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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0376
34$ Histoire des Turcs
en Octo-
bre
DE L'HISTOIRE
DES TVRCS.
A foiie,disoitvn Ancien,est innocente aux hommes de basse con*
1514. ^SUS!^^^^ dition,dautantqu'ils ne font pointdc mal,parce qu'ils ne peuuent:
comme es mauuais songes^il y a ie ne sçay quoy de douleur qui fas-
che l'ame3quand elle ne peu t pas venir à bout d'exécuter Tes cupi-
ditezmiais quand la puissace est coiiiointe auecquesla malice,elle
adjouste aussi douleur à ses parlions & afFe&iôSjCar levice prenant
alorssacourse par la carrière delà puislance^pousTe & prelie toute
violente action ,conuertisïànt vne colère en vn meurtre j & vue
inclination guerrière en cruauté,laquelle les Egyptiens souîoient.
âutresfoisdesigner par l'Hippopotame, &fortà propos :car comme cet animal sc rem»
plit auidement de lasubstanced'autruy , se voyant trop chargé de graine, il vient lur le
bord du Nil,&. choisiiTant quelque pieu bien pointu , se heurte vne veine qu'il a en la
cuisTe contre iceluy,laquelleayant coupée en cette façon, il vuide vne grande abondan-
ce desang, & après bouche sa playe auecques du limon Que s'il y a iamaiseu Prince
, cruel à qui cecy le doiue rapporter, ce doit estre à Selim, qui s'estant gorgé du sang de
tant de peuples, se rua contre le sien propre , faisant mourir pere , enfans, frères & ne-
ueux, heurtant sa cruauté contre l'ambition, & le tout pour posleder vne pièce de terre
qu'il appliquoità sa bleileure • si que toutson règne, qui n'a pas esté fort long, n'a esté
qu'vn perpétuel ma£Tacre,ôc vne continuelle effusion desang.
I. Selim estant doncques paruenu à l'Empire parles moyens que vous auez entendus,
6c déguilé la joye qu'il auoit de la mort de Ion pere par la magnificence des funérailles,
Selim fait & la riche sepulture qu'il luy fît faire, pensartt cacher son parricide par cette hypocnsic,
fane vne jj n>a t0utesfois iamais sceu colorer tellement sameschanceté qu'elle n'ait esté à là fin
siiperbeic- , , ^ r ■ 1 r 1 1 1 *, ■
pukuie à decouuerte. Or ion pere aubit emmené quant & îoy cinq cens îoldats^oc cinq îeunes
son pere. hommes qull afTecl:ionnoit, T vn desquels estoit vn Menauin Geneuois, qui a eserit cette
Histoire, qui tous ramenèrent le corps à Constantinople, lequel ayant mis en sa dernière
demeure,les cinq cens furent renuoyez chacun chez soy,auecques continuation des mes.
mes gages qu'ils louloientauoir:mais quant aux cinq qui pour le regret de la mort de leur
laissepa$ne maistre s'estoient vestus de noir, Selim de colère les fît mettre tous prisonniers, desquels
d'empri- il en fît mourir deux, 8c les trois autres furent tirez du péril par sintercesîîon de ses filles
féneï ceux ^ des BasTats, &. leur faisant payer leurs gages sans leur donner des robes, il les mit hors
coTent le de son Serrail, les mettant sous la charge du Sulaftarbassi, & suiuirent tousîours depuis
dueii. l'armée, qu'il fit passer incontinent apresenlaNatolie : maisayantauparauantvisîté ses
Sa largesse thresors, il fit vne largesse aux lanisiaires de deux millions d'or, pour leur tesmoigner la
aux .lanis- grandeur de son courage & sa libéralité, augmentant outre cela la paye de ses gens de
cheual, de quatre aspres pour homme, & de deux pour les gens de pied: il n'oublia pas
aussi les BasTats & autres Grands de la Porte qu'il reconneut luy estre vtiles, pour les ren-
dre par ces presens d'autant plus fidèles & plus affectionnez à son seruice.
Guerre A y an T doncques ainsi donné ordre à ses affaires à. Constantinople, il fut bien-tosl
contre son resolu à la guerre contre son frère A chômât : car c'estoitceluy-là qui luy pouuoit le plus
frcreAcko. troublerson reposa êdequel il haïsîbitle plus, comme ayant esté son compétiteur àl'Em-
pire; il desiroit toutesfois s'asTeurer auparauant des armes dés Chrestiens,afin que cepen-
dant qu'il seroit fore éloigné dans l'Aile, ils ne donnasiént sur ses terres 3 & le priilént
au
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DE L'HISTOIRE
DES TVRCS.
A foiie,disoitvn Ancien,est innocente aux hommes de basse con*
1514. ^SUS!^^^^ dition,dautantqu'ils ne font pointdc mal,parce qu'ils ne peuuent:
comme es mauuais songes^il y a ie ne sçay quoy de douleur qui fas-
che l'ame3quand elle ne peu t pas venir à bout d'exécuter Tes cupi-
ditezmiais quand la puissace est coiiiointe auecquesla malice,elle
adjouste aussi douleur à ses parlions & afFe&iôSjCar levice prenant
alorssacourse par la carrière delà puislance^pousTe & prelie toute
violente action ,conuertisïànt vne colère en vn meurtre j & vue
inclination guerrière en cruauté,laquelle les Egyptiens souîoient.
âutresfoisdesigner par l'Hippopotame, &fortà propos :car comme cet animal sc rem»
plit auidement de lasubstanced'autruy , se voyant trop chargé de graine, il vient lur le
bord du Nil,&. choisiiTant quelque pieu bien pointu , se heurte vne veine qu'il a en la
cuisTe contre iceluy,laquelleayant coupée en cette façon, il vuide vne grande abondan-
ce desang, & après bouche sa playe auecques du limon Que s'il y a iamaiseu Prince
, cruel à qui cecy le doiue rapporter, ce doit estre à Selim, qui s'estant gorgé du sang de
tant de peuples, se rua contre le sien propre , faisant mourir pere , enfans, frères & ne-
ueux, heurtant sa cruauté contre l'ambition, & le tout pour posleder vne pièce de terre
qu'il appliquoità sa bleileure • si que toutson règne, qui n'a pas esté fort long, n'a esté
qu'vn perpétuel ma£Tacre,ôc vne continuelle effusion desang.
I. Selim estant doncques paruenu à l'Empire parles moyens que vous auez entendus,
6c déguilé la joye qu'il auoit de la mort de Ion pere par la magnificence des funérailles,
Selim fait & la riche sepulture qu'il luy fît faire, pensartt cacher son parricide par cette hypocnsic,
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Histoire, qui tous ramenèrent le corps à Constantinople, lequel ayant mis en sa dernière
demeure,les cinq cens furent renuoyez chacun chez soy,auecques continuation des mes.
mes gages qu'ils louloientauoir:mais quant aux cinq qui pour le regret de la mort de leur
laissepa$ne maistre s'estoient vestus de noir, Selim de colère les fît mettre tous prisonniers, desquels
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féneï ceux ^ des BasTats, &. leur faisant payer leurs gages sans leur donner des robes, il les mit hors
coTent le de son Serrail, les mettant sous la charge du Sulaftarbassi, & suiuirent tousîours depuis
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Sa largesse thresors, il fit vne largesse aux lanisiaires de deux millions d'or, pour leur tesmoigner la
aux .lanis- grandeur de son courage & sa libéralité, augmentant outre cela la paye de ses gens de
cheual, de quatre aspres pour homme, & de deux pour les gens de pied: il n'oublia pas
aussi les BasTats & autres Grands de la Porte qu'il reconneut luy estre vtiles, pour les ren-
dre par ces presens d'autant plus fidèles & plus affectionnez à son seruice.
Guerre A y an T doncques ainsi donné ordre à ses affaires à. Constantinople, il fut bien-tosl
contre son resolu à la guerre contre son frère A chômât : car c'estoitceluy-là qui luy pouuoit le plus
frcreAcko. troublerson reposa êdequel il haïsîbitle plus, comme ayant esté son compétiteur àl'Em-
pire; il desiroit toutesfois s'asTeurer auparauant des armes dés Chrestiens,afin que cepen-
dant qu'il seroit fore éloigné dans l'Aile, ils ne donnasiént sur ses terres 3 & le priilént
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