Bull : Moi, peut-on dire? Je n’y suis pour rien...
L’Allemand : Nous savons ton jeu ; tu fais toujours agir tes affi-
dés et toi tu te tiens à l’écart, afin de pouvoir dire que tu ignores
ce quîse passe.
Le Russe : C’est ce <rae tu as fait en Anatolie.
Le Français : Et en Macédoine...
Paris.'Imp. Lnnni, rie Clande-Vellefenx, 5 et 7.
 
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