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son absence, pour les marbres qui le nécessi-
tent, en constituerait une.
Mais aujourd'hui nous voulons parler
d'autres errements touchant non plus les
espèces de marbres, mais leurs différentes
qualités.
Comme dans toutes les industries, mais
avec cette raison d'autant plus plausible
qu'elle dépend encore de la nature sans
pouvoir en modifier les bienfaits ou les dis-
grâces, la marbrerie offre aux consomma-
teurs différentes qualités de chaque espèce de
marbre. Dans certains cas, l'habileté des
carriers a amené la classification des qualités
en espèces différentes. Nous ne citerons, pour
exemple, que les Italiens qui vendent les
blancs sales, absolument inférieurs, comme
blancs brouillés ou blancs nuageux (!), ou
certains exploitants qui font valoir les ter-
rasses vertes schisteuses des marbres rouges
et glorifient la matière d'un défaut patent.
Nous pourrions encore citer des firmes qui
exploitent et vendent des rouges belges telle-
ment gris qu'ils les dénomment Sain te-Anne?
Mais continuer nous entraînerait trop loin de
notre sujet.
Indépendamment donc de quelques cas
spéciaux, trop particuliers pour nous y arrê-
ter à présent (nous y reviendrons plus tard),
les marbres présentent différentes qualités
classées suivant la présence des caractéris-
tiques fondamentales qui en déterminent les
espèces.
Les noirs belges par exemple se subdivi-
sent en trois catégories ou en trois qualités :
le noir fin, le noir demi-fin, le noir ordinaire.
Le premier est de nature éminemment com-
pacte comme grain et ne présente ni fil, ni
tache blanche, ni reilet roux. Le second est
parsemé à de rares intervalles de très fins fils
blancs et parfois d'une petite tache blan-
châtre. Le troisième, par contre, contient
plus de fils blancs, plus de taches et offre,
sous un certain angle visuel, un aspeci gri-
sâtre ou roux.
Les rouges sont de même classés eu
griottes fines, royales et rouges inférieurs.
Nous avons décrit ces qualités dans notre
n° 5<s' du 20 mars 1900.
Les blancs clairs sont de premier, deuxième
ou troisième choix, suivant la pureté de la
pâte, la finesse du grain, la présence de
flammes blanches, rousses ou grises, les cris-
tallins, le fond gris ou bleuté. Et ainsi de
suite pour la plupart des marbres.
Or, qu'arrive-t-il tous les jours dans le
commerce du marbre? De braves gens vous
demandent du noir ordinaire sans taches ou
fils blancs, fond bien noir, ou bien du rouge
troisième choix, sans bleu ni flammes blanches,
ou encore du blanc ordinaire sans taches grises,
fond bien blanc, etc. !!
On ne peut que rarement attribuer ces
demandes grotesques à une incompétence,
car le fait de désigner les particularités
qui entraînent la dépréciation de la matière
prouve sarabondamment qu'on les connaît.
Ce n'est plus ici le cas du propriétaire qui
demande le prix d'une cheminée en granit
belge, se ravise en voyant les échantillons et
demande ingénuement : — Pourquoi cette
même cheminée coùte-t-elle plus cher en
onyx ?
Le but de ceux qui omettent des préten-
tions du genre de celles citées est d'obtenir
de belles qualités en payant le prix des qua-
lités inférieures. Et nous avons remarqué
que l'aftluence de ce genre de demandes
correspond régulièrement avec la création de
comptoirs ou de syndicats.
Quel rapport, direz-vous?
Le voici : c'est bien simple et nous allons
apprendre à nos lecteurs — ils ne s'y atten-
dront certes pas— que ce sont précisément
les marbriers qui ont introduit sur le marché
des troisièmes choix sans défauts, et y ont
habitué leurs clients.
Dans les comptoirs et syndicats donc, les
prix de vente sont établis suivant les qualités
des marbres; le premier mouvement quand
ces organisations se créent étant l'établisse-
ment d'un contrôle rigoureux des prix, il
devient difficile de frauder dans les prix de
vente, mais il est toujours facile de frauder
sur les qualités.
Pourquoi frauder ? direz-vous.
11 faut ne pas connaître la mentalité des
huit dixièmes des marbriers pour s'imaginer
son absence, pour les marbres qui le nécessi-
tent, en constituerait une.
Mais aujourd'hui nous voulons parler
d'autres errements touchant non plus les
espèces de marbres, mais leurs différentes
qualités.
Comme dans toutes les industries, mais
avec cette raison d'autant plus plausible
qu'elle dépend encore de la nature sans
pouvoir en modifier les bienfaits ou les dis-
grâces, la marbrerie offre aux consomma-
teurs différentes qualités de chaque espèce de
marbre. Dans certains cas, l'habileté des
carriers a amené la classification des qualités
en espèces différentes. Nous ne citerons, pour
exemple, que les Italiens qui vendent les
blancs sales, absolument inférieurs, comme
blancs brouillés ou blancs nuageux (!), ou
certains exploitants qui font valoir les ter-
rasses vertes schisteuses des marbres rouges
et glorifient la matière d'un défaut patent.
Nous pourrions encore citer des firmes qui
exploitent et vendent des rouges belges telle-
ment gris qu'ils les dénomment Sain te-Anne?
Mais continuer nous entraînerait trop loin de
notre sujet.
Indépendamment donc de quelques cas
spéciaux, trop particuliers pour nous y arrê-
ter à présent (nous y reviendrons plus tard),
les marbres présentent différentes qualités
classées suivant la présence des caractéris-
tiques fondamentales qui en déterminent les
espèces.
Les noirs belges par exemple se subdivi-
sent en trois catégories ou en trois qualités :
le noir fin, le noir demi-fin, le noir ordinaire.
Le premier est de nature éminemment com-
pacte comme grain et ne présente ni fil, ni
tache blanche, ni reilet roux. Le second est
parsemé à de rares intervalles de très fins fils
blancs et parfois d'une petite tache blan-
châtre. Le troisième, par contre, contient
plus de fils blancs, plus de taches et offre,
sous un certain angle visuel, un aspeci gri-
sâtre ou roux.
Les rouges sont de même classés eu
griottes fines, royales et rouges inférieurs.
Nous avons décrit ces qualités dans notre
n° 5<s' du 20 mars 1900.
Les blancs clairs sont de premier, deuxième
ou troisième choix, suivant la pureté de la
pâte, la finesse du grain, la présence de
flammes blanches, rousses ou grises, les cris-
tallins, le fond gris ou bleuté. Et ainsi de
suite pour la plupart des marbres.
Or, qu'arrive-t-il tous les jours dans le
commerce du marbre? De braves gens vous
demandent du noir ordinaire sans taches ou
fils blancs, fond bien noir, ou bien du rouge
troisième choix, sans bleu ni flammes blanches,
ou encore du blanc ordinaire sans taches grises,
fond bien blanc, etc. !!
On ne peut que rarement attribuer ces
demandes grotesques à une incompétence,
car le fait de désigner les particularités
qui entraînent la dépréciation de la matière
prouve sarabondamment qu'on les connaît.
Ce n'est plus ici le cas du propriétaire qui
demande le prix d'une cheminée en granit
belge, se ravise en voyant les échantillons et
demande ingénuement : — Pourquoi cette
même cheminée coùte-t-elle plus cher en
onyx ?
Le but de ceux qui omettent des préten-
tions du genre de celles citées est d'obtenir
de belles qualités en payant le prix des qua-
lités inférieures. Et nous avons remarqué
que l'aftluence de ce genre de demandes
correspond régulièrement avec la création de
comptoirs ou de syndicats.
Quel rapport, direz-vous?
Le voici : c'est bien simple et nous allons
apprendre à nos lecteurs — ils ne s'y atten-
dront certes pas— que ce sont précisément
les marbriers qui ont introduit sur le marché
des troisièmes choix sans défauts, et y ont
habitué leurs clients.
Dans les comptoirs et syndicats donc, les
prix de vente sont établis suivant les qualités
des marbres; le premier mouvement quand
ces organisations se créent étant l'établisse-
ment d'un contrôle rigoureux des prix, il
devient difficile de frauder dans les prix de
vente, mais il est toujours facile de frauder
sur les qualités.
Pourquoi frauder ? direz-vous.
11 faut ne pas connaître la mentalité des
huit dixièmes des marbriers pour s'imaginer