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lunettes. On ne nous ôtera pas de la tête que
Samson devait être quelque peu marbrier et
pour le moins au courant de ces particularités
lorsqu'il s'écrasa sous son temple avec les Phi-
listins; il se souvenait probablement avoir
remarqué autrefois un fil, une terrasse ou
un limé traître dans le marbre de la colonne
dont, tout aveugle, il lui suffit d'ébranler la
base pour provoquer l'écroulement du temple.
Nous avons, trop souvent déjà, expliqué la
cause des faiblesses du marbre; nous avons
fait comprendre l'effet affaiblissant de la
matière colorante, surtout dans certains en-
droits nommés terrasses où elle est accumulée
et où la teneur en pâte calcaire devient
insuffisante pour assurer la liaison de la
masse; nous avons expliqué l'effet liant des
veines blanches enchevêtrées qui ont rempli
les fissures causées par les retraits et les con-
tractions de la matière sur elle-même; nous
avons signalé l'effet désastreux de certaines
autres veines tout aussi blanches, nommées
limés, mais qui ont rempli d'autres fissures
occasionnées par des glissements, espèces de
petites failles, pour lesquelles il manque la
liaison à la pâte même du marbre, tandis que
leur continuité, dans des plans de grande
surface, est cause de fissures presque cer-
taines au moindre choc; nous avons parlé
aussi des fissures sèches ou fils, sansveinages,
produites dans la matière après sa solidifica-
tion, par des ébranlements telluriques ou par
le simple effet des influences atmosphériques
et notamment à l'époque des refroidisse-
ments violents et successifs de l'époque ter-
tiaire.
L'architecte intelligent qui emploie le mar-
bre connaît ces défauts. Il sait qu'on les
masque aisément, que l'on consolide les
dalles superbes, mais fragiles,par des doubla-
ges et des agrafages ; et il ne demande au
marbre que de résister pour lui-même, sans
exiger qu'il donne un appui et des efforts
qu'il faut demander aux éléments du gros
œuvre.
11 est cependant un cas où il serait souvent
indispensable que le marbre joue un rôle
utile en même temps qu'un rôle décoratif;
c'est quand on l'emploie en colonnes.
Mais il est rare qu'on lui accorde assez de
confiance pour lui faire porter, avec fatigue,
autre chose que des motifs légers d'architec-
ture. C'est pourquoi on voit généralement
les colonnes en marbre courir le long des
parois des édifices, tandis qu'au centre, où
leur place serait bien plus logiquement mar-
quée, on place des piliers carrés ou autres,
ne servant qu'à masquer des colonnes métal-
liques.
Fontaine murale n° 3823
Nous connaissons, il est vrai, des cas nom-
breux où des colonnes en marbre ont été
sciées en deux sur toute leur longueur, puis
creusées à la main dans le but de laisser,
après leur rejuxtaposition, un vide qui sertà
loger une colonne en métal. Mais ce travail
laisse de vilaines traces ; le joint très
visible montre le truquage et gâte partielle-
ment l'effet cherché, malgré les artifices d'or-
nementation employés pour cacher le défaut
de la cuirasse. Une colonne doit naturelle-
lunettes. On ne nous ôtera pas de la tête que
Samson devait être quelque peu marbrier et
pour le moins au courant de ces particularités
lorsqu'il s'écrasa sous son temple avec les Phi-
listins; il se souvenait probablement avoir
remarqué autrefois un fil, une terrasse ou
un limé traître dans le marbre de la colonne
dont, tout aveugle, il lui suffit d'ébranler la
base pour provoquer l'écroulement du temple.
Nous avons, trop souvent déjà, expliqué la
cause des faiblesses du marbre; nous avons
fait comprendre l'effet affaiblissant de la
matière colorante, surtout dans certains en-
droits nommés terrasses où elle est accumulée
et où la teneur en pâte calcaire devient
insuffisante pour assurer la liaison de la
masse; nous avons expliqué l'effet liant des
veines blanches enchevêtrées qui ont rempli
les fissures causées par les retraits et les con-
tractions de la matière sur elle-même; nous
avons signalé l'effet désastreux de certaines
autres veines tout aussi blanches, nommées
limés, mais qui ont rempli d'autres fissures
occasionnées par des glissements, espèces de
petites failles, pour lesquelles il manque la
liaison à la pâte même du marbre, tandis que
leur continuité, dans des plans de grande
surface, est cause de fissures presque cer-
taines au moindre choc; nous avons parlé
aussi des fissures sèches ou fils, sansveinages,
produites dans la matière après sa solidifica-
tion, par des ébranlements telluriques ou par
le simple effet des influences atmosphériques
et notamment à l'époque des refroidisse-
ments violents et successifs de l'époque ter-
tiaire.
L'architecte intelligent qui emploie le mar-
bre connaît ces défauts. Il sait qu'on les
masque aisément, que l'on consolide les
dalles superbes, mais fragiles,par des doubla-
ges et des agrafages ; et il ne demande au
marbre que de résister pour lui-même, sans
exiger qu'il donne un appui et des efforts
qu'il faut demander aux éléments du gros
œuvre.
11 est cependant un cas où il serait souvent
indispensable que le marbre joue un rôle
utile en même temps qu'un rôle décoratif;
c'est quand on l'emploie en colonnes.
Mais il est rare qu'on lui accorde assez de
confiance pour lui faire porter, avec fatigue,
autre chose que des motifs légers d'architec-
ture. C'est pourquoi on voit généralement
les colonnes en marbre courir le long des
parois des édifices, tandis qu'au centre, où
leur place serait bien plus logiquement mar-
quée, on place des piliers carrés ou autres,
ne servant qu'à masquer des colonnes métal-
liques.
Fontaine murale n° 3823
Nous connaissons, il est vrai, des cas nom-
breux où des colonnes en marbre ont été
sciées en deux sur toute leur longueur, puis
creusées à la main dans le but de laisser,
après leur rejuxtaposition, un vide qui sertà
loger une colonne en métal. Mais ce travail
laisse de vilaines traces ; le joint très
visible montre le truquage et gâte partielle-
ment l'effet cherché, malgré les artifices d'or-
nementation employés pour cacher le défaut
de la cuirasse. Une colonne doit naturelle-