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» de vastes locaux, des palais, des labora*-
» toires, des professeurs choisis parmi les
» plus éminents ; mais les autres? mais la
» grande masse des travailleurs d'industrie
» et de commerce, qu'ont-ils à leur disposi-
» tion pour acquérir une valeur profession-
» nelle? rien, ou presque rien. Qu'apprend
» l'employé de commerce qui pour 30 ou
» 40 francs par mois s'abrutit à copier des
» écritures ou fait d'incessantes courses? —
» Qu'apprend le gamin d'atelier dont laraison
» d'être est de faire toujours et encore les
» mêmes travaux accessoires et inutiles ? —
» La réponse est désespérante, et notre infé-
» riorité à ce point de vue par rapport aux
» nations voisines, si bien outillées profes-
» sionnellement, est flagrante.
» Après ces considérations pleines de sens,
» l'auteur expose ses idées sur la régénéra-
» tion du système de l'apprentissage en
» France. L'ouvrier devrait voir dans un
» contremaître, un ingénieur ou un patron,
» non un maître issu d'une essence spéciale et
» ayant le droit d'ordonner, mais bien un
» collègue que ses capacités supérieures ont
» placé plus haut que lui dans la hiérarchie
» professionnelle; partant de ce point de vue,
» l'auteur discute le problème délicat de la
» forme de l'enseignement professionnel.
» Cet enseignement doit-il se donner à l'école
» ou à l'atelier? — L'auteur estime avec rai-
» son que l'enseignement doit procéder des
» deux à la fois : de même que les docteurs
» ou les artistes ont commencé par apprendre
» à lire ou à écrire, de même les futurs
» ingénieurs ou directeurs devraient avoir
» commencé par apprendre le maniement de
» l'outil. Ceci est parfaitement logique, et
» c'est d'ailleurs le principe qu'ont appliqué
» et qu'appliquent couramment les Améri-
» cains.
» L'auteur préconise dans sa thèse, et pour
» répondre à ce programme, la création
» d'écoles-ateliers, telles qu'il en existe à
» l'étranger, c'est-à-dire d'écoles fabriquant
» des produits vendables. Pour former des
» ouvriers utilisables pratiquement, l'école
» doit fatalement être un atelier véritable,
» c'est-à-dire un atelier travaillant pour le
» commerce. On a crié à la concurrence pour
» l'industrie privée — cet argument nous fait
» rire; est-ce que les hôpitaux font concur-
» rence aux médecins? Est-ce qu'on ne tolère
» pas la concurrence des prisons, effective
» celle-là et autrement néfaste pour l'indus-
» trie que la faible production de quelques
» écoles!
» En terminant, l'auteur donne un pro-
» gramme des recherches et études à faire
» pour étudier complètement cette intéres-
» saute question de l'apprentissage. Son
» mémoire est à lire et à méditer par tous
» ceux qui de près ou de loin — ne serait-ce
» qu'à simple titre de pères de famille —
» s'intéressent à ce problème éminemment
» vital. » J. Izarï. »
Nos grands quotidiens ne pouvaient se
désintéresser de cette question, dont la solu-
tion devient de jour en jour une nécessité
plus immédiate.
Lucien Descaves, dans le Journal, attire
l'attention du public sur cette malheureuse
situation. Avec une très grande justesse de
raisonnement, il fait la part exacte du travail
mécanique et du travail humain, il établit les
points faibles des deux systèmes de produc-
tion et la part qu'il faut laisser à chacun
d'eux dans la lutte économique :
« ... Nous n'apprendrons rien à personne
» et c'est déjà tomber dans les redites que de
» constater qu'on ne fait plus... d'apprentis.
» A tant d'autres crises, en effet, il con-
» vient d'ajouter celle de l'apprentissage qui,
» je le répète, n'est pas nouvelle.
» Tout s'enchaîne. On fait de plus en plus
» de fonctionnaires et d'étudiants, parce que
» Ton fait de moins en moins d'apprentis, et
» Ton fait de moins en moins d'apprentis,
» parce que le machinisme à outrance avilit
» ou l'end inutile l'effort humain.
» J'accorde que les lois sur le travail des
» enfants dans les ateliers ont encore contri-
» bué à compliquer le problème, mais c'est
» tout de même le machinisme qui l'a posé,
» en substituant sa puissance souveraine à
» l'emploi des bras.
» Nier les progrès réalisés par le travail
» de vastes locaux, des palais, des labora*-
» toires, des professeurs choisis parmi les
» plus éminents ; mais les autres? mais la
» grande masse des travailleurs d'industrie
» et de commerce, qu'ont-ils à leur disposi-
» tion pour acquérir une valeur profession-
» nelle? rien, ou presque rien. Qu'apprend
» l'employé de commerce qui pour 30 ou
» 40 francs par mois s'abrutit à copier des
» écritures ou fait d'incessantes courses? —
» Qu'apprend le gamin d'atelier dont laraison
» d'être est de faire toujours et encore les
» mêmes travaux accessoires et inutiles ? —
» La réponse est désespérante, et notre infé-
» riorité à ce point de vue par rapport aux
» nations voisines, si bien outillées profes-
» sionnellement, est flagrante.
» Après ces considérations pleines de sens,
» l'auteur expose ses idées sur la régénéra-
» tion du système de l'apprentissage en
» France. L'ouvrier devrait voir dans un
» contremaître, un ingénieur ou un patron,
» non un maître issu d'une essence spéciale et
» ayant le droit d'ordonner, mais bien un
» collègue que ses capacités supérieures ont
» placé plus haut que lui dans la hiérarchie
» professionnelle; partant de ce point de vue,
» l'auteur discute le problème délicat de la
» forme de l'enseignement professionnel.
» Cet enseignement doit-il se donner à l'école
» ou à l'atelier? — L'auteur estime avec rai-
» son que l'enseignement doit procéder des
» deux à la fois : de même que les docteurs
» ou les artistes ont commencé par apprendre
» à lire ou à écrire, de même les futurs
» ingénieurs ou directeurs devraient avoir
» commencé par apprendre le maniement de
» l'outil. Ceci est parfaitement logique, et
» c'est d'ailleurs le principe qu'ont appliqué
» et qu'appliquent couramment les Améri-
» cains.
» L'auteur préconise dans sa thèse, et pour
» répondre à ce programme, la création
» d'écoles-ateliers, telles qu'il en existe à
» l'étranger, c'est-à-dire d'écoles fabriquant
» des produits vendables. Pour former des
» ouvriers utilisables pratiquement, l'école
» doit fatalement être un atelier véritable,
» c'est-à-dire un atelier travaillant pour le
» commerce. On a crié à la concurrence pour
» l'industrie privée — cet argument nous fait
» rire; est-ce que les hôpitaux font concur-
» rence aux médecins? Est-ce qu'on ne tolère
» pas la concurrence des prisons, effective
» celle-là et autrement néfaste pour l'indus-
» trie que la faible production de quelques
» écoles!
» En terminant, l'auteur donne un pro-
» gramme des recherches et études à faire
» pour étudier complètement cette intéres-
» saute question de l'apprentissage. Son
» mémoire est à lire et à méditer par tous
» ceux qui de près ou de loin — ne serait-ce
» qu'à simple titre de pères de famille —
» s'intéressent à ce problème éminemment
» vital. » J. Izarï. »
Nos grands quotidiens ne pouvaient se
désintéresser de cette question, dont la solu-
tion devient de jour en jour une nécessité
plus immédiate.
Lucien Descaves, dans le Journal, attire
l'attention du public sur cette malheureuse
situation. Avec une très grande justesse de
raisonnement, il fait la part exacte du travail
mécanique et du travail humain, il établit les
points faibles des deux systèmes de produc-
tion et la part qu'il faut laisser à chacun
d'eux dans la lutte économique :
« ... Nous n'apprendrons rien à personne
» et c'est déjà tomber dans les redites que de
» constater qu'on ne fait plus... d'apprentis.
» A tant d'autres crises, en effet, il con-
» vient d'ajouter celle de l'apprentissage qui,
» je le répète, n'est pas nouvelle.
» Tout s'enchaîne. On fait de plus en plus
» de fonctionnaires et d'étudiants, parce que
» Ton fait de moins en moins d'apprentis, et
» Ton fait de moins en moins d'apprentis,
» parce que le machinisme à outrance avilit
» ou l'end inutile l'effort humain.
» J'accorde que les lois sur le travail des
» enfants dans les ateliers ont encore contri-
» bué à compliquer le problème, mais c'est
» tout de même le machinisme qui l'a posé,
» en substituant sa puissance souveraine à
» l'emploi des bras.
» Nier les progrès réalisés par le travail