en Grèce et en Asie. 297
m'en amusai. Cependant je priai un ami, beau
lecteur , de nous lire le contenu des tablettes.
Quelle fût la surprise de l'assemblée et la jubi-
lation de mes frères, quand ils entendirent que
e'étoit une donation que je leur fesois de toute
cette orfèvrerie, de tous mes meubles, de tous
mes biens, ne me réservant qu'une simple mé-
tairie, ornée d'un petit bois et d'une fontaine,
quelques vases d'argile et une belle statue de
marbre, placée au milieu du bois, que j'avois
élevée à la nature ! Mes frères, interdits, em-
barrassés , ne savoient s'ils dévoient accepter
ou refuser. Ils me pressèrent de rétracter mes
bienfaits , ou du moins de m'en réserver une
portion plus considérable. — Non, leur dis-je,
ma résolution est fixe , et voici sur quelle base
elle est appuyée. « Un jour le sopbis te Anriphon
aborda Socrate, qui étoit au milieu de ses
disciples, et lui dit : « Je pensois que la phi-
losophie devoit servir à rendre les hommes
plus heureux, et il me semble que vous vous
écartez de ce principe; votre manière de vivre
est pire que celle du moindre esclave ; il n'est
point de nourriture , d'habillemens plus misé-
rables que les vôtres : d'argent, vous n'en
touchez, jamais , et cependant l'argent réjouit
celui qui le possède , lui procure des distinc-
tions et une foule de plaisirs. En vérité, Socrate,
m'en amusai. Cependant je priai un ami, beau
lecteur , de nous lire le contenu des tablettes.
Quelle fût la surprise de l'assemblée et la jubi-
lation de mes frères, quand ils entendirent que
e'étoit une donation que je leur fesois de toute
cette orfèvrerie, de tous mes meubles, de tous
mes biens, ne me réservant qu'une simple mé-
tairie, ornée d'un petit bois et d'une fontaine,
quelques vases d'argile et une belle statue de
marbre, placée au milieu du bois, que j'avois
élevée à la nature ! Mes frères, interdits, em-
barrassés , ne savoient s'ils dévoient accepter
ou refuser. Ils me pressèrent de rétracter mes
bienfaits , ou du moins de m'en réserver une
portion plus considérable. — Non, leur dis-je,
ma résolution est fixe , et voici sur quelle base
elle est appuyée. « Un jour le sopbis te Anriphon
aborda Socrate, qui étoit au milieu de ses
disciples, et lui dit : « Je pensois que la phi-
losophie devoit servir à rendre les hommes
plus heureux, et il me semble que vous vous
écartez de ce principe; votre manière de vivre
est pire que celle du moindre esclave ; il n'est
point de nourriture , d'habillemens plus misé-
rables que les vôtres : d'argent, vous n'en
touchez, jamais , et cependant l'argent réjouit
celui qui le possède , lui procure des distinc-
tions et une foule de plaisirs. En vérité, Socrate,