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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1897

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Issue 2 (15.02.1897)
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https://doi.org/10.11588/diglit.56670#0008
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VlNGT-ET-UNIEME ANNEE
FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANÜA ABOÜ NADDARA
6, Rue Geoffroy - Marie, PARIS

le dmirndd’gUnm Hntftta
Toute communication et demande d’abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal

W 15 Février

ABONNEMENTS :
Avec la revue Atlawadod
et suppléments.... i an. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 «

Lord Cromer ; Pachas, nous avons obtenu pour vous un emprunt d’un million de livres sterling pour en donner la moitié à la Caisse de la
Dette et pour employer l’autre moitié à reconquérir le Soudan. Si vous le refusez, vos successeurs l’accepteront. Vous me comprenez n’est-ce pas ?
Le Fellah : Mais moi, je ne comprends pas et je m'y oppose; j'ai assez de dettes comme ça; d’ailleurs je ne veux pas payer les frais d'une guerre fratricide.
Mon Sultan, mon Khédive et leurs amis le Français et le Russe protestent contre cet emprunt. Ils ont raison.

LES ÉGYPTIENS ET LA FRANCE
A propos de l’Exposition de 1900. — Sentiments sympathiques.
Cette interview de la Patrie du 2 janvier, a été reproduite dans
les principaux journaux politiques de Paris et des départements.
Nous nous sommes rendu chez le cheikh Abou Naddara pour
demander son opinion sur le refus du gouvernement égyptien de parti-
ciper à notre Exposition de 1900 :
— Vous avez de la chance, nous dit notre confrère, car mon courrier
d’Egypte de ce matin m’apporte une lettre sur ce sujet. Je vous fais
grâce des titres pompeux dont mon correspondant me gratifie et des
compliments qu’il me prodigue, je ne vous traduirai que les passages
qui intéressent vos lecteurs ; les voici textuels :
« L’arrêt de la Cour d’appel d’Alexandrie dans l’affaire de la Caisse
de la Dette et le demi-million de livres égyptiennes (i3 millions de
francs) que nos envahisseurs ont été obligés à verser, les exaspèrent
contre nos amis les Français : ils ne savent comment se venger de cette
éclatante victoire que le vaillant délégué de la Puissance amie ( la
France) a remportée sur eux. Lord Cromer est furieux; mais, louange à
Allah! le ministre Cogordan lui tient valeureusement tête.
« Il est vrai que cet habile diplomate est seul à lutter contre cette
horde de loups affamés que la Grande-Bretagne envoie pour désoler la
vallée du Nil. Mais Cogordan est un lion dont le rugissement fait
trembler ces bêtes fauves. C’est pourquoi ils commencent à dissimuler
leur rage et à mettre en œuvre leurs basses intrigues et noires machi-
nations pour satisfaire leur inique vengeance.
« Lord Cromer et les hauts fonctionnaires anglais, qui s’enrichissent
‘de nos dépouilles, ont employé les corruptions dorées, les ruses britan-
niques et les menaces infâmes pour empêcher notre gouvernement de
participer officiellement à la grande Exposition prochaine de nos braves

amis les Français ; ils ont réussi à nous contraindre à commettre cette
honte; mais s’ils croient pour cela faire du tort à la France, ils se
trompent fort; car nous nous rendrons plus nombreux que jamais à
cette magnifique fête du commerce, de l’industrie et des arts du monde
entier, et cela pour réjouir nos amis et vexer nos adversaires.
« Que le gouvernement de la République daigne préparer pour la
section égyptienne, non pas une rue du Caire, mais un grand boulevard
de Paris.
« Un Comité va se former auquel des publicistes francophiles
prendront part., et on encouragera le public, commercial et industriel
surtout, à prendre part à l’Exposition française.
« On ira donc en masse pour contribuer à l’éclat et à la réussite de
cette incomparable Exposition, qui inaugurera si triomphalement le
vingtième siècle chrétien. Nous verrons ces Français magnanimes et
généreux dont tu es l’hôte ; nous leur exprimerons notre reconnaissance
pour les sociétés qu’ils ont formées pour la défense de nos intérêts et
pour la propagation de leur langue qui nous est chère et que les Anglais
veulent déraciner pour implanter la leur.
« Mais ils ne réussiront pas, car notre amour pour la France est aussi
grand que notre haine pour l’Angleterre. Nous attendons ton journal
et ta revue, ô Abou Naddara, et nous espérons y voir des articles
nous décrivant les préparatifs grandioses de l’admirable Exposition
de 1900; cela augmentera le désir de nos compatriotes de s’y rendre.
« Notre vive sympathie pour les Français est légitime.
« Ne sont-ils pas les amis sincères de notre Auguste Souverain et de
notre Khédive bien-aimé? Ils travaillent à la délivrance de l’Egypte.
Que Dieu couronne leurs efforts d’heureux succès ! »
Hamed-el-G. ..Y.
Nous avons pris congé de notre aimable confrère nilotique en le
remerciant de la communication de cette lettre qui, nous en sommes
sûr, touchera les cœurs français. La Patrie.


L’EMPRUNT TRÈS FORCÉ
Notre dessin pouvait se passer de commentaire, comme l’événement
auquel il fait allusion, et pourtant il représente un des plus gros inci-
dents de l’histoire de l’Egypte contemporaine, un incident qui, pour nous
autres Egyptiens, réveille nos espérances et nous montre que tout n’est
pas encore perdu !
L’Angleterre, qui tient absolument à reconquérir le Soudan et à affer-
mir ainsi sa domination dans la vallée du Nil, veut naturellement
obliger les Egyptiens à payer les frais de la guerre. C’est toujours le
même système : l’Angleterre veut entreprendre une campagne
contre les Soudanais, elle envoie se battre nos malheureux soldats ; et
lorsqu’il s’agit de faire face aux dépenses de la guerre, elle nous con-
traint à payer ! « L’or et le sang des Egyptiens pour la gloire
ET LA PROSPÉRITÉ DE L’ANGLETERRE. »
Mais comme cette combinaison viole la loi de liquidation et les décrets
de 1876, i885 et 1887, la France et la Russie ont formulé une protesta-
tion énergique. Cette attitude des deux grandes nations alliées comble
de joie le cœur des patriotes égyptiens, mais elle exaspère les agents
britanniques, qui renouvellent leur système d’intimidation à outrance
sur le cabinet égyptien, pour le forcer à passer outre et à ne tenir aucun
compte de l’opposition catégorique de la France et de la Russie.
La fureur des Anglais est telle que, sortant des bornes de leur pru-
dence ordinaire, ils n’ont* pas craint de faire entendre à la Chambre des
Communes un langage vraiment provocant pour la France et de profé-
rer des paroles que sir Ch. Dilke a qualifiées de paroles de défi et de
menace,,.
Nous verrons quelle ligne de défense adopteront les deux gouverne-
ments ainsi provoqués ; mais nous espérons qu’ils ne craindront pas
d’être fermes et énergiques ; les Anglais ne soutiendront pas ce ton dès
qu’ils en comprendront les périls ; suivant leur usage, ils battront en
retraite quand ils verront qu’on leur tient tête, et en gens pratiques, se
résigneront aux concessions nécessaires pour réparer les rodomon-
tades de leur Chancelier de l’Echiquier.
Paris. Imp. Lefebvre, 5 et 7, rue Claude-Vellefaux. Le Gerant : G. Lefebvre.

LA PESTE ET LA FAMINE AUX INDES
Tandis que l’Angleterre se répand en lamentations hypocrites sur
les infortunés de certaines populations ottomanes et essaie d’exciter la
sensibilité de l’Europe contre la Turquie, il se passe dans les Indes an-
glaises des événements épouvantables et qu’aucune plume ne saurait
décrire.
Par suite de l’administration égoïste et rapace des conquérants bri-
tanniques, les malheureux Indous meurent par milliers de la famine
et de la peste. Le désastre est tel que l’Europe tout entière pousse
des cris d’indignation et d’épouvante; car la peste menace de nous
envahir, étant donnée surtout la mauvaise volonté des Anglais, qui
s’inquiètent fort peu de contaminer tous les Etats civilisés, pourvu
qu’ils sauvegardent leurs intérêts commerciaux.
Cette fois, le goût du lucre a emporté trop loin les marchands de la
Cité, et l’Europe s’est liguée pour organiser des mesures de préservation
et fermer ses ports aux navires anglais venant des Indes.
On parle même d’une décision d’après laquelle les grandes puissances
coalisées déclareraient le blocus du canal de Suez, et en feraient défen-
dre l’entrée par leurs escadres. Ce serait une occasion pour prouver
aux Anglais qu’ils ne sont pas encore les maîtres du canal de Suez et
qu’ils auraient tort de vouloir confisquer une voie de communication
construite dans un but absolument international.
Est-ce que l’heure des représailles aurait sonné pour la vieille Albion?
LE BANQUET DES ANCIENS MILITAIRES D AFRIQUE
Très imposant le banquet de la Société des Anciens militaires de
l’armée d’Afrique, et très applaudis les discours qu’ont prononcés le
général Henrion Bertier, qui le présidait, M. Brunet, président de la
Société, M. Vivien, président du Syndicat de la Presse coloniale,
M. Josset et le cheikh Abou Naddara, qui a parlé de l’avenir brillant
de l’Afrique française. Un concert magnifique et un bal splendide ont
suivi ces agapes fraternelles.
Nos sincères félicitations à cette Société respectable et nos vœux pour
sa prospérité.
T. S. V. P.
 
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