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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1897

DOI issue:
Issue 6 (25.06.1897)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.56670#0024
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VlNGT-ET-UNIEME ANNÉE
FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANDA ABOU NADDARA
6, Rue Geoffroy-Marie, PARIS

le gxmriml fgJnm Maddara
Toute communication et demande d’abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal
,, .., v —,.

N® 6. 25 Juin 1897

ABONNEMENTS :
Avec la revue Attawadod
et suppléments.... lan. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 »

A S. M. I. LE SULTAN 6HAZY ABD-ÜL-HAMID KHAN II
Au nom du Tout-Puissant, Dieu des armées, qui rendit tes guerriers
/ forts et courageux, je te salue, ô Grand Abd-ul-Hamid, Auguste Khaliph
de l’Islam et Empereur magnanime des Ottomans.
Louange à Dieu, Maître de l’Univers, qui, sur les ailes de la pensée,
me fit arriver jusqu’aux pieds de ton trône de clémence et de justice.
Daigne agréer, ô bien-aimé Padischah, les félicitations sincères de tes
dévoués Egyptiens, dont tu es le Souverain national.
Les éclatantes victoires de tes armées impériales ont ouvert les cœurs
des enfants du Nil à l’espoir d’une prochaine délivrance.
Et maintenant, où me transportes-tu, ô mon ardente imagination?
Est-ce un rêve? Non. C’est une réalité. Je suis au cœur de Stamboul.
Je vois et j’admire; j’entends et je m’enchante.
Quel beau spectacle se présente à mes yeux éblouis !
Des arcs de triomphe, des guirlandes et des drapeaux suspendus dans
les rues du Siège vénéré du Khaliphat.
Le bruit réjouissant des trompettes, des tambours et des coursiers
qui, de toute part, arrive à mes oreilles, me ravit en extase.
La vue des armes brillantes, des étincelants uniformes et de tout
l’appareil du triomphe et de la gloire me transporte au septième ciel.
Ah! je vous reconnais, ô valeureux guerriers turcs!
Il y a une lune à peine et vous couriez intrépides à repousser l’ennemi
qui osait franchir vos frontières, et vous voilà revenus victorieux et
vainqueurs, après avoir porté la terreur et la mort dans les bataillons
de vos formidables adversaires.
Qui peut résister au choc des armées ottomanes ?
Vous avez vu vos assaillants se sauver devant vous comme les loups
se sauvent devant le lion redoutable.
Dans leur fuite précipitée, dans leur déroute complète, ils ont laissé
derrière eux armes et bagages, ne songeant qu’à éloigner leurs têtes
des coups tranchants de vos glaives meurtriers.
Que vous soyez bénis, ô héros de l’Islam! Vous avez été magnanimes
et généreux envers les prisonniers. Oui, et les habitants des villes,
où vous entriez en conquérants, ont trouvé en vous des défenseurs
contre leurs propres soldats, qui les maltraitaient et pillaient leurs
demeures avant de quitter les lieux dont vous les expulsiez.
Peuples ottomans, venez voir les sauveurs de votre Empire.
Quel noble maintien ! Quelle mine haute et fière ! Quelles glorieuses
cicatrices ! Admirez-les ! honorez-les !

Que la joie de la foule m'enivre et que son enthousiasme m’exalte !
Arrêtez-vous un moment, ô champions de la patrie, afin que je con-
temple vos yeux rayonnants de vaillance et de victoire et vos nobles
vis»ages où brille le courage indomptable.
Et maintenant, où allez-vous, ô guerriers magnanimes ?
C’est vers les mosquées sacrées que vous dirigez vos pas.
Vous allez offrir vos actions de grâces au Très-Haut pour la
hardiesse invincible qu’il vous a inspirée au jour du combat. Vous
allez vous engager par de nouveaux serments à rester fidèles à Son
digne Représentant sur la terre.
Chantez, ô poètes de l’Islam, chantez les louanges de ces héros
pieux qui ont vaincu en invoquant l’aide d’Allah et en mettant leur
confiance en Lui.
Fidèles Croyants, acclamez vos défenseurs et portez-les en triomphe,
en remerciant le Seigneur qui fait gagner des batailles.
Soleil, éclaire de tes plus resplendissants rayons ces vainqueurs
qui entrent dans la sainte maison de l’Eternel pour prier le Dieu des
armées d’accorder à leur Souverain bien-aimé un règne long et prospère.
Abou Naddara.
L’ATTENTAT CONTRE S. EX G. M. FÉLIX FAURE
Les félicitations sincères et cordiales que nous avons eu l’honneur
d’adresser à M. le Président de la République pour le danger auquel
Il a échappé, ont été l’objet de la bienveillante satisfaction de Son
Excellence.
Que Dieu conserve à la Puissance Amie son éminent Chef d’Etat et
à la République française son bien-aimé Président !
Tels sont les souhaits du cheikh Abou Naddara, l’ami dévoué de la
France et l’hôte reconnaissant de ses enfants magnanimes et gé-
néreux. A. N.
A L’AMBASSADE IMPÉRIALE OTTOMANE A PARIS
La première réception qu’a donnée, le 14 juin? Son Exc. Salih Munir
Bey, ambassadeur de S. M. I. le Sultan à Paris, a été très brillante.
Tous les ministres français et les ambassadeurs étrangers y as-
sistaient en grand uniforme.
Son Excellence, le sympathique ambassadeur, et la toute charmante
Mme Missak, femme de l’aimable conseiller, recevaient les invités
aT*ec une parfaite courtoisie et une grâce exquise.
Nous consacrerons à cette belle et splendide réception un article dans
notre revue Attawadod. A. N.


L'explication de ces trois dessins est dans notre lettre ouoerte à S. G. M. La Reine Victoria, Impératrice des Indes.

MAJESTÉ,
Permettez à un Egyptien qui a toujours loyalement et énergiquement
défendu les droits de son pays de joindre le faible témoignage de ses
félicitations à celle de 200 millions de vos sujets.
Assurément le règne de Votre Majesté a été fructueux et profitable
pour la Grande-Bretagne, et si bien des succès obtenus par votre
Gouvernement ont été achetés par des procédés répréhensibles au point
de vue de l’humanité, de la loyauté internationale et du droit des gens,
je dois reconnaître que les résultats ont été glorieux pour l’Empire
Britannique. L’Angleterre est aujourd’hui la reine des mers, la seule
nation qui sache se faire craindre et respecter sur tous les points du
globe. C’est une tâche dont Votre Majesté doit être fière, et vos soixante
années de règne occuperont soixante belles pages de l’histoire du
Royaume-Uni.
Comblée de gloire et d’années, Votre Majesté aurait encore mieux à
faire, ce serait de marquer cette grande date du Jubilé par un acte qui
ferait oublier toutes les iniquités et les perfidies commises par vos
ministres et sanctionnées par vos décrets : « Evacuer l’Egypte, que
depuis trois lustres, vos troupes occupent injustement ».
Et maintenant, daignez jeter un coup-d’œil sur les trois dessins
ci-dessus et vous verrez les résultats d’une politique trop égoïstement
anglaise. Dessin|No 1, : L’insuccès de la mission britannique auprès de
Ménélik. Ce glorieux et intelligent Empereur abyssin a refusé vos
traités de commerce en alléguant que l’Angleterre a violé tous les
traités précédents et que l’Abyssinie ne peut accepter un nouveau
traité que s’il est garanti par les grandes Puissances. Quant à favoriser
Paris*. lmp. Lefebvre, 5 et 7, rue Glaude-Vellefaux. Le Gerant : G. Lefebvre.

votre campagne du Soudan et vous aider à vaincre les Derwiches,
l’Empereur d’Ethiopie ne le ferait jamais. Pourtant, poli et courtois
comme il est, le grand Ménélik a remis à votre envoyé une lettre et
des présents pour Votre Majesté. Dessin N° 2: La défaite des troupes
anglaises de l’Inde, près de la frontière d’Afghanistan. Qu’allait-il faire
là-bas, votre colonel avec ses officiers et ses canons? Envahir le terri-
toire d’autrui. Il y est mort avec ses soldats.Que Dieu console les veuves
et les orphelins de ces martyrs de la convoitise britannique ! C’est ce
désastre que mon humble crayon a représenté. Je ne parlerai pas des
Indiens qui meurent de faim par milliers victimes de la rapacité et de la
dureté de vos administrateurs, ce sujet affligerait Votre Majesté, si
bonne et si charitable. Dessin N° 3 : L’échec de vos agents partis au
Darfour pour solliciter l’alliance de son Emir contre les Derwiches.
L’Emir a répondu qu’il était prêt, de même que le Madhi, à se soumettre
à S. A. le Khédive, à condition qu’il ne reste plus un Anglais en Egypte.
Voilà, Majesté, les vérités et les enseignements que ne doivent pas
vous faire oublier les pompes jubilaires de Londres; de même votre
pensée, au milieu de ces apothéoses, devra vous reporter vers ces
malheureux Arméniens, vers ces pauvres Grecs, que votre Gouverne-
ment a poussé à une guerre insensée, et qui gémissent sur leur crédu-
lité aujourd’hui.
Telles sont, Majesté, les paroles respectueuses et sincères qu’Abou
Naddara demande la permission de vous faire entendre au nom des
milliers de ses frères d’Egypte, dont il est l’interprète.
Retirez vos troupes de la vallée du Nil, ô Vénérable Reine, et votre
nom passera glorieux à la postérité. Abou Naddara.
T. S. V. P.
 
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