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Laborde, Alexandre Louis Joseph de; Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Hrsg.]
Voyage de l'Asie mineure — Paris, 1838

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https://doi.org/10.11588/diglit.4046#0066
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— 39 —

Nicomédie, Nicée dut être toujours fortifiée, la faiblesse de sa position et sou importance l'exigeaient
ainsi. Les proeonsuls romains, qui établirent leur résidence* dans ses murs, n'étaient pas assez impoli-
tiques pour les laisser tomber, et on sait assez ce que la prudence de ces maîtres du monde accumulait
de pierres pour maintenir plus solidement leur domination. A toutes ces époques, des matériaux neufs,
la pierre et le marbre, taillés exprès, entrèrent seuls dans les constructions et dans le remaniement des
fortifications. Mais lorsque les barbares eurent envahi l'Asie, lorsque la prise de Nicée, le sac et la ruine
de cette ville eurent prouvé aux habitants échappés au carnage qu'il fallait, à de nouvelles et plus terri-
bles invasions, opposer de nouvelles et plus fortes digues, alors on se mit à l'œuvre, non plus avec calme
et, comme avaient fait les Grecs et les Romains, avec ce luxe qui choisit les matériaux et qui laisse place
aux arts dans les constructions les plus prosaïques; mais, celte fois, à la haie, en faisant flèche de tout
bois, en construisant avec des matériaux de toutes mains. Nicée avait eu des temples, des palestres, des
bains publics, des théâtres. Tous ces monuments, ravagés par la guerre, auraient pu se relever à peu de
frais; mais ils étaient devenus inutiles à une population amoindrie, tourmentée d'inquiétudes et moins
riche; on les détruisit, et les aneiennes fortifications se complétèrent, ici avec les gradins d'un théâtre, là
avec les pierres votives des chemins; dans ce mur, avec des fûts de colonnes, et plus loin, avec leur
base; partout enfin avec l'emploi brutal, débouté et maladroit des restes les plus respectables d'une
brillante civilisation. Nicétas a bien rendu l'impression qu'on éprouve à la vue de ces sauvages dévas-
tations : il décrivait dans cette ville le pillage de Conslantinople, la ruine de ses monuments, et il est
évident que l'historien grec s'inspirait de la désolation de Nicée et de l'étrange formation de ses murailles.
Pourquoi cette vue ne l'a-t-elle pas rendu plus indulgent pour les Latins, en laissant porter les coups
de son indignation contre la nature dévastatrice de l'homme, la même et toujours la même.

Ce misérable et hâtif travail de reprise et de restauration des fortifications de Nicée a été la
véritable cause de la ruine presque complète des monuments de la ville ancienne. Nicée n'a conservé
en place que les vastes vomitoires de son théâtre. Si l'on jugeait de la grandeur de la ville au troisième
siècle par son enceinte de murs, on s'en ferait une fausse idée; elle devait être déjà très a l'aise dans
cette enveloppe fortifiée, mais ses maçons suivaient les fondations des anciens murs et ne se permet-
taient que de légères déviations à un plan dont ils n'étaient pas les auteurs, et qui répondait à
d'autres besoins.

Le système de défense adopté était alors général : il se retrouve à Constantinople. Ici deux enceintes
de murs reliés par des tours placées de distance en distance, se protégeant mutuellement parleur posi-
tion en échiquier et par une plate-forme qui permettait aux assiégés, à l'abri derrièie des créneaux,
de lancer des pierres et des flèches sur leurs adversaires. Il n'y a ni mâchecoulis, ni poternes : ces
précautions ou ces inventions n'étaient pas en usage alors; plus tard l'emploi général des arbalètes, puis
de la poudre, les a rendues nécessaires.

NICÉE (PI. XVI, 34).

Vue de la porte du nord ou de Constantinople, prise hors de la ville. (La planche porte, par erreur, dans la

ville) (1).

(Dessinée par Léon de Laborde.)

Nous avons commencé notre étude par la porte de Constantinople, qui s'ouvre au nord de la ville
dans l'axe de la porte de Lefke, cette dernière située au sud. Mannert, qui est toute notre bibliothèque,
nous apprend que Strabon, en vantant la régularité de Nicée, affirmait que d'une pierre placée dans le
gymnase on voyait les quatre portes de la ville. Strabon a sans doute dit, ou il a voulu dire, que de cette
pierre on voyait au travers des quatre portes; car autrement, de tous les points élevés de la ville, et
sans être à son centre, on devait voir ses portes, elles-mêmes élevées en arcs de triomphe. Comme les
nuatre portes de Nicée, celle-ci est triple; et d'abord, à l'extérieur, elle présente deux tours qui sortent
de plus du demi-diamètre hors des murs et qui encadrent l'entrée, construction d'arlequin composée de
toutes pièces. Trois belles colonnes de granit forment la porte; deux sont placées verticalement en forme

( ) Cette planche el les suivantes, qui représente ni Nicée, ont été exécutées pendant mon dernier voyage en Grèce. Je n'ai pu diriger l'artiste.

^ l'-J Lit dans tout le cours de cette lente publication. Il a quelquefois mal interprété des croquis que je n'avais pas eu le temps de mettre
comme 1e 1 ai ïaii uaus ium iv *«*.»•» ■ , >

à l'effet; on voudra donc bien suppléer, à ce que ces planches ont d mcomplet, par la cfescr.pt.on de mon Journal.

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