— 9 —
rieur, pierres sculptées ou couvertes d'inscriptions apportées du dehors, tout, excepté la recherche du
beau et le soin de l'exécution.
Nous quittons Halep le 3i janvier; nous allons à Damas avec l'intention de nous arrêter à Hamah, dhalep
si nous pouvons y trouver des Arabes assez puissants pour nous conduire à Palmyre. Le consul de A^h™™AN'
France nous donne des lettres pour toute la Syrie; nous en recevons en outre des autres consuls, qui, Hi«yh>im7.
en raison de leur commerce, ont des relations étendues. Le fils du consul d'Autriche se joint à
notre caravane, qui, à elle seule, lui constitue une escorte. Ce jeune homme, atteint d'une phthisie
pulmonaire, va chercher en d'autres climats un remède qu'il trouvera dans une mort prochaine. Il
voyage, comme mon père, couché dans un tactaravan. Toute la population franque d'Halep est à cheval
et nous accompagne jusqu'à Ansari, à une petite lieue de la ville: les Français, en notre honneur; les
Juifs, pour faire fête à leur coreligionnaire, notre nouveau compagnon. Ce cortège magnifique réunit
les plus beaux chevaux d'Halep. Après avoir embrassé tous les chrétiens et salué les Juifs, nous
nous séparons cordialement et nous continuons notre roule pour Khan-Touman, qui sera Je gîte du
soir. C'est un hameau groupé autour d'un grand khan dans lequel le pacha a placé 3oo soldais pour
protéger la route. Les maisons y sont couvertes d'une manière singulière : les toits plats en terrasse,
comme nous les avons vus jusqu'à présent, prennent ici la forme de meules de paille et sont cons-
truits en briques. Ce hameau s'étend jusqu'au fond d'un petit vallon où il y a un peu d'eau.
Nous sommes rejoints, dans la soirée, par cinquante pèlerins chrétiens qui se dirigent sur Jéru-
salem, les uns venant d'Arménie, les autres des bords de la mer Noire, tous bien armés et bien montés.
Nous devenons pour eux, comme eux pour nous, une excellente escorte, et avec ce renfort nous pou-
vons résister à trois ou quatre cents Arabes.
L'heure du départ est matinale, car on nous annonce une forte journée de marche. Nous traversons dekhan-touman
un pays lugubre semblable à celui de Dana à Halep. Mêmes mouvements monotones du terrain, mêmes ge^eù^demie,
roches grises, mêmes traces continues d'une ancienne population monacale. Après trois heures de tcrfévrier-
marche fastidieuse, nous descendons dans une plaine immense; nous trouvons là, au pied d'un ma-
melon détaché, une belle source où l'on vient puiser l'eau de plusieurs lieues à la ronde. C'est natu-
rellement l'endroit que les Bédouins ont choisi pour inquiéter et pour attaquer les caravanes; ils
savent qu'elles s'y approvisionnent d'eau, et, cachés derrière le mamelon qui domine la source, ils
guettent leur proie. Il faut croire qu'ils ont manqué de courage; car, au lieu d'une scène de carnage,
nous avons un tableau biblique. Les femmes des villages environnants sont venues puiser l'eau à la
source, et, dans la grâce de leurs mouvements, dans la majesté de leur démarche, dans les tons har-
monieux de leurs vêtements, elles rappellent ce que l'antiquité nous a laissé de plus suave.
Après avoir remarqué à notre droite plusieurs agglomérations de maisons, assises sur une rangée
de collines basses, nous arrivons à Sermine, beau village assis sur une hauteur, possédant un vaste
khan et une mosquée flanquée d'un grand minaret carré.
Aujourd'hui notre étape doit nous conduire à Marrah. Nous passons à Khan-Sebel, point de sépa- de sermink
ration des pachaliks de Damas et d'Halep. Le khan a l'aspect et la consistance d'une forteresse arabe, SIX^ZTldem.e,
et il abrite la population tout entière. La porte" en est d'une construction remarquable: elle est formée * ■**■«■■•
d'une seule grande pierre tournant sur un pivot central. Nous laissons à notre droite, sur les hauteurs,
la jolie petite ville de Rija, arrosée par un ruisseau qui descend d'une montagne et se perd ensuite
dans les vergers de la ville et dans la vallée.
Marrah, situé sur une hauteur, est un gros bourg qui possède deux khans magnifiques, construits à
son entrée, mais tombant aujourd'hui en ruines. Il y a en outre un bazar.
Aujourd'hui nous traversons un pays dénudé; ce n'est pas le désert, mais c'est l'aridité et la misère, de marrah
AT 1_ x m ■ J. . . -,.TT . -, ., 111 I a khan-cheik-heu
mous couchons a Khan-Cheick-Heu, hameau où d y a un tres-beau khan et, à sa porte, une charmante ^heures et demie,
ressource : deux grands bassins remplis d'eau. L'aga nous apprit qu'à trois heures de marche dans le
désert, à un endroit appelé Telmesis, il y a des ruines considérables qui commencent à une lieue d'ici
et vont jusqu'à douze lieues. A Anderin, à six heures de distance, il y en a d'autres; mais il est im-
possible d'y aller parce qu'il n'y a pas d'habitation, et que les Arabes y ont en permanence un camp d'où
ils guerroient avec les villages des environs.
Depuis notre départ d'Halep nous avons remarqué une grande différence entre les habitants de ce
pays et ceux de l'Asie Mineure. Plus habitués à voir des voyageurs, ils les accueillent bien, les servent
avec empressement, et n'ont pas cette curiosité effarée des Turcs qui amenait dans notre demeure les
villages tout entiers.
rieur, pierres sculptées ou couvertes d'inscriptions apportées du dehors, tout, excepté la recherche du
beau et le soin de l'exécution.
Nous quittons Halep le 3i janvier; nous allons à Damas avec l'intention de nous arrêter à Hamah, dhalep
si nous pouvons y trouver des Arabes assez puissants pour nous conduire à Palmyre. Le consul de A^h™™AN'
France nous donne des lettres pour toute la Syrie; nous en recevons en outre des autres consuls, qui, Hi«yh>im7.
en raison de leur commerce, ont des relations étendues. Le fils du consul d'Autriche se joint à
notre caravane, qui, à elle seule, lui constitue une escorte. Ce jeune homme, atteint d'une phthisie
pulmonaire, va chercher en d'autres climats un remède qu'il trouvera dans une mort prochaine. Il
voyage, comme mon père, couché dans un tactaravan. Toute la population franque d'Halep est à cheval
et nous accompagne jusqu'à Ansari, à une petite lieue de la ville: les Français, en notre honneur; les
Juifs, pour faire fête à leur coreligionnaire, notre nouveau compagnon. Ce cortège magnifique réunit
les plus beaux chevaux d'Halep. Après avoir embrassé tous les chrétiens et salué les Juifs, nous
nous séparons cordialement et nous continuons notre roule pour Khan-Touman, qui sera Je gîte du
soir. C'est un hameau groupé autour d'un grand khan dans lequel le pacha a placé 3oo soldais pour
protéger la route. Les maisons y sont couvertes d'une manière singulière : les toits plats en terrasse,
comme nous les avons vus jusqu'à présent, prennent ici la forme de meules de paille et sont cons-
truits en briques. Ce hameau s'étend jusqu'au fond d'un petit vallon où il y a un peu d'eau.
Nous sommes rejoints, dans la soirée, par cinquante pèlerins chrétiens qui se dirigent sur Jéru-
salem, les uns venant d'Arménie, les autres des bords de la mer Noire, tous bien armés et bien montés.
Nous devenons pour eux, comme eux pour nous, une excellente escorte, et avec ce renfort nous pou-
vons résister à trois ou quatre cents Arabes.
L'heure du départ est matinale, car on nous annonce une forte journée de marche. Nous traversons dekhan-touman
un pays lugubre semblable à celui de Dana à Halep. Mêmes mouvements monotones du terrain, mêmes ge^eù^demie,
roches grises, mêmes traces continues d'une ancienne population monacale. Après trois heures de tcrfévrier-
marche fastidieuse, nous descendons dans une plaine immense; nous trouvons là, au pied d'un ma-
melon détaché, une belle source où l'on vient puiser l'eau de plusieurs lieues à la ronde. C'est natu-
rellement l'endroit que les Bédouins ont choisi pour inquiéter et pour attaquer les caravanes; ils
savent qu'elles s'y approvisionnent d'eau, et, cachés derrière le mamelon qui domine la source, ils
guettent leur proie. Il faut croire qu'ils ont manqué de courage; car, au lieu d'une scène de carnage,
nous avons un tableau biblique. Les femmes des villages environnants sont venues puiser l'eau à la
source, et, dans la grâce de leurs mouvements, dans la majesté de leur démarche, dans les tons har-
monieux de leurs vêtements, elles rappellent ce que l'antiquité nous a laissé de plus suave.
Après avoir remarqué à notre droite plusieurs agglomérations de maisons, assises sur une rangée
de collines basses, nous arrivons à Sermine, beau village assis sur une hauteur, possédant un vaste
khan et une mosquée flanquée d'un grand minaret carré.
Aujourd'hui notre étape doit nous conduire à Marrah. Nous passons à Khan-Sebel, point de sépa- de sermink
ration des pachaliks de Damas et d'Halep. Le khan a l'aspect et la consistance d'une forteresse arabe, SIX^ZTldem.e,
et il abrite la population tout entière. La porte" en est d'une construction remarquable: elle est formée * ■**■«■■•
d'une seule grande pierre tournant sur un pivot central. Nous laissons à notre droite, sur les hauteurs,
la jolie petite ville de Rija, arrosée par un ruisseau qui descend d'une montagne et se perd ensuite
dans les vergers de la ville et dans la vallée.
Marrah, situé sur une hauteur, est un gros bourg qui possède deux khans magnifiques, construits à
son entrée, mais tombant aujourd'hui en ruines. Il y a en outre un bazar.
Aujourd'hui nous traversons un pays dénudé; ce n'est pas le désert, mais c'est l'aridité et la misère, de marrah
AT 1_ x m ■ J. . . -,.TT . -, ., 111 I a khan-cheik-heu
mous couchons a Khan-Cheick-Heu, hameau où d y a un tres-beau khan et, à sa porte, une charmante ^heures et demie,
ressource : deux grands bassins remplis d'eau. L'aga nous apprit qu'à trois heures de marche dans le
désert, à un endroit appelé Telmesis, il y a des ruines considérables qui commencent à une lieue d'ici
et vont jusqu'à douze lieues. A Anderin, à six heures de distance, il y en a d'autres; mais il est im-
possible d'y aller parce qu'il n'y a pas d'habitation, et que les Arabes y ont en permanence un camp d'où
ils guerroient avec les villages des environs.
Depuis notre départ d'Halep nous avons remarqué une grande différence entre les habitants de ce
pays et ceux de l'Asie Mineure. Plus habitués à voir des voyageurs, ils les accueillent bien, les servent
avec empressement, et n'ont pas cette curiosité effarée des Turcs qui amenait dans notre demeure les
villages tout entiers.