DOI Heft:
No. 72 (20 Octobre 1906)
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propos de l'Ile Jibérine
« Pourquoi, s'écrie un de nos lecteurs dans une Éternelle une restitution qui intéresserait le monde
lettre qu'il nous adresse après avoir lu notre article artistique tout entier, tant par sa hardiesse que par
sur l'Ile Tibérine à Rome, pourquoi d'aussi intéres- son importance. Ce serait une gloire et un attrait
sants projets que celui de M. Patouillard ne sus- considérable pour Rome que de remplacer les laides
citent-t-ils pas l'idée de restituer, pour tout de bon, constructions qui chargent actuellement l'île par
un ensemble de monuments antiques, et restent-ils les monuments dont M. Patouillard a pu reconsti-
à l'état de projets, c'est-à-dire sous l'orme de quel- tuer les formes. Et ceux qui s'y promèneraient
ques jolis cadres accrochés dans un cabinet d'archi- quelques heures on apprendraient plus qu'en visi-
tecte ? tant tous les musées — ce qu'ils ne font jamais,d'ail-
» Ma voix est trop faible, certes, pour entraîner leurs. Je ne pousserai pas l'idée jusqu'à demander
ceux que la chose intéresse à remonter le fatal que, dans le temple d'Esculape, on soigne encore
courant qui veut qu'immuablement on enferme les les malades comme au if' siècle de notre ère, et
vestiges de monuments antiques entre les quatre que la prison soit occupée par de véritables con-
L'Ile Tibérine d'après un dessin du Recueil Orsini
(Bibliothèque Vaticane)
murs graves d'un musée — que nous ne visitons damnés à mort! La curiosité des visiteurs suffirait
jamais; car il est bien entendu,n'est-ce-pas?quenous bien à elle seule à animer l'île et ses monuments,
ignorons les richesses de nos musées. Le seul sou- » Un pareil exemple, étendu, donnerait une
venir qui nous en reste est d'y avoir été conduits forme toute nouvelle à l'éducation artistique des
en rang d'oignons par un pion pressé, un jour de « nouvelles couches », et ce ne serait pas malheu-
pluie, naturellement, et à une époque de la vie où roux. »
une partie de billes nous intéressait mille fois plus Notre correspondant occasionnel est hardi, mais
que toutes les frises du Parthénon. On n'extério- n'avons-nous pas souvent vu les projets les plus
rise pas assez l'art; il devrait forcer notre attention audacieux de prime abord se réaliser par la suite,
au cours de la vie normale et non uniquement aux sous quelque impulsive et opiniâtre énergie?
rares heures que nous pouvons lui consacrer. Nous Rome a le culte de ses monuments, non seulement
devons le rechercher; il ne s'offre pas à nous. par un juste orgueil, mais encore, disons-le, parce
» Les Romains ont, avec l'Ile Tibérine, une occa- qu'ils forment le point d'appui du commerce urbain,
sion magnifique d'ajouter aux richesses de la Ville II n'y aurait donc rien d'extraordinaire à ce que la
propos de l'Ile Jibérine
« Pourquoi, s'écrie un de nos lecteurs dans une Éternelle une restitution qui intéresserait le monde
lettre qu'il nous adresse après avoir lu notre article artistique tout entier, tant par sa hardiesse que par
sur l'Ile Tibérine à Rome, pourquoi d'aussi intéres- son importance. Ce serait une gloire et un attrait
sants projets que celui de M. Patouillard ne sus- considérable pour Rome que de remplacer les laides
citent-t-ils pas l'idée de restituer, pour tout de bon, constructions qui chargent actuellement l'île par
un ensemble de monuments antiques, et restent-ils les monuments dont M. Patouillard a pu reconsti-
à l'état de projets, c'est-à-dire sous l'orme de quel- tuer les formes. Et ceux qui s'y promèneraient
ques jolis cadres accrochés dans un cabinet d'archi- quelques heures on apprendraient plus qu'en visi-
tecte ? tant tous les musées — ce qu'ils ne font jamais,d'ail-
» Ma voix est trop faible, certes, pour entraîner leurs. Je ne pousserai pas l'idée jusqu'à demander
ceux que la chose intéresse à remonter le fatal que, dans le temple d'Esculape, on soigne encore
courant qui veut qu'immuablement on enferme les les malades comme au if' siècle de notre ère, et
vestiges de monuments antiques entre les quatre que la prison soit occupée par de véritables con-
L'Ile Tibérine d'après un dessin du Recueil Orsini
(Bibliothèque Vaticane)
murs graves d'un musée — que nous ne visitons damnés à mort! La curiosité des visiteurs suffirait
jamais; car il est bien entendu,n'est-ce-pas?quenous bien à elle seule à animer l'île et ses monuments,
ignorons les richesses de nos musées. Le seul sou- » Un pareil exemple, étendu, donnerait une
venir qui nous en reste est d'y avoir été conduits forme toute nouvelle à l'éducation artistique des
en rang d'oignons par un pion pressé, un jour de « nouvelles couches », et ce ne serait pas malheu-
pluie, naturellement, et à une époque de la vie où roux. »
une partie de billes nous intéressait mille fois plus Notre correspondant occasionnel est hardi, mais
que toutes les frises du Parthénon. On n'extério- n'avons-nous pas souvent vu les projets les plus
rise pas assez l'art; il devrait forcer notre attention audacieux de prime abord se réaliser par la suite,
au cours de la vie normale et non uniquement aux sous quelque impulsive et opiniâtre énergie?
rares heures que nous pouvons lui consacrer. Nous Rome a le culte de ses monuments, non seulement
devons le rechercher; il ne s'offre pas à nous. par un juste orgueil, mais encore, disons-le, parce
» Les Romains ont, avec l'Ile Tibérine, une occa- qu'ils forment le point d'appui du commerce urbain,
sion magnifique d'ajouter aux richesses de la Ville II n'y aurait donc rien d'extraordinaire à ce que la