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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0248
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-■■ ■ .
lïo Histolre ces Turcs.

aoec le plus de gens qu'il pourroit faire. LeBasîa fitresponse, qu'il en aduettiroitvolon-
* 2s tiers Ton Maistre pour entendre sa volonté là-delîus; lequel en eut tel plaisir & contente-
ment , craignant de faillir cette entreprise, qui de vray eût tourné à vne trop grande im-
portance & préjudice pour sa réputation, que sur le champ il repaisa en Tille pour faire la
composition iuy-mesme. Le Prince,apres queles seuretez eurent esté données d'vne part
& d'autre, sortit de la ville, accompagné de quelques liens fauoris, &: fut conduit deuers
Mechmet poiirluy aller baiser lamainenson pamlion, où il estoit en si pompe $c magni-
Harançrue du ^cerice- S'estant làprosterné àses pieds, il luy parla en cette sorte. Tu /fais a/fez, 9 Sei-
s rince de gneur, comme depuis que iefuis entré en la pojsefiion ér jouïjfance de cette ïjle, ie n'ay iamais
Methclmà enfraint en rien que ce foit le refbetté" obelfiance (tint'efroh dette, ne me feauroit perfonne
Mechmet. J r» ■ s i ■ > i r r Ji ■ r ~ \
arguer a auoir oneques j aupe ma parole,ne contreiienu a chojc que i eu fie promije. Or quanta,
ceux qui ont efté pris fur les terres de ta liautcfse, on pourra aisémentfi auoir des habitans de
l'Afie 3 comment ie m y fiuis gouuerné 3&sin y en ay receu vn feul: Car créature n*eft arriuée icy
fè reclamant de ton heureux nom,}que ie ne Paye fur le champ fait mettre a pleine & entière déli-
vrance ; ayantfoigneufement t ou pour s l'œil a cela, que ce qui auroit efté pris fur les Turcs,
fuft rendu a ceux qu il appartiendrait. Si i'ay au demeurant receu des Corftires en mes port s, ça,
■eftépour m exempter des maux & dommages qui le me pouuoient faire % & ne fe trouuera point
que ie leuraye iamaisfait ouuerture^ne donné vnfui moyen £ allerfur tes terres: s'ils l'ont fait
autrement -, f a efté fans mon feen fie le te iure & certifie fur la foy queie dois a mon Dieu. Et
neantmoins nonobftant toutes ces innocences, il faut que iaye encouru ta maie grâce, fois
maintenant réduit a te quitter ma ville, mon pays, & mon peuple s toutle bien & fubfiance que
mauoient laifié mes anceftres,pour lemaintenementde ma vie & démon Eft.it,ftnsoneques
auoir fait chofe ,pour laquelle vn panure Prince deut ainfi a tort & sins caufe eftre déshérité.
Mais puis quilplaifiâ la fortune,ie te fupplieatout le moin s,Seigneur j que Juin ant ta magna-
nimitéaccoufiumée, attendu que ie mefuis ainfi sranchement (oufmisiî ton vouloir i& fé fur
ta fimple parole ,que les conditions qui m ont efté promifes foient accomplies : Et ne permets,
toyqus as le cœur fi noble & généreux, qu'vn homme de m ai fin i Unfire aille c'a ér la vagabond
par le monde, mendierfonpain le refte de fes iours. Ces paroles, & autres pleines de grande
compassîon proferoit-il à chaudes larmes, eliant toujours à genoux douant Mechmet:
adjoustant que ce n'auoit point esté par opiniastreté de vouloir côntester contre vne telle
puiiTance, la plus grande de toutes les autres, s'il n'auoit obey à sa première sommation,
mais par la témérité de la commune, & les exhortemens des Corsaires, & de quelques au-
tres mutins qui les auoient animez a tenir bon, craignans la rigueur de sa justice. Mech-
met , après s auoir aigrement repris Se tansé, qu'il eust esté si presomptueux doser seule-
ment contredire au moindre de ses commandemens,luy dit au reste qu'il ne se souciast, Se
que demeurant en la fidélité & obeïssance qu'il luy promettoit, il deuoit espererde plus
grandes choses, que celles qu'il luy remettoit entre les mains. Etlà-dessus monta à cheual
pour aller prendre posTesïion de la ville,&: en mettre le peuple dehors: enuoy ant gens aue®
Rend la le Prince pour receuoir les autres places &c forteresîes de l'îile. Par toutes lesquelles ils
place. mirent sur le champ des soldats en garnison, pour empeseher les rebellions & surprises.
Au regard des habitans, il laissa le menu populaire , qui n estoit pas pour rien innouer ne
èntreprentre sur les lieux, tant pour le labourage des terres, qu'autres commoditez du
pais, le reste furent en partie faits esclaues, & départis aux îanilsaires: Les riches & plus
grands, il les enuoya à Constantinople, pour toufiours d'autant repeupler la ville. Mais il
fit amener tous les Corsâires, qui pouuoient estre quelques trois cens, en vne place hors
Cruaaté des murailles, &; les exécuter très-cruellement en sa propre presence. Car pour leur faire
épouuenta- mjeux sentir ra mort. ^ qU5us languilsent dauantage, on les coupoit en deux moitiez par
le faux du corps à" l'endroit du diaphragme, d vn seul coup de Cimeterre bien trenchant &c
affilé, artifice certes trop inhumain; de faire ainsi sournir à vn mesme corps le cruel senti-
ment de deux morts tout ensemble, pour sauoir separé en deux parts pleines de vie, les-
quelles on pouuoit voir horriblement se démener par quelque espace de temps, aube des
gestes tres-épouuentabîes & hideux, à cause des angoisfes &: tourmens qui les prestbient.
Il mit au reste deux cens de ses lanisîaires de sa garde dedâs la ville de Mcthelin, auec trois
Cens Azape's. pour la seu r été d'icelle; &y laissa pour Gouuerneur le fils de Samblates, qui
de son viuant auoit esté Cadilescher, c'est à dire,Fvn des plus grands Preuosts de la Porte,
homme de toute intégrité, & en réputation d auoir tousiours fait autant bonne Iustice,
que nui autre qui fut oneques au seruice des Othomans employé en pareille charge.
E)efait3 ilne laisfoitrienpasser impuny qui eùst mérité chastiment, & si estoit parmy cela
fore
 
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