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fouma) de la Marbrerie
et èe l'Art décoratif
Supplément au n° 55 du 5 février 1906 de la Revue Générale de la Construction
Situation du marché marbrier
GRÈVES ET SYNDICATS
Une grève sévit depuis plus d'un mois dans les » ouvriers, unis çà et là en syndicat, à Bellignies,
ateliers de confection de pendules en marbre de » Gousolre et ailleurs, se sont fédérés.
l'entreprise la plus importante de l'espèce, à Belli- .................
gnies (département du Nord) et à Rance (Belgique). » Si les ouvriers se cantonnaient sur le terrain
Les journaux politiques locaux discutent cette ques- » économique il leur serait plus facile d'intéres-
tion et l'enveniment à qui mieux mieux. Nous nous » ser le public à leur cause et peut-être même
bornons pour notre part à enregistrer le fait sans » d'obtenir que les patrons marbriers s'entendent
prendre parti ni pour les uns ni pour les autres, » enfin pour constituer un comptoir de la pendule
ainsi qu'il résulte de nos principes. » et maintenir, sinon relever les prix.
Mais nous trouvons dans un journal ultra conser- » En réalité, les patrons le peuvent : étant peu
vateur de Lille des réflexions très sensées, que nous » nombreux, une vingtaine, concentrés dans le
reproduisons avec autant de satisfaction que nous » Nord de la France, ils tiennent dans leurs mains
en avons eu à reproduire, il y a un an. une étude » le sort de leur industrie, s'ils savent s'unir et si
de conclusions identiques provenant d'un journal » leurs ouvriers parviennent à s'entendre avec
d'opinions diamétralement opposées à l'occation de » eux. »
la grève de Cousolre : Nous aimons voir cette idée du relèvement des
« Gomme dans diverses autres industries, les prix soutenue alternativement par les patrons et par
» salaires ont une tendance continuelle à baisser. les ouvriers. Mais quelle distance de la théorie à la
» Gela vient de ce que les patrons, n'étant pas syndi- pratique!
» qués, se mangent les uns les autres. Qu'un patron, Voici un autre fait :
» pour une raison ou pour une autre, baisse ses Laval, qui est un centre marbrier d'une certaine
» prix, la répercussion se fait sentir sur le salaire importance, souffre également d'une grève. Les
» des ouvriers. Or, lorsque les prix sont baissés, il ouvriers de l'usine de St-Pierre ont cessé de tra-
» est excessivement rare qu'ils remontent. vailler depuis deux mois, et les patrons refusent
» Ainsi, par exemple, les salaires des ouvriers d'accepter l'arbitrage du juge de paix. Pourquoi ce
» marbriers (pendules) se sont élevés jusqu'à trois conflit? Pourquoi les patrons et les ouvriers, qui
» et quatre cents francs par mois; graduellement sont les associés naturels d'une même entreprise,
» ils se sont abaissés considérablement. arrivent-ils à se haïr et à se séparer ? Ce n'est évi-
» Si les patrons s'étaient entendus pour main- demment pas de gaîté de cœur que le patron dis-
» tenir les prix de vente, jamais les salaires n'au- cute et réduit le salaire de ses ouvriers, puisque la
» raient subi une telle dépression. grève qu'il suscite lui occasionne des frais consi-
» Voyant qu'il n'y avait rien à espérer, pour le dérables et tarit la source des profits qu'on lui sup-
» moment, de l'entente entre les patrons, les pose à tort ou à raison.
fouma) de la Marbrerie
et èe l'Art décoratif
Supplément au n° 55 du 5 février 1906 de la Revue Générale de la Construction
Situation du marché marbrier
GRÈVES ET SYNDICATS
Une grève sévit depuis plus d'un mois dans les » ouvriers, unis çà et là en syndicat, à Bellignies,
ateliers de confection de pendules en marbre de » Gousolre et ailleurs, se sont fédérés.
l'entreprise la plus importante de l'espèce, à Belli- .................
gnies (département du Nord) et à Rance (Belgique). » Si les ouvriers se cantonnaient sur le terrain
Les journaux politiques locaux discutent cette ques- » économique il leur serait plus facile d'intéres-
tion et l'enveniment à qui mieux mieux. Nous nous » ser le public à leur cause et peut-être même
bornons pour notre part à enregistrer le fait sans » d'obtenir que les patrons marbriers s'entendent
prendre parti ni pour les uns ni pour les autres, » enfin pour constituer un comptoir de la pendule
ainsi qu'il résulte de nos principes. » et maintenir, sinon relever les prix.
Mais nous trouvons dans un journal ultra conser- » En réalité, les patrons le peuvent : étant peu
vateur de Lille des réflexions très sensées, que nous » nombreux, une vingtaine, concentrés dans le
reproduisons avec autant de satisfaction que nous » Nord de la France, ils tiennent dans leurs mains
en avons eu à reproduire, il y a un an. une étude » le sort de leur industrie, s'ils savent s'unir et si
de conclusions identiques provenant d'un journal » leurs ouvriers parviennent à s'entendre avec
d'opinions diamétralement opposées à l'occation de » eux. »
la grève de Cousolre : Nous aimons voir cette idée du relèvement des
« Gomme dans diverses autres industries, les prix soutenue alternativement par les patrons et par
» salaires ont une tendance continuelle à baisser. les ouvriers. Mais quelle distance de la théorie à la
» Gela vient de ce que les patrons, n'étant pas syndi- pratique!
» qués, se mangent les uns les autres. Qu'un patron, Voici un autre fait :
» pour une raison ou pour une autre, baisse ses Laval, qui est un centre marbrier d'une certaine
» prix, la répercussion se fait sentir sur le salaire importance, souffre également d'une grève. Les
» des ouvriers. Or, lorsque les prix sont baissés, il ouvriers de l'usine de St-Pierre ont cessé de tra-
» est excessivement rare qu'ils remontent. vailler depuis deux mois, et les patrons refusent
» Ainsi, par exemple, les salaires des ouvriers d'accepter l'arbitrage du juge de paix. Pourquoi ce
» marbriers (pendules) se sont élevés jusqu'à trois conflit? Pourquoi les patrons et les ouvriers, qui
» et quatre cents francs par mois; graduellement sont les associés naturels d'une même entreprise,
» ils se sont abaissés considérablement. arrivent-ils à se haïr et à se séparer ? Ce n'est évi-
» Si les patrons s'étaient entendus pour main- demment pas de gaîté de cœur que le patron dis-
» tenir les prix de vente, jamais les salaires n'au- cute et réduit le salaire de ses ouvriers, puisque la
» raient subi une telle dépression. grève qu'il suscite lui occasionne des frais consi-
» Voyant qu'il n'y avait rien à espérer, pour le dérables et tarit la source des profits qu'on lui sup-
» moment, de l'entente entre les patrons, les pose à tort ou à raison.