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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0368

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34° Histoire des Turcs,
chap. 10. Qv elle manie possedoit lors cet Estat Turquesque J qu'il falîoit auoir à tout prô-
ël' pos l'espée à la main , tantost le fils contre le pere , ou le pere contre les enfans, quel
regret deuons-nous auoir maintenant d'auoir perdu tant de belles occasîons? mais les
Italiens qui sçauoient bien faire alors vne ligue pour deposseder vn Roy de France de
ce qui luy appartenoit légitimement, ne la peurent toutesfois iamais faire bien à propos,
pour rentrer dans cequei'ennemy du nom Chrestien leur auoit vsurpé,aymans mieux
perdre vne bataille à Rauenne : que de s'efforcer d'en gagner vne en la Grèce, comme
• il y a grande apparence qu'ils eussent fait, s'ils y fusifent allez tous ensemble auecques
bonne intelligence. Mais la cruauté de cette race des Othomans ,n'est-elle pas toute
bestîale de se taire mourir ainsi les vns les autres à chaque bout de champ ? & de fait on
trouuera plus de parricides, matricides & fratricides en cette seule famille, en l'espace de
trois cens ans, que toute l'antiquité ne nous en a remarqué dans toutes les Histoires
qu'elle nous alaissées par escrit,& ce en l'espace de plus de quatre "mille ans. Quanta
Selim quise fortifie & sembleparsa prudence vouloir mal-gré le Ciel venir à chef de les
entreprises, on luy a appris que le grand Diev ne fauorisoit iamais des armes si iniustes,
si bien que luy qui estoit si grand guerrier $ ôc qui s'est assujetty de si grands &: si puhTans
Princes 3 Se qui d'abondant estoit le plus fort en cette guerre qu'il entreprenoit contre
son pere, a esté vaincu par vn pauure vieillard, malade , qui ne pouuoit cheminer , èc
qui n'auoit mesme auparauant quasi personne de son party , ( les Ianissaires estans du
party de son ennemy ) neantmoins la lustice Diuine leur donna au combat tant de cou-
rage , que cét enfant cruel & dénaturé fut contraint de s'enfuir, ôc laisser l'honneur de la
victoire à son pere.
cïap. iy E t quant à ce conseil que tint Bajazet, il y auoit entre ses Bassats la plus grande im-
prudence qu'il estoit pofTible : car puis qu'ils desseignoient de maistriser les Ianissaires, ils
deuoient y apporter tel ordre que les autres n'eussent point fait l'affront qu'ils firent à
leur Empereur & à eux-mesme : ioint que ces choses de si grande importance, si elles se
doiuentproposer, au moins nese doiuent-elles pas resoudre en vne si grande assemblée,
qui peut garder rarement vn secret : ioint qu'à l'instant de la sedition , ils perdirent le
cœur, sans qu'aucun d'eust eust vne seule inuention pour deliurer leur Empereur de la
peine où. il estoit, fust en le transportant hors du Serrail par la mer, pour laisser parler
cette furie, ou bien parlant aux Ianissaires pour les appaiser : car quand ils les virent à
l'entrée des portes,,ils pouuoient bieniuger tout ce qui en deuoit arriuer » mais iamais
pas vn n'eut, le courage de parler à eux, ains tous tremblans de peur, ne purent faire
ne dire autre chose, sinon de persuader à ce pauure vieillard, de se démettre de son Em-
pire.
Chap. 14. Cette sedition au demeurant des Ianissaires est sort notable : car peut- estre ne s'en
%5'1 ' est-il iamais veu vne pareille, pour le moins pour semblable su jet, vn beau portraict à la
vérité, pour les Princes & Potentats de la terre, & qu'ils deuroient considerer souuent,
de voir que ceux- cy, qui sélon leur coustume & leur discipline rende vne si estroite obe'ùC
sance à leurs superieurs, qu'on les voye maintenant secoùer le ioug si hardiment, & se
presenter si effrontément à leur Souuerain pour le contraindre de quitter sa Couronne,
qui rend bien cette sentence véritable, que c'est chose horrible que de tomber entre les
mains du D 1 e v viuant, ôc que depuis qu'il efface le caractère de la majesté qu'il imprime
sur la face de ceux à qui il communique le commandement, que toute la cruauté ,1a ty-
rannie ,1a prudence ôc les artifices n'ont pas beaucoup de puissance pour maintenir les
sujets en leur deuoir.
'%s*x' *o' RESTEmaintenantlacatastrophe de cette Tragédie, dignede remarque àiamaispour
% . jo. -p0fl.erjt^ . vn prjnce qui £ l'aage de quatre-vingts ans, & qui sélon le cours de la na-
ture , & les maladies qu'il auoit, ne pouuoit viure encores vn an ou deux, après vn com-
mandement de trenteannées, toutàcoup estre contraint de resigner son Empire à celuy
. qu'il haïssbit le plus au monde, lequel il sut contraint desupplier de luy donner vne re-
traite, & lequel encore ne peut auoir la patience de luy lainer finir ses iours en paix, mais
les luyaduança parvn violent poison au milieu du chemin , ou pour le moins en vnemai-
son estrangere ôc passante, &: de penser après que celuy qui a commis ce meschant acte >
est vnfils,qui après auoir despoùillé son pere de son bien, luy rauit encores la vie\ cela
donne de l'horreur & de la terreur .-Mais quand on voidce parricide exécrable, finir sà
vie en respandant son sang au lieu propre où il auoit voulu ostèr celle deson pere, com-
ité il se verra en son histoire, cela apporte de la consolation. Et quant au pere quiauoic
régné

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