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Lafitau, Joseph François
Moeurs Des Sauvages Amériquains, Comparées Aux Moeurs Des Premiers Temps: Ouvrage enrichi de Figures en taille-douce (Band 1) — Paris, 1724

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https://doi.org/10.11588/diglit.10366#0146
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no MOEURS DES SAUVAGES

le dérangement qu'ont caufé ces trois chofes réu-
nies contre la Religion qu'elles confpiroient à
détruire, l'Article le plus elTentiel, qui eft le fen-
timent d'une Religion ôc d'un Etre fuperieur 3
eft toujours demeuré invariable.

L'Auteur de la Nature créant l'homme à fon
Image ôc à fa reffemblance , imprima alors l'idée
de lui-même d'une manière inefaçable dans les
cœurs les plus féroces, & dans les efprits les plus
groffiers. Cette idée fe fait fentir par tout ce qui
eft en nous la preuve de nôtre foibleffe. Nôtre
dépendance elle-même, nôtre impuiiTance, nô-
tre dérèglement toujours combattu par une recti-
tude naturelle, fondée fur les lumières de la rai-
fon ôc de la confcîence, nous aident à nous éle-
ver au-deffus de nous-mêmes, &; à chercher hors
de nous un Maître qui ne foit pas fujet à nos mi-
feres.

En vain les Athées prétendent-ils s'autorifer
dans leur incrédulité , en fe perfuadant que les
Peuples barbares n'ont d'eux-mêmes aucun fen-
timent de Religion, ôc que l'origine du culte Di-
vin fe doit à l'induftrie des Législateurs, qui pro-
fitèrent de la grofliereté des Peuples de de leur
fotte crédulité, pour leur perfuader des chofes ca-
pables de retenir leurs efprits par la crainte ,
mais que les Philofophes & les gens d'efprit dans
lefquels ils s'efforcent de trouver un Athéïfme
raffiné, n'ont eu garde de croire, quoiqu'ils par-
lalTent eux-mêmes de la Religion dans les plus
beaux termes.
 
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