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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0198

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i/o Histoire des Turcs,

---de front vne autre au milieu de ces deux, plus grande d'vn tiers, qui amenait ce qui
1 é 5 3* estoit ébranslé en bas : car le boulet porté d'vne telle violence de poudre- comme il en
falloir pour chasser vn si grand poids,ne pouuoit faire sinon vn très- gran<||schcc & ruine:
Fcclatmesme & le tonnerre de ces volées estoit Ci véhémente & espouuentable, que la
terre en trembloit plus de deux lieues à la ronde. Et âinsi commencèrent à battre la
première courtine, n'estant pas la séconde exempte des coups qui y pouuojentarriuer sa-
cilement, pource qu'elle estoit beaucoup plus haute, si bien qu'ils y portaient quelque
dommagemon tant toutefois que les Grecs s'en deu sient ainsiespouuenter. Car ces gros-
ses &; lourdes pièces estans tres-mal-aisces à manier, ne tiroient quesept ou huiâTvolées
par iour, &: la nuict vne tant seulement, encore nestoi t- ce sinon vers le poincl du iour pour
salùer la Diane, &éueiller les autres à recommencer leur exécution & batterie. Mais les
Grecs n'estoient gueres pratiquez de serasseurer en telles necessitez, ny de remparer auffî
pemauec ce qu'ils auoient à faire en tant d'endroits tout à vn coup, qu'ils ne sçauoient au-
quel entendre: Pource que les Ianislaires s'estans pourueus de grand nombre de gabions,
Dihigencc ^ jc mantciets ou l\s pouuoient demeurer à couuert, gagnèrent les vns le fossé, les au-
des 1,'miil.s! • . 1 * ' o O 5
tes. très ayansclleuc vne petite douue ou rempart sur le bord delacontrescarpe, la perçoienc
par endroits, & de là comme par des canonnières tiroient incessamment & sans inter-
mistion,comme vne gresle de ssesehes &: d'harquebusades aux créneaux : de sorte que
personnen'y osoit comparoir, ne tant soit peu y sejourner pour leur porter quelque
grand dommage. M ce h met outre tout cela fit faire pînsieurs mines qui passoient par
dessous le folié, & les fondemens des deux murs iusques bien auant dans la ville : Et
à l'endroit où l'on les auoit ouuertes, afin que les ouuriers qui iroient & viendroient
pour tirer la terre fussentplusseurement, estoient eschasfaudées quatre tours sur certai-
nes machines de bois dont on lançoitdes lances, pots à feu, & autres artifices contre
ceux de dedans: Mais les mines ne vindrent point à effet, pource que les Grecs allèrent
au deuant ; & les ayans éuentées, contraignirent à force de feu &c de fumée les Turcs de
les abandonneras auoient encore accommode vne autre tour de bois beaucoup plus ex-
haussée que les pretedentes, au haut de laquelle y auoit grand nombre d'eschelles, & de
ponts portatifs pour jetter sur le rempart. Toutes lesquelles choses se fin soi en t du celle
de la terre, pour c(soyer si elles- leur pourraient succeder en quelque sorte & manière à
forcer la place.
III. Mais comment elle fut cependant a (saillie aussi deuers la marine, vous l'entendrez
presentement. Quand les Turcs virent qu'ils ne ponuoient gagner le port à cause des
chaisncs qui en defcndoient l'entrée,! ls s'aduiserent d'vn ouurage terrible &merueilleux,
afin que tout à vn coup ils la pu ssent serrer & par la terre & par la mer; ce fut de remor-
guer les vaisléaux vers l'endroit où estoit campé le Zogan, d'où à force de bras ils tirèrent
contre-mont vne colline iusques à soi xante & dix nauires, quelques galères, auec tout
leur equippage de voiles & auirons : Puis les couîans en bas , les aualerent derechef en
l'eau à lafaueur de quelques pièces, & d'vn grand nombre d'archers & d'harquebusiers
arrangez sur la greue, quLgar dolent les Grecs desemonstrer en lieu dont ils les pûssent
offenser : lesquels d'autre costé considerans l'importance dont cela à la parsin leur pou-
uoit cstrc, emplirent soudain de gens de guerre les vaisseaux qui se trouuerent dans le
port, venans d'vne braue & ajTeuree contenance pour le commencement assailiir ces vais-
seaux 3 & y mettre le feu : mais l'artillerie de pleine arriuée en enuoya deux à fonds, telle-
ment que ceux qui ne seeurent nager vindrent en la main des Turcs, qui leur firent fort
mauuaise guerre: car dés laube du iour ensuiuant ils lesmassacrerent cruellement deuant
Cruauté des X.vne des portes de la ville, à la veuë de ceux qui estoient surie rempart. Les Grcxs irritez
deux costez de ce cri-minel spectacle, pendirent sur l'heure mesme aux créneaux tous les Turcs qu'ils
vns^dS'au? tenoientprisonniers; & ainsi se compensa la mort honteuse des vns & des autres. Mais ce-
tres. pendant, le port se trouuoit vuide & desnué de toute resistance: car les vaisseaux qui y
estoicnt,n'osoientplus semonstrer pour crainte de l'artillerie. Au moyen dequoy les Turcs
allèrent jetter l'ancre tout au pied delà muraille; & firent vn pont en cét endroit de la ter-
re-ferme qu'on appelle les Ceramariens,qui trauersoit d'vn bout à autre, lequel estoit fait
Pont dresse de fustailles & tonneaux liez ensembîe deux à deux,& retenus par les collez auec des cha-
furlanïcr1" ^cs ^ cordages, pour les tenir fermes, & les garder de bransser; puis les planchèrent dais
par dessus,&: semerent de grauois & de sable: tellement qu'ils auoient le paisoge libre pour
aller & venir à toutes heures du logis du Zogan iusqu'aux murailles de la ville, qui de-
meuroit close 3c enueloppée de tous codez, sans que personne n'y pu il plus entrer ny en
sortir.
 
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