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Lafitau, Joseph François
Moeurs Des Sauvages Amériquains, Comparées Aux Moeurs Des Premiers Temps: Ouvrage enrichi de Figures en taille-douce (Band 1) — Paris, 1724

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https://doi.org/10.11588/diglit.10366#0066
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3£ MOEURS DES SAUVAGES

reçu de Dieu une très-grande fécondité , dévoient
s'être multipliez &: répandus fort au loin fur la
Terre. Quoique l'Ecriture Sainte ne nous donne
point de connoilfance au jufte des Païs qu'ils oc-
cupèrent , &: que les Livres prophanes ne nous en
apprennent rien , il eft probable néanmoins qu'ils
habitèrent les mêmes Païs , où la pofterité de Noé
fe rejetta d'abord après le Déluge, c'eft-à-dire,
qu'outre une grande partie de l'Aile , ils poffe-
derent encore l'Egypte, la Lybie , & cette Partie
de l'Europe qui eft la plus Méridionale.

Peut-être que malgré l'incertitude où nous jet-
tent les Auteurs, en confondant les temps qui
ont précédé le Déluge univerfel , & ceux qui
l'ont fuivi : on ne laiiîeroit pas de démêler un peu
la vérité fi on vouloit s'y appliquer. En effet, s'il
eft vrai, comme je le dirai plus au long dans la-
fuite , que la Cerés des Grecs, l'Ifis des Egyptiens,
ôc la Mere des Dieux des Phrygiens, ne foiene
autre chofe qu'Eve, la Mere de tous les hommes -7
prefque toute la fable de la Mythologie payenne
devra fe rapporter aux temps qui ont précédé
le Déluge. Les déluges de Deucalion ôc d'Ogyges
ne feront plus des déluges particuliers : mais le
vrai Déluge univerfel, dont il n'eft prefque point
de Nation qui n'ait retenu quelque idée , mais
une idée qui étoit très-confufe au temps des Au-
teurs prophanes qui en ont écrit les premiers après
Moïfe.

Il eft confiant que l'Hiftoire du Déluge de
 
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