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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1896

DOI issue:
Issue 11/12 (25.11.1896)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.56669#0044
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Vingtième Année
FONDATEUR
Jirecteur et Rédacteur en Chef
J. SANÜA ABOD NADDARA
d, Rue Geoffroy - Marie, PARIS

gmmial tPglta Mddani

Toute communication et demande d’abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal
«a»

N0811 et 12. 25 Nov. 1896

ABONNEMENTS :
Édition de Luxe avec sup-
pléments et primes, i an. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 »

FRANCE ET ANGLETERRE
Nous prions nos lecteurs de lire attentivement les deux passages
extraits des récents discours de M. Hanotaux et de lord Salisbury.
Les paroles sages, justes et bienveillantes de l’éminent ministre de la
République française, sont bien à l’image de cette nation généreuse, et
, les termes hautains du ministre de la Reine dépeignent le superbe
égoïsme britannique.
M. Hanotaux dit, que la France, fidèle à ses traditions désire
"amélioration du sort des peuples de l’Orient, et en parlant des Etats
de notre auguste Souverain, il dit que la France n’oublie pas les liens
qui Punissent depuis si longtemps à l’Empire Ottoman et les raisons
qui lui font désirer le maintien de son intégrité.

Ce langage nous fait espérer que notre Egypte bien aimée sera bientôt
délivrée de ses envahisseurs. Les paroles de Lord Salisbury sont
l’antithèse absolu des précédentes. C’est une déclaration grave. « Nous
ne voyons dans le problème actuel de l’Orient, dit Sa Seigneurie, aucune
raison de modifier la politique que nous avons poursuivie jusqu’à pré-
sent, ou d'abandonner un pouce des territoires que nous avons maintenant.»
C’est un défi en règle que Milord jette aux grandes puissances.
Ces paroles témoignent de la résolution de l’Angleterre de violer ses
engagements et de garder l’Egypte quand même.
Peut-on nous blâmer après cela de ne pas chanter les louanges
du gouvernement britannique et de témoigner notre reconnaissance au
gouvernement français. Abou Naddara.


UN SERMENT NE COUTE

GUÈRE A JOHN BULL

L’Ottoman : John Bull, quoique je ne fasse pas grand fond sur ta
sincérité, je viens te rappeler que tu t’es engagé solennellement à
évacuer l’Egypte : Quand te décideras-tu à déloger?
Le Français (ironique) : A Pâques ou à la Trinité... comme feu
Malborough...
John Bull : Je vous défends de vous moquer de mon grand général !
Le Français : Ou comme Tartarin de Tarascon, qui ne partait
jamais !
John Bull : D’abord je ne puis quitter l’Egypte, tant que je n’aurai
pas achevé de reconquérir le Soudan.
Le Français : Mais tout le monde sait que cette guerre contre les
Mahdistes n’est qu’une mauvaise plaisanterie, un prétexte hypocrite
pour te maintenir en Egypte, malgré tes serments.
John Bull: Pure calomnie ! notre glorieux Sirdar sauve la vallée du
Nil d’une invasion de derviches.
Le Français : Parlons-en ! ton général n’a fait que tirailler sur les
innocents, sur les femmes et les enfants des derviches qui se retirent,
ne voulant pas combattre la dynamite britannique.
John Bull : C’est en vain que tu essaies de m’exaspérer : notre parti
st pris ; nous ne céderons pas un pouce des territoires que nous
vcupons.
Le Russe : Prends garde, John Bull ; tu abuses de notre patience ;
nous pourrions bien nous fâcher ; tu penses que mon frère le français
et moi n’avons rien à craindre de tes fanfaronades.
L’Allemand : Allons, John Bull, il faut être gentleman; tu as promis
d’évacuer l’Egypte ; tu dois partir.
L’Ottoman (au Français, au Russe et à V Allemand) : Mes chers amis,
vous perdez en vérité votre temps et votre peine à vouloir parlementer
avec cet effronté, qui, se croyant sûr de l’impunité, dans son magni-
fique isolement, ne tient aucun compte des justes remontrances de
l’Europe. Vous* avez vu quelles intrigues audacieuses il a fermentées
chez moi ; comme il s’est attaché à soulever des rébellions en Asie Mi-
neure, en Crète, en Syrie, en Arabie et jusqu’à Constantinople même.
Son but, il l’a avoué publiquement, est de mettre la Turquie à feu et à
Paris. Ibid. Lefebyrb. 5 et 7. rue Glaude-Vellefaux. Le Gerant ' G. LEFEBVRE

sang, de provoquer des conflits de manière à permettre à ses flottes de
jeter l’ancre dans le Bosphore...
Le Français : Comme elles ont fait à Alexandrie !
Le Russe : Comme elles ont bombardé Alexandrie !
L’Ottoman : D’installer le protectorat britannique à Constantinople...
L’Allemand : Comme il a été installé dans la Vallée du Nil !
L’Ottoman : Heureusement, notre Empire et notre bien-aimé Souve-
rain ont résisté à ces manœuvres perfides; malgré les rebellions,
malgré les attaques contre nos finances, notre gouvernement et notre
religion, la Turquie est toujours debout et elle entrevoit même main-
tenant le terme prochain de ses épreuves.
Le Français, le Russe et l’Allemand : Sois tranquille, brave Ot-
toman, nous ne t’abandonnerons pas ; nous veillerons sur toi et nous
ne permettrons pas à John Bull de réaliser ses desseins sinistres. S’il
Sersiste, nous soulèverons contre lui les 200 millions de Musulmans
’Asie et d’Afrique qui l’exècrent à cause de ses attaques infâmes
contre leur Khalife.
John Bull : Ni le? africains, ni les asiatiques n’oseront me toucher ;
car j’ai ma flotte, ma flotte immense et invincible.
Le Russe : Tu as reconnu toi-même que ta flotte ne pouvait aller
partout et que tu étais réduit à l’impuissance sur terre.
Apparaissent le caïman, le boa et le tigre : Pourquoi perdez-vous
votre temps à discuter avec ce pervers? Laissez-nous donc faire nous
africains et asiatiques et nous Faurons vite croqué.
John Bull : Aïe! aïe ! qui me délivrera de ces animaux féroces ?
Le Français : Il paraît que tu changes de ton,
John Bull : Venez à mon aide, chers amis ! je ferai tout ce que vous
voudrez ; je quitterai l’Egypte en 1897.
Le Russe : Tu le jures ?
John Bull : Je le jure.
L’Ottoman : Oh, un serment ne lui coûte guère : croyez-moi, chers
amis, il cherche encore à vous tromper, comme il a toujours trompé
tout le monde. Le plus sûr serait de laisser faire le caïman, le boa et
le tigre. A. N.
T. S. V. P.
 
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