40 DESCRIPTIONS DES VASES.
cygne que Jupiter la posséda, et donna naissance à la jeune fille qui naquit
de lui1. Ce dieu, par reconnoissance, plaça ensuite dans le ciel2 l'heureux
oiseau dont il avoit emprunté les formes, et lui conserva les ailes étendues
comme il les avoit lorsqu'il s'envola aux cieux3. C'est ainsi qu'elles sont re-
présentées sur notre vase4. Il est donc probable que c'est le cygne père d'Hé-
lène que nous y voyons. Hélène est assise sur son dos. N'est-ce pas une idée
aussi riante qu'ingénieuse que d'avoir fait amener dans le ciel cette beauté
trop fameuse par le même oiseau à qui elle devoit la vie?
Tout concourt à prouver que cette peinture représente l'apothéose d'Hé-
lène. On voit à coté d'elle l'introducteur des nouveaux dieux, Mercure5 , qui
tient son caducée élevé. Plus loin, cette femme, l'indignation sur le front, le
sceptre à la main6 , ne peut être que Junon; elle s'éloigne précipitamment
pour n'être pas témoin d'une scène qui lui rappelle des souvenirs trop cruels:
.....M a net alta sub mente repostum
Judicium Paridis spretœque injuria forma?"''.
Derrière Hélène, on reconnoît facilement Jupiter à son air majestueux, à
son corps demi-nu8 , et au sceptre qu'il tient à la main9 ; il prononce les pa-
tamorphosée en cygne, son amant prit la même forme,
et dirigea son vol vers l'Attique, près de Ramnunte , où
il obtint les faveurs de Némésis. Cette union produisit
l'œuf dont naquit Hélène suivant le poète Cratès. Era-
tosth. , cap. a5.
(i) nXeidTov yctç rijxiOeov yevrjôevrov usto Àioç ^ovr»ç tautiK
(EXevnç) tt)ç yuvatxoç rtaTeç naïade xAnônvcct. Isocr. , Encom.
Helen.
(i) German., cap. ^4; Hygin., Astron.,lib. II, cap. 3;
Theon., pag. i36.
(3) German. , loc. mod. cit. Théon dit qu'il a les ailes
étendues comme s'il voloit en s'abattant sur la terre.
Hygin, loc. citât., dit que son image est encore dans le
ciel avec celle de l'aigle qui paroit le poursuivre. On
donnoit différents noms à cette constellation. Voici ceux
qui ont rapport à notre sujet : Helenœ genitor, aies Jo-
vis, olor Ledœus, Ledœ adulter. Caes. , cap. io, p. 101.
(4) La forme même des pattes de notre cygne, qui ne
sont pas pattues,indique encore que c'est l'oiseau céleste
qu'on a voulu représenter. En effet, ses pattes ressem-
blent assez à celles des aigles et des milans. Or le cygne
se nommoit quelquefois milvus, milan. Ovid. , Fast.,
Hb. III, v. 794; Caes., cap. io, pag. 201.
(5) En effet, nous le voyons toujours sur les vases
qui offrent des apothéoses. Il conduisit Bacchus dans
l'Olympe lorsqu'il fut reçut au nombre des dieux : Ato-
vusov (5e tov rtai&x eç ouçocvov ovtoc m eoTtv Eçwrçç <j>eçov.
Pausan., Lacon., cap. 18.
Jlarqx «uv euo&vi fdir,q exauce rçajtet^ç
Kat ^çorer)v f^era ciaita , ^era rtçoTeçT)v xu<3lv oivou
OUPOCVIOV Ttlt "VEKTOCÇ (XÇ£tOT£ÇOlCSl x/UTteXXoiç
HtrvOçovoç AtCoAAcjvi, ouvenoç viti McttT)ç.
Nonnus Dionys., lib. ult., v. 979.
Ici il est autant utile comme introducteur que comme
pacificateur entre Hélène et Junon : c'est sans doute
pour cela qu'il tient son caducée élevé, et que ces deux
déesses semblent avoir les yeux fixés sur lui; car le ca-
ducée étoit un signe de paix : Hic complexus anguium,
et efjeratorum concordia caussa esse videtur, quare
exterœ gentes caduceum in pacis argumentum cir-
cumdata effigie anguium fecerint. Plin., lib. XXIX,
cap. 3.
(6) Ce sceptre est de la même espèce que celui que
Vulcain fit pour Jupiter, qui fut ensuite successivement
transmis à Mercure, à Pélops, k Atrée, à Thyeste, et à
Agamemnon, Pausan., Bœotic, cap. 41 ; Hom., Iliad.,
lib. Il, v. 101-108, et qui finit par devenir la principale
divinité des Chéronéens ; ils le nommoient la lance.
Pausan. , loc. mod. laudat. C'est la forme des sceptres
que portent la Junon et le Jupiter de notre vase.
(7) Virg., JEneid., lib. I, v. 3i.
(8) C'est ainsi qu'il est souvent représenté sur les
vases. Voy. Tischb. , tom. III, pl. I ; tom. IV, pl. XXXV.
On en voit aussi plusieurs dans Passeri el dans d'au-
tres collections de vases. Il étoit ainsi représenté à
Olympie.
(9) Sur son sceptre. Voyez Dempst. , Reg. etrur.,
lib. II, cap. 1.
cygne que Jupiter la posséda, et donna naissance à la jeune fille qui naquit
de lui1. Ce dieu, par reconnoissance, plaça ensuite dans le ciel2 l'heureux
oiseau dont il avoit emprunté les formes, et lui conserva les ailes étendues
comme il les avoit lorsqu'il s'envola aux cieux3. C'est ainsi qu'elles sont re-
présentées sur notre vase4. Il est donc probable que c'est le cygne père d'Hé-
lène que nous y voyons. Hélène est assise sur son dos. N'est-ce pas une idée
aussi riante qu'ingénieuse que d'avoir fait amener dans le ciel cette beauté
trop fameuse par le même oiseau à qui elle devoit la vie?
Tout concourt à prouver que cette peinture représente l'apothéose d'Hé-
lène. On voit à coté d'elle l'introducteur des nouveaux dieux, Mercure5 , qui
tient son caducée élevé. Plus loin, cette femme, l'indignation sur le front, le
sceptre à la main6 , ne peut être que Junon; elle s'éloigne précipitamment
pour n'être pas témoin d'une scène qui lui rappelle des souvenirs trop cruels:
.....M a net alta sub mente repostum
Judicium Paridis spretœque injuria forma?"''.
Derrière Hélène, on reconnoît facilement Jupiter à son air majestueux, à
son corps demi-nu8 , et au sceptre qu'il tient à la main9 ; il prononce les pa-
tamorphosée en cygne, son amant prit la même forme,
et dirigea son vol vers l'Attique, près de Ramnunte , où
il obtint les faveurs de Némésis. Cette union produisit
l'œuf dont naquit Hélène suivant le poète Cratès. Era-
tosth. , cap. a5.
(i) nXeidTov yctç rijxiOeov yevrjôevrov usto Àioç ^ovr»ç tautiK
(EXevnç) tt)ç yuvatxoç rtaTeç naïade xAnônvcct. Isocr. , Encom.
Helen.
(i) German., cap. ^4; Hygin., Astron.,lib. II, cap. 3;
Theon., pag. i36.
(3) German. , loc. mod. cit. Théon dit qu'il a les ailes
étendues comme s'il voloit en s'abattant sur la terre.
Hygin, loc. citât., dit que son image est encore dans le
ciel avec celle de l'aigle qui paroit le poursuivre. On
donnoit différents noms à cette constellation. Voici ceux
qui ont rapport à notre sujet : Helenœ genitor, aies Jo-
vis, olor Ledœus, Ledœ adulter. Caes. , cap. io, p. 101.
(4) La forme même des pattes de notre cygne, qui ne
sont pas pattues,indique encore que c'est l'oiseau céleste
qu'on a voulu représenter. En effet, ses pattes ressem-
blent assez à celles des aigles et des milans. Or le cygne
se nommoit quelquefois milvus, milan. Ovid. , Fast.,
Hb. III, v. 794; Caes., cap. io, pag. 201.
(5) En effet, nous le voyons toujours sur les vases
qui offrent des apothéoses. Il conduisit Bacchus dans
l'Olympe lorsqu'il fut reçut au nombre des dieux : Ato-
vusov (5e tov rtai&x eç ouçocvov ovtoc m eoTtv Eçwrçç <j>eçov.
Pausan., Lacon., cap. 18.
Jlarqx «uv euo&vi fdir,q exauce rçajtet^ç
Kat ^çorer)v f^era ciaita , ^era rtçoTeçT)v xu<3lv oivou
OUPOCVIOV Ttlt "VEKTOCÇ (XÇ£tOT£ÇOlCSl x/UTteXXoiç
HtrvOçovoç AtCoAAcjvi, ouvenoç viti McttT)ç.
Nonnus Dionys., lib. ult., v. 979.
Ici il est autant utile comme introducteur que comme
pacificateur entre Hélène et Junon : c'est sans doute
pour cela qu'il tient son caducée élevé, et que ces deux
déesses semblent avoir les yeux fixés sur lui; car le ca-
ducée étoit un signe de paix : Hic complexus anguium,
et efjeratorum concordia caussa esse videtur, quare
exterœ gentes caduceum in pacis argumentum cir-
cumdata effigie anguium fecerint. Plin., lib. XXIX,
cap. 3.
(6) Ce sceptre est de la même espèce que celui que
Vulcain fit pour Jupiter, qui fut ensuite successivement
transmis à Mercure, à Pélops, k Atrée, à Thyeste, et à
Agamemnon, Pausan., Bœotic, cap. 41 ; Hom., Iliad.,
lib. Il, v. 101-108, et qui finit par devenir la principale
divinité des Chéronéens ; ils le nommoient la lance.
Pausan. , loc. mod. laudat. C'est la forme des sceptres
que portent la Junon et le Jupiter de notre vase.
(7) Virg., JEneid., lib. I, v. 3i.
(8) C'est ainsi qu'il est souvent représenté sur les
vases. Voy. Tischb. , tom. III, pl. I ; tom. IV, pl. XXXV.
On en voit aussi plusieurs dans Passeri el dans d'au-
tres collections de vases. Il étoit ainsi représenté à
Olympie.
(9) Sur son sceptre. Voyez Dempst. , Reg. etrur.,
lib. II, cap. 1.