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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1897

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Issue 11/12 (22.11.1897)
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https://doi.org/10.11588/diglit.56670#0044
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VlNGT-ET-UNlÈME ANNEE

FONDATEUR
recteur et Rédacteur en Chef
J. SANUA ABOÜ NADDARA

Ajournai tFgUou SJaàlara

Rue Geoffroy ■ Marie, PARIS

Toute communication et demande d’abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal

Nos~ll et 12 22 Novembre 1897

ABONNEMENTS 5
Avec la revue Atlawadod
et suppléments.... i an. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 »


POUR UNE JARRE D’EAU
Oui ; pour une jarre d’eau, nos rouges despotes ont condamné aux
travaux forcés cinq innocents villageois. Telle est la justice qu’admi-
nistrent en Egypte les dignes représentants de Sa Gracieuse Majesté
anglo-indienne la vénérable reine Victoria.
Quel crime ont-ils commis ?
Ils n’ont pas empêché quelques gamins de lancer des pierres contre
des cavaliers anglais qui battaient une pauvre paysanne, après avoir
bu l’eau de sa jarre, pour éteindre le feu que le brandy et le whisky
avaient allumé dans leurs gosiers.
Pourquoi les valeureux guerriers britanniques battaient-ils cette
femme ?
Parce qu’elle repoussait leurs caresses obscènes.
Autour de cet incident, les journaux de Londres firent grand bruit et
s’évertuèrent à le transformer en une attaque à main armée contre les
troupes anglaises; ils ont naturellement applaudi aux poursuites diri-
gées contre les délinquants qui furent traduits comme des criminels
devant le tribunal d’exception, juridiction odieuse créée exclusivement
au profit des soldats ou marins anglais.
Notre illustration ci-dessus représente ce tribunal où la justice et
l’équité sont de vains mots. Les assistants sont le président Sankeurson,
le commissaire de police Pochardley, l’officier Malborough, dont le nez
fut cassé par la fronde d’un enfant égyptien, la paysanne Fatma avec

sa jarre d’eau sur la tête et le vaillant défenseur Ismaïl Assem bey,
avocat des accusés, sur lesquels le chat à neuf queues est levé.
Notre grand confrère du Caire, Le Courrier d’Egypte, termine ainsi
l’article remarquable qu’il consacre à cette malheureuse séance :
« Malgré tout cependant, et pour ne pas laisser croire qu’on l’avait
convoqué pour des prunes,le Tribunal a prononcé cinq condamnations:
deux à huit mois de travaux forcés au Soudan, et trois à six mois.
« Et majestueusement ledit Tribunal s’est retiré, emportant officielle-
ment à l’adresse de ceux qui l’ont institué la dernière partie de la
brillante plaidoirie de l’avocat défenseur, M. ïsmaïl Assem bey :
« Messieurs, vous êtes ici pour juger et j’ai la conviction que vous vous
mettrez au-dessus de considérations autres que la justice et l’équité. Depuis
quinze ans que l’étranger occupe notre pays, que nous le voyons passer
dans nos rues, nous n’avons pas eu la tentation de faire ce qu’on reproche
aujourd’hui à des gamins. Nous savons trop, hélas! que nous sommes
faibles et que les occupants sont puissants et si c’est là notre conviction,
elle ne peut être autre chez les prévenus qui, j’en suis sûr, ne savent même
pas faire de "distinction entre l’armée égyptienne et l’armée d’occupation.»
et La population doit avoir une fîère idée de ces protecteurs qui, pour
arrêter cinq gamins en rupture d’atelier, coupables d’avoir lancé
quelques cailloux, ont mobilisé deux compagnies d’infanterie, un déta-
chement de cavalerie et deux canons contre un village gardé jusque-là
par deux agents de police.
« Ne vous semble-t-il pas qu’il y manque la musique d’Offenbach ? »

TROIS DISCOURS EN UN SEUL JOUR
C’est à Sceaux, le 3i octobre, que le Cheikh Abou Naddara a fait ce
tour de force oratoire que nos aimables confrères parisiens ont admiré.
A 2 heures de l’après-midi, le Cheikh saluait le drapeau français à la
mairie de Sceaux, au nom de ses frères d’Orient et chantait les louanges
de cet étendard glorieux qui porte la liberté à tous les peuples opprimés
du monde entier.
A 4 heures, à la salle des fêtes, devant 4,°°° personnes, il fît une
conférence sur les Français et les Anglais en Afrique et en Asie, où il
démontra les causes des vives sympathies des nations orientales pour
les premiers et leur aversion pour les derniers :
« John Bull pille nos champs fertiles ;
De nos labeurs il prend le fruit :
Le Français enrichit nos villes,
Nous civilise et nous instruit. »
A. 9 heures, Abou Naddara célébra la beauté, la grâce et]l’esprit des
femmes de France; il parla longuement de leurs vertus et de leurs
qualités supérieures.
« La Française, a-t-il dit en terminant son discours élogieux, n’est
pas seulement belle, gracieuse, spirituelle, vertueuse et intelligente ;
elle est aussi patriote. On l’a vue en 1870 conduire son fils unique à
l’armée, en lui disant :
« Je ne suis que ta nourrice ; ta mère est la France ; c’estjpour elle que
je t’ai élevé. Cours à son appel et sauve-la des mains immondes de
l’étranger. Si tu meurs en la défendant, ton nom sera inscrit en lettres
d’or dans le livre des héros immortels de la patrie. Je lève donc mon
verre à la Française, que le monde civilisé aime, estime et admire ».
Inutile de dire que les i5o convives l’ont applaudi et acclamé, surtout
les charmantes dames et ravissantes demoiselles qui l’ont inspiré. Le
Cheikh Abou Naddara a donc fait en sept heures trois discours sur des
sujets différents; cela fit dire au poète Jasset : « Naddara n’est pas
Abou d’inspiration ».
Qu’on nous permette de reproduire ici quelques passages d’une très
aimable lettre de compliments sur ses discours que le vénérable maire
de Sceaux, M. Charaire, Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de
l’instruction publique, lui écrivit le lendemain de cette mémorable
journée :
Je vois, dans vos discours votre ardent patriotisme pour votre chère
Egypte et votre très sincère affection pour la France qui est heureuse de
vous offrir une cordiale et sympathique hospitalité, jusqu’au jour où grâce
A vous et à vos persévérantes revendications, votre pays sera libre et vous
pourrez alors y rentrer aux acclamations de vos compatriotes reconnaissants.
Veuillez agréer, Monsieur, la nouvelle assurance de mes sentiments les
dus affectueux et les plus dévoués. Charaire,
Maire de Sceaux,

Nos chers frères d’Egypte, les patriotes nilotiques ,vont être fiers des
vives sympathies que leur vénérable Cheikh inspire aux fils magna-
nimes et généreux de la France, dont il est l’hôte dévoué et recon-
naissant. Habib Mouled.

Les Vétérans des armées de terre et de mer, 1870-71
Cette Société patriotique, qui compte aujourd’hui 17,000 membres,
donnait le 7 novembre une belle fête dans le grand hall de M. Janiaud,
président de sa IXe section. C’était à l’occasion de la remise de son
drapeau à cette section.
Cette solennité, à laquelle assistaient près de 3,000 personnes, était
présidée par M. le général Martinie, assisté de M. Moron, représentant
le Ministre du commerce, de M. le capitaine G. Levecq, président
général des Vétérans, autour duquel s’étaient groupés le Conseil
général de la Société et des délégations de toutes les sections de Paris
et de la banlieue avec leurs drapeaux ; de MM. Marcel Habert, député,
du capitaine Fabert, officier d’ordonnance du général Jeanningros, du
capitaine Prat, du président Janiaud et du Cheikh Abou Naddara.
Sur l’estrade d’honneur, on remarquait en outre des membres du
Parlement et de la municipalité du IXe arrondissement.
Les éloquents discours du général Martinie et de MM. Moron, Levecq,
Marcel Habert, Janiaud, Jasset et d’autres éminents orateurs ont ins-
piré au Cheikh des accents patriotiques en faveur de l’Alsace-Lorraine
et de l’Egypte, qui ont vivement touché les auditeurs et son cri de :
« Vive la France ! Vive l'Egypte ! » par lequel il termina son allocution,
trouva écho parmi les assistants qui l’ont chaleureusement applaudi.
Plusieurs d’entre eux avaient assisté à ses trois discours de la semaine
précédente. Hadj Mansour.
Société Littéraire, Archéologique et Scientifique de France
Voici la lettre que M. Crépaux-Delmaire, président de cette Société,
adresse au Cheikh Abou Naddara, le i5 octobre 1897 :
Vénérable Cheikh,
Le Président et le Comité administratif de la Société Littéraire, Archéo-
logique et Scientifique de France osent vous prier de daigner leur faire le
très grand honneur d’accepter la vice-présidence d’honneur de cette Société.
C’est surtout au littérateur, au philantrope qu’ils adressent leur humble
requête, espérant qu’il ne voudra point refuser d’encourager une Société qui
a pour but de grouper sous un même drapeau, les écrivains et les savants
français.
Daignez agréer, M. le Cheikh, la vive expression de leurs sentiments
profondément dévoués et respectueux. Le Président,
Crépaux-Delmaire.

aris. ImD. Lefebvre, 5 et 7, rue Claude-Vellefauïà

Le Gérant : G. Lefebvre,

T. S. V. P,
 
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