VlNGT-ET-UNIÈME ANNÉE
FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANDA ABOU NADDARA
6, Rue Geoffroy-Marie, PARIS
Toute communication et demande d’abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal
NM. 25 Avril 1897
ABONNEMENTS !
Avec la revue Attawadod
et suppléments.... i an. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 »
LA PÊCHE DÉFENDUE
John Bull : Cela marche-t-il, la pêche?
Albion : Trouble l’eau et ça marchera.
John Bull : Oh, yes! c’est là notre pêche fa-
vorite, maman : la pêche en eau trouble.
Albion: Pousse vers moi ce superbe espadon.
John Bull : C’est la Crète. Ah! c’est difficile,
car les grandes Puissances ont l’œil dessus.
Albion : Cela n’y fait rien; fauiiles-toi entre
elles : tu es bon nageur et tu sais agir alors, toi,
tandis qu’elles perdent leur temps en conversa-
tions internationales.
Le Fellah {surpris) : Qui vois-je là?
L’Indien : Cette vieille dame assise sur la
rive, la ligne en main, c’est Albion, et ce gros
gentleman qui se démène dans l’eau afin de ra-
mener les poissons du côté de sa complice, c’est
John Bull; ils sont tous deux nos ennemis irré-
conciliables ; ils empestent mon pays et ravagent
le tien.
Le Fellah : Qu’ils soient maudits ! Méditent-
ils encore un mauvais coup ?
L’Indien : Oui, pour mettre la main sur la
Crète, comme ils ont déjà pris l’Egypte, Chypre,
Malte, Gibraltar ; demain ce sera le tour de la
Syrie, de Metelin, de Salonique, de Tanger; car
ils veulent que la Méditerranée devienne un lac
anglais et, peu à peu, ils s’empareront de toutes
les îles depuis le détroit de Gibraltar jusqu’au
canal de Suez.
Le Fellah : Mais c’est impossible ! Attends,
je m’en vais lui faire boire un coup.
L’Indien : C’est ça. Monte sur ses épaules,
et fait lui boire dix coups au lieu d’un.
Le Fellah (à John Bull) : Ah! tu aimes l’eau
salée. Eh bien! bois-en et bois-en encore, et
puisses-tu en crever.
John Bull : Lâche-moi, gredin, ou j’appelle
ma flotte qui est à Malte.
Le Fellah : Oui; mais avant qu’elle ne soit ici,
tu auras fait le plongeon.
Albion : Attention, John Bull! ça mord, ça
mord ! Un peu de courage.
Le Fellah : Qu’est-ce qui mord?
Albion : La Crète, parbleu! Encore un ins-
tant, et elle est dans le sac.
Le Fellah {secouant John Bull) : Nous allons
bien voir ; tu ne la tiens pas encore.
Albion : Goddem ! Grâce au Fellah, la Crète
a avalé l’hameçon et cassé la ligne.
L’Indien : Bravo, Fellah! Grâce à ta vigilance,
cette nouvelle iniquité n’a pu se commettre.
Mais ouvrons l’œil, car Albion a plus d’un tour
dans son sac et elle ne lâche pas facilement
prise.
Le Fellah : J’en sais quelque chose, hélas !
Veillons donc nuit et jour, cher Indien! et si
nous voyons revenir les maraudeurs, crions bien
fort : « Pêche défendue! » A. N.
c’est-à-dire dans l’espace de 18 heures
il a pris quatre fois la parole en public.
Il a, dans une brillante soirée artis-
tique et littéraire de la haute société,
célébré en prose et en vers la femme
française dont il a glorifié les hautes
vertus et les qualités supérieures.
Le Cheikh est aujourd’hui aussi ga-
lant qu’un Parisien. Le lendemain ma-
tin à 10 heures, à la mairie de Créteil,
il a parlé longuement de la France et
des Français et a dit que la France
est la chère patrie de la liberté, le
siège vénéré de l’égalité et le paisible
foyer de la fraternité, et que les Fran-
çais sont les vaillants apôtres de la
civilisation, les défenseurs intrépides
des opprimés et les sincères amis de
l’humanité. A midi, au banquet de cent
couverts de la Société des Sauveteurs
de la Marne qui inaugurait un nou-
veau poste de secours, Abou Naddara
a parlé de l’inépuisable charité du
Nous ne pouvons mieux enca-
drer ce portrait du Cheikh Abou
Naddara, tant réclamé, que par
ïarticle suivant paru au Courrier
de France le 3 avril:
PLUS VIVANT QUE JAMAIS
Telle a été notre réponse télégra-
phique à notre correspondant d’Ale-
xandrie qui nous demandait, le
25 mars, par dépêche, de quelle mort
est décédé notre brave confrère égyp-
tien, le cheikh Abou Naddara.
C’est la nouvelle de la mort du
cheikh Djemaleddin, l’Afghan, qui a
donné lieu à ce quiproquo.
« Le Cheikh est mort, disait une dé-
pêche de Constantinople à un ami de
Djemaleddin. » Et le public égyptien,
qui ne connaît de Cheikh militant à
l’étranger qu’Abou Naddara, a cru que
c’était notre confrère à Paris, qui avait
quitté cette vallée de pleurs où il lutte
depuis bientôt quarante ans. Voici
pourquoi notre correspondant d’Ale-
xandrie désirait savoir, pour rensei-
gner les patriotes nilotiques, si Abou
Naddara était mort d’une mort natu-
relle ou bien s’il était victime d’un
mauvais coup de ses rouges ennemis.
Notre réponse : « Plus vivant que ja-
mais « doit avoir rassuré les amis du
Cheikh et vexé les fils d’Albion qui
se réjouissaient d’être débarrassés
d’Abou Naddara qui, par la plume et
la parole, attire sur eux les malédic-
tions du Ciel et l'aversion des hom-
mes.
Oui, Abou Naddara est plus vivant
que jamais, et la preuve est que de-
puis le commencement de cette an-
née, il ne se passe pas une seule se-
maine sans que la presse parisienne enregistre un de ses discours. De
plus, pour montrer sa vitalité, à l’âge de cinquante-huit ans, il vient de
faire un véritable tour de force oratoire. Depuis samedi soir dernier,
27 mars, à 10 heures, jusqu’à dimanche, 28 mars à 4 heures du soir,
{Photographie Allévy, 10, rue de la Gaîté, Paris)
Inutile de dire que ces quatre
Un homme qui, en ville et , . * .
sujets différents, n’est pas près de mourir et nous avions raison de dire
qu’il est « plus vivant que jamais. > Le Courrier de France.
veau poste de secours, Abou Naddara
a parlé de l’inépuisable charité du
peuple français et a dit qu’aucune na-
tion au monde ne pratique mieux que
les fils magnanimes et généreux de la
France, cette vertu sublime qu’Allah
recommande à ses élus.
« La France, a-t-il dit, fait des lar-
gesses sans vanité, sans ostentation
et ses enfants répandent leurs bien-
faits subitement et sans qu’on les ait
sollicités. »
A quatre heures de l’après-midi de
J ce même jour, à la Société des Enfants
de Paris, au préau de l’Ecole commu-
nale de la rue Louis-Blanc, le Cheikh
a prononcé un discours patriotique
où il a prouvé que la France est la
puissance européenne la plus aimée
en Orient et cela à cause de la loyauté
et de la droiture de ses enfants qui tra-
vaillent pour régénérer les peuples
d’Orient et non pas pour les as-
servir.
grands discours ont eu un vrai succès,
hors Paris, traite en 18 heures quatre
Le Courrier de France.
Paris. Imp. Lefebvre, 5 et 7, rue Claude-Vellefaux. Le Gérant : G. LEFEBVRE.
T. S. V. P.
FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANDA ABOU NADDARA
6, Rue Geoffroy-Marie, PARIS
Toute communication et demande d’abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal
NM. 25 Avril 1897
ABONNEMENTS !
Avec la revue Attawadod
et suppléments.... i an. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 »
LA PÊCHE DÉFENDUE
John Bull : Cela marche-t-il, la pêche?
Albion : Trouble l’eau et ça marchera.
John Bull : Oh, yes! c’est là notre pêche fa-
vorite, maman : la pêche en eau trouble.
Albion: Pousse vers moi ce superbe espadon.
John Bull : C’est la Crète. Ah! c’est difficile,
car les grandes Puissances ont l’œil dessus.
Albion : Cela n’y fait rien; fauiiles-toi entre
elles : tu es bon nageur et tu sais agir alors, toi,
tandis qu’elles perdent leur temps en conversa-
tions internationales.
Le Fellah {surpris) : Qui vois-je là?
L’Indien : Cette vieille dame assise sur la
rive, la ligne en main, c’est Albion, et ce gros
gentleman qui se démène dans l’eau afin de ra-
mener les poissons du côté de sa complice, c’est
John Bull; ils sont tous deux nos ennemis irré-
conciliables ; ils empestent mon pays et ravagent
le tien.
Le Fellah : Qu’ils soient maudits ! Méditent-
ils encore un mauvais coup ?
L’Indien : Oui, pour mettre la main sur la
Crète, comme ils ont déjà pris l’Egypte, Chypre,
Malte, Gibraltar ; demain ce sera le tour de la
Syrie, de Metelin, de Salonique, de Tanger; car
ils veulent que la Méditerranée devienne un lac
anglais et, peu à peu, ils s’empareront de toutes
les îles depuis le détroit de Gibraltar jusqu’au
canal de Suez.
Le Fellah : Mais c’est impossible ! Attends,
je m’en vais lui faire boire un coup.
L’Indien : C’est ça. Monte sur ses épaules,
et fait lui boire dix coups au lieu d’un.
Le Fellah (à John Bull) : Ah! tu aimes l’eau
salée. Eh bien! bois-en et bois-en encore, et
puisses-tu en crever.
John Bull : Lâche-moi, gredin, ou j’appelle
ma flotte qui est à Malte.
Le Fellah : Oui; mais avant qu’elle ne soit ici,
tu auras fait le plongeon.
Albion : Attention, John Bull! ça mord, ça
mord ! Un peu de courage.
Le Fellah : Qu’est-ce qui mord?
Albion : La Crète, parbleu! Encore un ins-
tant, et elle est dans le sac.
Le Fellah {secouant John Bull) : Nous allons
bien voir ; tu ne la tiens pas encore.
Albion : Goddem ! Grâce au Fellah, la Crète
a avalé l’hameçon et cassé la ligne.
L’Indien : Bravo, Fellah! Grâce à ta vigilance,
cette nouvelle iniquité n’a pu se commettre.
Mais ouvrons l’œil, car Albion a plus d’un tour
dans son sac et elle ne lâche pas facilement
prise.
Le Fellah : J’en sais quelque chose, hélas !
Veillons donc nuit et jour, cher Indien! et si
nous voyons revenir les maraudeurs, crions bien
fort : « Pêche défendue! » A. N.
c’est-à-dire dans l’espace de 18 heures
il a pris quatre fois la parole en public.
Il a, dans une brillante soirée artis-
tique et littéraire de la haute société,
célébré en prose et en vers la femme
française dont il a glorifié les hautes
vertus et les qualités supérieures.
Le Cheikh est aujourd’hui aussi ga-
lant qu’un Parisien. Le lendemain ma-
tin à 10 heures, à la mairie de Créteil,
il a parlé longuement de la France et
des Français et a dit que la France
est la chère patrie de la liberté, le
siège vénéré de l’égalité et le paisible
foyer de la fraternité, et que les Fran-
çais sont les vaillants apôtres de la
civilisation, les défenseurs intrépides
des opprimés et les sincères amis de
l’humanité. A midi, au banquet de cent
couverts de la Société des Sauveteurs
de la Marne qui inaugurait un nou-
veau poste de secours, Abou Naddara
a parlé de l’inépuisable charité du
Nous ne pouvons mieux enca-
drer ce portrait du Cheikh Abou
Naddara, tant réclamé, que par
ïarticle suivant paru au Courrier
de France le 3 avril:
PLUS VIVANT QUE JAMAIS
Telle a été notre réponse télégra-
phique à notre correspondant d’Ale-
xandrie qui nous demandait, le
25 mars, par dépêche, de quelle mort
est décédé notre brave confrère égyp-
tien, le cheikh Abou Naddara.
C’est la nouvelle de la mort du
cheikh Djemaleddin, l’Afghan, qui a
donné lieu à ce quiproquo.
« Le Cheikh est mort, disait une dé-
pêche de Constantinople à un ami de
Djemaleddin. » Et le public égyptien,
qui ne connaît de Cheikh militant à
l’étranger qu’Abou Naddara, a cru que
c’était notre confrère à Paris, qui avait
quitté cette vallée de pleurs où il lutte
depuis bientôt quarante ans. Voici
pourquoi notre correspondant d’Ale-
xandrie désirait savoir, pour rensei-
gner les patriotes nilotiques, si Abou
Naddara était mort d’une mort natu-
relle ou bien s’il était victime d’un
mauvais coup de ses rouges ennemis.
Notre réponse : « Plus vivant que ja-
mais « doit avoir rassuré les amis du
Cheikh et vexé les fils d’Albion qui
se réjouissaient d’être débarrassés
d’Abou Naddara qui, par la plume et
la parole, attire sur eux les malédic-
tions du Ciel et l'aversion des hom-
mes.
Oui, Abou Naddara est plus vivant
que jamais, et la preuve est que de-
puis le commencement de cette an-
née, il ne se passe pas une seule se-
maine sans que la presse parisienne enregistre un de ses discours. De
plus, pour montrer sa vitalité, à l’âge de cinquante-huit ans, il vient de
faire un véritable tour de force oratoire. Depuis samedi soir dernier,
27 mars, à 10 heures, jusqu’à dimanche, 28 mars à 4 heures du soir,
{Photographie Allévy, 10, rue de la Gaîté, Paris)
Inutile de dire que ces quatre
Un homme qui, en ville et , . * .
sujets différents, n’est pas près de mourir et nous avions raison de dire
qu’il est « plus vivant que jamais. > Le Courrier de France.
veau poste de secours, Abou Naddara
a parlé de l’inépuisable charité du
peuple français et a dit qu’aucune na-
tion au monde ne pratique mieux que
les fils magnanimes et généreux de la
France, cette vertu sublime qu’Allah
recommande à ses élus.
« La France, a-t-il dit, fait des lar-
gesses sans vanité, sans ostentation
et ses enfants répandent leurs bien-
faits subitement et sans qu’on les ait
sollicités. »
A quatre heures de l’après-midi de
J ce même jour, à la Société des Enfants
de Paris, au préau de l’Ecole commu-
nale de la rue Louis-Blanc, le Cheikh
a prononcé un discours patriotique
où il a prouvé que la France est la
puissance européenne la plus aimée
en Orient et cela à cause de la loyauté
et de la droiture de ses enfants qui tra-
vaillent pour régénérer les peuples
d’Orient et non pas pour les as-
servir.
grands discours ont eu un vrai succès,
hors Paris, traite en 18 heures quatre
Le Courrier de France.
Paris. Imp. Lefebvre, 5 et 7, rue Claude-Vellefaux. Le Gérant : G. LEFEBVRE.
T. S. V. P.