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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1909

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Issue 5 (08.1909)
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https://doi.org/10.11588/diglit.56685#0019
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cavaliers, artilleurs sont admirables. J’ai salué votre drapeau tricolore,
qui a parcouru triomphalement presque le monde entier.
L’Egyptien. — Et moi, j’ai fait des vœux ardents, que Dieu exaucera,
Çour le triomphe et la grandeur de la France, l’amie séculaire de la
urquie et j’ai récité à une jolie dame, que l’heureuse destinée avait
placée près de moi, l’ode à la France que le Cheikh Abou Naddara a
écrite à une des fêtes du 14 Juillet, la voici :

France ! vive ta République !
C’est le cri de l’Egyptien
A qui ton peuple est sympathique,
Sympathique autant que le sien.

Allah, bénis ce jour de fête
Qui brisa le joug des tyrans ;
Tout peuple qui lève la tête
Lui doit ses jours indépendants.

Vis prospère, ô France chérie !
Heureux ton peuple sous ta loi !
Quand pourrai-je voir ma patrie,
L’Egypte, aussi libre que toi !
Lo Français. — C’est une belle ode que nos grands journaux pari-
siens ont publiée en couvrant Abou Naddara de roses et de jasmins,
(à l’Ottoman} Mais que disent vos Députés de nous, je serais content
de l’entendre.
L’Ottoman. — Vous n’avez qu’à lire «Le Siècle », « Le Figaro
« Le Gaulois « Le Temps », le (( Gil Blas », tous les grands journaux
et vous verrez qu’ils ont chanté sur tous les tons vos justes louanges.
L’Egyptien. — Comme membre du Comité de l’Association Orien-
tale dont S. E. Naoum Pacha, l’Ambassadeur Impérial Ottoman, et
M. le Dr Loutfy Bey, Consul Général de Turquie, sont Président et
Vice-Président d’honneur, j’ai accompagné M. Rozanès, fondateur et
Président actif de notre association, dans tous les banquets et réunions
où la Députation parlementaire Ottomane était invitée et j’ai entendu
leurs beaux discours à la « Ligue Franco-Ottomane », aux « Amis de
l’Orient», àla« Turquie Nouvelle»; bref, jel’ai suivie partout et partout
la Députation a été hautement acclamée. Cette visite a scélé l’accord
Franco-Ottoman qui nous obtiendra la Constitution égyptienne.
Vivent la France et la Turquie! Vivent le Sultan et le Président de la
République. Abou Naddara.

LES DÉPUTÉS TURCS A PARIS
Sous ce titre notre grand confrère « Le Temps » leur consacre un
long article de bienvenue, dont nous reproduisons les passages suivants:
« Parmi les députés qui deviennent ainsi nos hôtes, il en est
quelques-uns qui, si brève que soit encore leur carrière parlementaire,
sont cependant déjà connus est estimés de tous. Talaat bey, vice-
président de la Chambre, a été. il y a bientôt quatre ans, le promoteur
à Salonique du mouvement antihamidien. Il s’est fait remarquer par la
lucidité et l'autorité avec laquelle il préside. Tous ceux qui l’ont vu à
l’œuvre estiment qu’il est plus que personne capable d’augmenter le
rendement de la machine parlementaire. Ismaïl Hakki bey, député de
Bagdad, est, lui aussi, un homme de grande valeur. Il appartient à la
grande famille kurde Baban-Zadé. Il est rédacteur au Tanine, où il traite
spécialement les questions de politique extérieure. Son père, Moustafa
Zahir pacha, est vali d’Adana. Ismaïl Hakki exerce, tant au comité qu’à
la Chambre, une influence prépondérante. Suléiman Boustani effendi,
qui représente Beyrouth au Parlement, est un érudit réputé, un voyageur
informé. Il a visité l’Arabie, l’Inde, l’Amérique, et traduit VIliâde en
arabe. EÜuzia Tevfik bey, propriétaire de deux journaux, le Courrier
d'Orient et le Yèni Tsouir Ifkar ; Ahmed pacha Zouher, ancien élève de
l’école navale anglaise; le docteur Riza Tevfik, surnommé «le Philo-
sophe», et dont on sait le rôle actif au lendemain des évènements de
juillet 1908; Ubéid Oullah effendi, qui a publié à Paris la Revue de
l'islam, sont parmi les plus marquants des membres de la délégation. »
Nos honorables Députés ottomans sont dignes de cet éloge du grand
journal politique de la France et nous remercions cet éminent confrère
au nom de nos compatriotes.

Les Egyptiens et la fête nationale
Le Chououn engage les Ottomans à préparer une brillante réception
à la délégation égyptienne, attendue à Constantinople.
Cette délégation est composée de cinquante personnes, appartenant
à la presse et au monde scientifique et littéraire. Elle vient à bord d’un
bateau spécial pour assister aux fêtes du io/a3 juillet.

LE NOUVEL HYMNE NATIONAL DE TURQUIE
Nous reproduisons ce gracieux article de notre confrère diploma-
tique « Le Moniteur des Consulats » en remerciant son aimable direc-
teur M. Jules Meulemans. A. N.
<( Nos amis le Cheikh Abou Naddara, dont nous parlons souvent à
nos lecteurs, et Sabra Effendi, le compositeur ottoman de musique, qui
fit ses études au Conservatoire de Paris, sont infatiguables. Le premier
fait des hymnes et des chants et le second en fait les mélodies. Les
paroles autant que la musique ont le style oriental, qui leur donne un
certain cachet et les rend sympathiques aux amateurs.
» Nous avons sous leç yeux leur nouvel hymne ottoman, où le poète
célèbre le nouveau Sultan, les troupes libératrices de Macédoine et les
Jeunes-Turcs, et le musicien a mis tout son talent pour marier la
mélodie turque à l’harmonie française.
» Bref, les Ottomans peuvent se venter d’avoir un hymne national
des plus beaux et même des plus rares, car outre la poésie française,
M. G. Kendirdjy lui a fait des paroles turques, dont on nous a fait le
plus grand éloge.
» Ce nouvel hymne, orchestré par Paul Vidal, a été joué à la récep-
tion de la Mission ottomane au ministère des affaires étrangères, à
celle de l’ambassade ottomane à Paris, et à la fête de gala organisée
par < La Turquie Nouvelle » au profit des victimes de l’Asie mineure. »
Rectification : Le portrait de notre directeur le Cheikh Abou
Naddara, paru dernièrement dans notre supplément intitulé « Mes
soixante dix ans », provient de la photographie Allevy, rue d’Odessa.
La Rédaction.

H

LE SOUDAN ÉGYPTIEN
Notre ami le Commandeur A. de Sosten, voyageur-explorateur
connu, nous écrit de Khartoum, où il réside, les nouvelles qu’il nous
donne nous semblent très intéressantes et nous en publions une
partie, telles que nous les avons reçues et sans rien y changer ou
ajouter.
M. de Sosten est un observateur impartial et ce qu’il dit est la
vérité toujours sans parti pris.
« Vous m’avez demandé, Cheikh, quelques nouvelles concernant
le Soudan Anglo-Egyptien, je vous les donne avec plaisir, mais je suis
sûr que bien des choses que je vous dirais vous étonneront un peu. En
Europe, l’on ignore presque tout ce qui se passe ici et les notices que
l’on reçoit sont bien fantaisistes, partiales ou erronées ; en Europe,
l’on ignore ce que c’est que le Soudan, j’ai pu m’en rendre compte
bien des fois.
» Le Soudan d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a cinquante ans,
ni le Soudan de la révolution Mahdiste. ni le Soudan de Gordon ; ce
vaste territoire, l’un des plus riches de l’Afrique, tant au point de vue
de l’agriculture que des mines, etc., par ses immenses lacs et ses
Frands fleuves, devient de jour en jour un pays magnifique dont
avenir est assuré, pays qui ouvrira un vaste champ à l’activité euro-
péenne, pays qui dans l’espace de cinquante ans se transformera en
une nouvelle Amérique et je suis sûr de ne pas exagérer en émettant
cette opinion.
» Que manque-t-il au Soudan pour qu’en peu d’années il devienne
une contrée riche et prospère ? peu de choses, mais qui sont de grande
importance, l’une de premier ordre, ce sont les voies de communi-
cation, qui permettront le transport des produits divers à des prix
réduits et qui pourront facilement être dirigés sur les côtes de la mer
Rouge, à Port-Soudan et de là expédiés en Europe.
» Les voies de communication permettront aux émigrants de pou-
voir s’installer dans diverses provinces, où l’européen peut supporter
facilement le climat, qui n’est malsain qu’en certaines contrées que
l’on assainira au fur et à mesure.
» Il se trouve de vastes terres d’une richesse inouïe, pour la cul-
ture du coton, des céréales, du tabac, terres plus fertiles que même
celle de l’Egypte. Le Soudan est aujourd’hui complètement pacifié,,
les guerres des marchands d’esclaves ne sont plus à craindre. Les
Soudanais s’habituent au travail, ils se soumettent à l’organisation
sage et juste que le gouvernement leur a imposé avec équité. Aujour-
d’hui il n’y a plus abus de pouvoir, les tribunaux ne sont plus à
craindre que par les fripons ou mauvais sujets, les écoles donnent
une instruction nécessaire, Yécole Gordon, à Khartoum, est une pépi-
nière, non seulement de cheikhs et ulémas instruits, mais aussi d’ou-
vriers, dont les métiers divers sont bien exécutés, par des charpentiers,
menuisiers, forgerons, serruriers, maçons qui exécutent et travaillent
très bien et peuvent faire concurrence aux meilleurs ouvriers étran-
ger!, et ces centaines de jeunes ouvriers en fourniront d’autres, beau-
coup d’entre eux sont déjà employés aux diverses administrations du
Soudan, chemins de fer, ateliers, docks, aux vapeurs sur te Nil, et
remplacent avantageusement les ouvriers européens dans de nombreux
travaux.
» Le Soudanais commence à aimer le travail, qui lui répugnait il y
quelques années, il|n’est plus si apathique et ni paresseux, il commence
à comprendre les bienfaits du travail, le bien-être qu’il ignorait, il se
régénère, il se transforme, doucement, sûrement et tout à son profit.
» Cette transformation étonnante en si peu d’années est due, en sa
plus grande partie au système employé par le gouvernement, qui est
sage, juste et encourageant.
» Je puis affirmer qu’aucun gouvernement n’aurait pu mieux faire
que l’actuel, et, sans parti pris, je dois dire que si l’avenir du Soudan
est assuré, on le devra à un homme actif, énergique et d’une intelli-
gence supérieure, homme au cœur généreux, aux sentiments nobles,
homme qui s’est dédié et se dédie à faire du Soudan un vaste pays
riche et prospère ou des millions d’hommes pourront vivre heureux.
» Cet homme, je n’ai pas besoin de le nommer, d’autres que moi, et
ils sont nombreux, lui ont décerné les louanges qu’il mérite, quand ils
ont eu connaissance ou vu ce qu’il a fait au Soudan, mais pour ceux
qui l’ignorent je puis dire que cet homme est : Sir Réginald-Wingate
Pacha, Sirdar, commandant en chef de toutes les troupes d’Egypte,
Gouverneur général du Soudan, et résidant la plupart du temps à
Khartoum, il ne faut pas oublier qu’il est aussi bien secondé par des
hommes tels que S. E. Von Slatin Pacha, inspecteur général du
Soudan, ancien officier de Gordon, qui durant quatorze années a été
le prisonnier du Mahdi et qui a une connaissance approfondie du
Soudan, et des nombreux officiers anglais, ingénieurs, administra-
teurs, etc., qui tous font leur devoir et travaillent au même but : le
bien du Soudan.
» Bientôt le grand pont sur le Nil Bleu sera terminé et le chemin de
fer entrera à Khartouni, après ce sera l’autre pont sur le Nil Blanc, à
Omdurman, qui reliera le chemin de fer d’Egypte et de Port-Soudan
au chemin de fer du Cap !
» L’on trace et exécute des routes pouvant servir aux transports
par automobiles, des marchandises dans les contrées où les chemins
de fer tarderont à se faire, partout règne l’activité, et le travail trans-
forme lentement mais sûrement le Soudan. Karthoum, capitale du
Soudan, devient une belle ville, avec ses grandes avenues, ses belles
constructions, son beau quai sur le Nil Bleu, ses villas, son musée,
ses jardins, ses hôtels de premier ordre pour les touristes; oui, la
parole que S. K. le Sirdar Wingate Pacha m’a dite, il y a trois ans se
réalise, « je veux faire de Khartoum la plus belle capitale de l’Afrique ».
» A. de Sosten. »
Nous publierons ici toutes les remarques que nos lecteurs et amis
voudront bien nous faire parvenir sur les nouvelles ci-dessus.
Abou Naddara.
 
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