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Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Hrsg.]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Hrsg.]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0040
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— 24 —

Cependant, après quelques explieations, pour satisfaire un peu ce ridicule personnage et maintenir la
bonne harmonie entre lui, Nhaar, notre cheik, et Hadgi-Hassan, notre bote, à la prière de ce dernier,
nous donnons a Marhanna 5o piastres pour la nourriture de ses chevaux dans la ville. Il les accepte,
et nous dit en parlant : Remerciez mon ami Hadgi-Hassan, sans lui je ne serais sorti d'ici qu'avec les
f,5oo piastres que vous me devez. Ainsi se termine cette dernière difficulté créée par les exigences des
Arabes du désert de Palmyre. Nous ne faisons que rire de celle-ci, en admirant la facilité avec laquelle
ce chef de tribu se contente de 5o piastres après avoir fait le voyage de son campement à Hamah et
de Hamah ici pour en chercher i,5oo.

Au moment de quitter la ville d'Homs, nous terminons nos affaires avec le vieux cheik Nhaar, le
seul Arabe qui ne nous eût pas manqué de parole dans cette désagréable expédition de Palmyre. INous
le traitons de manière à le satisfaire, et il emporte au désert notre estime avec notre reconnaissance.
Avant de partir., il céda à nos instances, et nous donna l'explication de cet air mystérieux et mélancolique
qui ne le quitte pas. ce Depuis quatre générations, ma famille, nous dit-il, commande la tribu des Spaa,
et, par l'aide de Dieu, que je remercie dans toutes mes prières, sous notre direction, la tribu a pris un
accroissement rapide. Chaque jour encore elle acquiert de nouvelles forces et elle s'étend aujourd'hui
de l'Euphrate à TOronte. En peu de temps, dix mille cavaliers pourraient se ranger sous mes ordres.
Je me suis acquis des droits considérables, la caravane de Bagdad me paye chaque année un tribut
de 6 à 8,000 piastres, et chaque Persan qui va en pèlerinage a la Mecque me doit 25 piastres. Dieu
m'a accordé plusieurs frères et des fils, et j'espère que dans sa toute-puissance il conservera le
pouvoir dans ma famille. 11 semblerait donc que je n'eusse rien à désirer, puisque j'ai force et richesse;
mais il y a quelques années un accident bien naturel, que je ne pouvais prévenir, m'a enlevé
ma tranquillité. Quelques hommes de ma tribu escortaient une petite caravane qui fut attaquée
par des Anezéh, de la grande tribu; ils se défendirent, et un des assaillants fut tué. Vous savez les
conséquences terribles d'un meurtre, même juste; et, dès que le sang sépare deux tribus, si la famille
de celui qui a succombé ne se contente pas d'un accommodement, une guerre est inévitable. Depuis
ce malheureux événement j'ai couru à Damas, au Caire, à Bagdad, pour tout apaiser; je n'ai pu
réussir. On exige de moi l'abandon de mon droit sur la caravane de Bagdad et sur les pèlerins
persans, c'est-à-dire qu'on veut la guerre. Dieu est grand. » Nous lui donnons des consolations, nous
lui exprimons les espérances que nous suggère le désir de le soulager dans sa douleur et la tendre
estime qu'il nous a inspirée; puis nous nous séparons.

Après ces deux journées de parfaite tranquillité, sorte de douce convalescence après une maladie,
nous quittons Horns pour aller gagner la cote de Syrie et continuer notre voyage en descendant le
long de la mer, de Tortose à Gaza. Hadgi-Hassan nous accompagne à cheval jusqu'à"la porte de la
ville, et, après que mon père est monté dans son tacharavan, quand déjà la caravane est en marche,
il achète tout le pain étalé aux devantures de boutique des boulangers et le distribue à une
foule immense de pauvres qui nous assiège de toutes parts, en leur criant de faire des vœux pour
ses holes. C'était mettre le sceau, par une touchante magnificence, à l'hospitalité orientale, vertu
qui disparait de l'Orient lui-même, mais qu'Hadgi-Hassan a conservée dans toute sa fraîcheur.

En sortant de la ville nous passons près du tombeau antique que j'ai dessiné, et mon père congédie
8 heures de marche. 1C1 l'évêque grec qui nous accompagnait à cheval suivi de plusieurs membres de son clergé. Notre
route traverse, pendant une demi-heure environ, des vergers très-bien cultivés, clos de haies vives
et plantés de noyers, de mûriers et d'oliviers. Nous marchons ensuite sur un terrain rocailleux
semblable à celui qui environne Halep, puis nous traversons l'Oronte à trois quarts d'heure de marche
de Homs, près d'un grand moulin. En continuant notre route sur une suite de petits mamelons,
nous parvenons à Beflaya, village assez misérable, notre gîte pour cette nuit. L'antiquité n'a rien à
revendiquer dans les ruines sur lesquelles les pauvres habitants ent élevé leurs cabanes: c'est au
moyen âge qu'elles appartiennent. La vallée de Bokeiah et la petite ville qu'on trouve, appelée La
Boquée dessus le Crac, correspondent à cette position.

DE

HOMS A BEFTAYA

22 FÉVRIER.

DE BEFTAYA
A SAN-GEORGIOS.
7 heures de marche.

23 FÉVRIER.

EL HOSN (Planche X, 18
Première vue, prise de la route de Homs à Tartous.
Le lendemain, pendant cinq heures, la route que nous suivons est d'abord rocailleuse, escarpée,
 
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