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séparent nos sommeils sont à peine suffi-
santes pour fixer nos regards vers l'avenir,
sans nous retourner vers le passé éducateur
et réconfortant. L'ardente fièvre de creuser,
toujours plus vite, le sillon dans lequel nous
avons été engagés en étant créés, ne laisse
pas le loisir, à nos esprits tourmentés et
inquiets, de considérer le passé, de baigner
nos regards des aubes anciennes et toujours
nouvelles, prodigieuses leçons d'énergie.
Nous marchons invinciblement vers les cré-
puscules.
Et si,dans les moments tragiques des sépa-
rations, nous nous promettons de ne pas
oublier, nous oublions quand même dans le
tourbillon des lendemains.
Il y a là une religion du passé qui devrait
cependant nous être chère, et être traduite,
sans une ostentation de mauvais goût, par
des plaques commémoratives.
Bien des gens consacrent, par snobisme,
des sommes plus ou moins importantes aux
souscriptions publiques pour l'érection d'un
monument à un personnage qu'ils ne con-
naissent souvent que de nom ; et ils oublient
leurs proches parents ou amis.
Ces réflexions, d'un ordre plutôt triste,
nous venaient dernièrement à l'esprit après
avoir visité les ateliers de l'usine Devillers
et Cio, où nous nous étonnions de voir, parmi
la multitude vraiment surprenante des tra-
vaux de tous genres, deux plaques commé-
moratives destinées à l'Angleterre et que
nous reproduisons ci-contre. Le directeur de
cette Société nous apprit que si des com-
mandes de ces objets étaient relativement
fréquentes pour la Grande-Bretagne et
d'autres pays, elles étaient, par contre, très
rares pour la France. Le croirait-on de notre
peuple, qui passe cependant pour posséder à
un haut degré les qualités de vénération
familiale et de reconnaissance, tandis qu'on
accuse — bien à tort — les Anglais d'arrêter
leurs sentiments à la limite de leurs intérêts?
séparent nos sommeils sont à peine suffi-
santes pour fixer nos regards vers l'avenir,
sans nous retourner vers le passé éducateur
et réconfortant. L'ardente fièvre de creuser,
toujours plus vite, le sillon dans lequel nous
avons été engagés en étant créés, ne laisse
pas le loisir, à nos esprits tourmentés et
inquiets, de considérer le passé, de baigner
nos regards des aubes anciennes et toujours
nouvelles, prodigieuses leçons d'énergie.
Nous marchons invinciblement vers les cré-
puscules.
Et si,dans les moments tragiques des sépa-
rations, nous nous promettons de ne pas
oublier, nous oublions quand même dans le
tourbillon des lendemains.
Il y a là une religion du passé qui devrait
cependant nous être chère, et être traduite,
sans une ostentation de mauvais goût, par
des plaques commémoratives.
Bien des gens consacrent, par snobisme,
des sommes plus ou moins importantes aux
souscriptions publiques pour l'érection d'un
monument à un personnage qu'ils ne con-
naissent souvent que de nom ; et ils oublient
leurs proches parents ou amis.
Ces réflexions, d'un ordre plutôt triste,
nous venaient dernièrement à l'esprit après
avoir visité les ateliers de l'usine Devillers
et Cio, où nous nous étonnions de voir, parmi
la multitude vraiment surprenante des tra-
vaux de tous genres, deux plaques commé-
moratives destinées à l'Angleterre et que
nous reproduisons ci-contre. Le directeur de
cette Société nous apprit que si des com-
mandes de ces objets étaient relativement
fréquentes pour la Grande-Bretagne et
d'autres pays, elles étaient, par contre, très
rares pour la France. Le croirait-on de notre
peuple, qui passe cependant pour posséder à
un haut degré les qualités de vénération
familiale et de reconnaissance, tandis qu'on
accuse — bien à tort — les Anglais d'arrêter
leurs sentiments à la limite de leurs intérêts?