«g8 Voyages d'A n t e w o b.
si vos disciples suivent votre exemple , vou»
leur aurez appris une vie triste et malheu-
reuse ». — « Je vois bien, Antiphon, lui 1 ép< >n-
dit Socrate , que vous aimeriez mieux mourir
que d'en mener une pareille. Mais trouvez-
vous que je manque de rien ? Me voyez-vous
plaindre du froid , du chaud , de la faim, de
la soif? Vous croyez que le bonheur consiste
dans la magnificence ; et moi je crois que celui
qui a le moins de besoins approche le pi us de
la divinité : tous ces gens que vous nommez
riches et heureux sont fort conlens lorsqu'ils
font quelque profit; croyez-vous que les jouis-
sances de la vertu soient moindres « ? Lasthénie
interrompit Ariston pour lui demander s'il
n'avoit pas imité certains rois, qui s'étoient
repentis plus d'une fois d'avoir abdiqué leur
couronne. —Jugez si je puis nourrir quelques
regrets. A présent je vais seul où je veux , au
marché , à la place , à la promenade , à pied
ou à cheval ; je dine à la campagne, à la
ville , sous un figuier ou dans ma chambre, et
à l'heure qu'il me plaît. Ai-je sommeil? je vais
me coucher ; je me lève tard ou tôt, à ma
volonté ; je travaille mon jardin , j'ouvre un
livre, ou je reste profondément oisif, suivant
mon caprice. Si j'ai chaud, je prends le frais.
Ai-je froid ? je me chauffe. Suis-je fatigué de
si vos disciples suivent votre exemple , vou»
leur aurez appris une vie triste et malheu-
reuse ». — « Je vois bien, Antiphon, lui 1 ép< >n-
dit Socrate , que vous aimeriez mieux mourir
que d'en mener une pareille. Mais trouvez-
vous que je manque de rien ? Me voyez-vous
plaindre du froid , du chaud , de la faim, de
la soif? Vous croyez que le bonheur consiste
dans la magnificence ; et moi je crois que celui
qui a le moins de besoins approche le pi us de
la divinité : tous ces gens que vous nommez
riches et heureux sont fort conlens lorsqu'ils
font quelque profit; croyez-vous que les jouis-
sances de la vertu soient moindres « ? Lasthénie
interrompit Ariston pour lui demander s'il
n'avoit pas imité certains rois, qui s'étoient
repentis plus d'une fois d'avoir abdiqué leur
couronne. —Jugez si je puis nourrir quelques
regrets. A présent je vais seul où je veux , au
marché , à la place , à la promenade , à pied
ou à cheval ; je dine à la campagne, à la
ville , sous un figuier ou dans ma chambre, et
à l'heure qu'il me plaît. Ai-je sommeil? je vais
me coucher ; je me lève tard ou tôt, à ma
volonté ; je travaille mon jardin , j'ouvre un
livre, ou je reste profondément oisif, suivant
mon caprice. Si j'ai chaud, je prends le frais.
Ai-je froid ? je me chauffe. Suis-je fatigué de