Lafitau, Joseph François: Moeurs Des Sauvages Amériquains, Comparées Aux Moeurs Des Premiers Temps: Ouvrage enrichi de Figures en taille-douce (Band 1) (Paris, 1724)

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roitre en combattant contre He&or. Tout étant
fervi, il n'en eft point , qui ne mange tout de fon
mieux.

Après le repas, le maître du feftin commence
l'Athonront, ou laPyrrhique, laquelle eft parti-
culière aux hommes. Ils (e relèvent dans cet exer-
cice, en commençant par les plus considérables,
& continuent ainfi en defcendant jnfqu'aux plus
jeunes. Ils ont cette civilité les uns pour les au-
tres , & cette attention , que chacun attend qu'un
autre plus digne que lui entre en lice, ôc prenne
le pas. Ils ne fe font point pour cela des révé-
rences Ôc des complimens à la Françoife , mais
ils demeurent dans l'inaction , fans rien faire, de
forte qu'on eft obligé d'en nommer quelques-uns,
& de les exhorter à ne point laifTer d'inter-
ruption, quand un autre a fini.

Les Anciens & les confiderables ne font a fiez
fouvent autre chofe , que de fe lever a leur place,
& fe contentent en chantant, de faire quelques
inflexions de la tête , des épaules, ôc des genoux ,
pour foûtenir leur chant. Les autres , un peu
moins graves, font quelques pas, & fe promènent
le Ions de la Cabane au tour des feux. Chacun
a fa chanfon particulière, c'eft-à-dire , un air,
auquel il ajufte fort peu de paroles, qu'il répète
tant qu'il veut ; j'ai remarqué même qu'ils re-
tranchent quelques fyllabes des mots, comme fi
c'étoient des vers, ou des paroles mefurées, mais
fans rime. Celui qui veut danfer , commence en

Tome I. V u u