(544 Histoire des Turcs,
6 0 quinze cens personnessortirent du sort ,&fe rendirent au camp des Turcs, ne pouuans
_2A.—L- plus supporter les necessitez qu'on y sousfroit : car l'eau manquoir,aussisaisoitie feu saute
de bois, & la terre pour faire des retranchemens,& si l'air y eftoit infe&,ce peu d'eau qu'il y
auoic à la finse trouua salée,vn homme d'esprit en fit bouillir, ô£ adoucir vne quantité,
mais il n'y en auoit pas à demy pour vn si grand peuple. Quant aux galères, en combatanc
continuellement,elles furent réduites à cinq, puisa trois, & vinrent en sin au pouuoir des
Turcs, lesquels auoient désia tiré douze mille coups de canon, f
Grande ne- Alvares les sicns & deffcndoiêt tousiours en attendant le fecours qu'on luy auoit
ccssïtédetou- promjs. maisu fut aduerty secrettement parvnMoredelàGoulette, qu'il n'auroitautre
cesor^" secours'que du ciel : cela sit exposer & tenter toute extrémité, voyant mefmes ses soldats
se précipiter iournellement hors du sort ,n'ayans plus de bois pour cuire du pain. Ayant
doneques laine les Alcmans à la garde de la place, il sortit auecques mille foldats qui luy
restoicnt,& deux heures deuant le iouranaillitsurieusement le camp des Turcs, passales
tranchées, &c tua grand nobred'icetix: mais tout le camp s'eftânt éueillé &: mis enarmes,
ilsutinuestydetouscoftez ,& chargé de sorte, que la plus-part des fiens furent tuez,en-
tfautres, trois ou quatre Cheuahers, luy-mesme pris prisoariier, & presenté aù Bassa par
Autre sortic j)erumS renié Geneuois. Cela sut caufe que les Alemansse voyans sans ches, rendirent le
d'Aluarcs0 sort, à condition de la vie de de laliberté, qui leur sut mal obferuée -, car les Turcs entrans
dedans coupperent la gorge auxrnaladcs & aux blessez, àc sirent efclaues tout le relie : le
Bassa traita humainement Aluares, lequel sevid encettetente auecques plufieurs autres
de cette armée qui auoient efté pris auparauantluy, à fçauoirIX Gafton de la Cerde sils
Le sortrédu, du Vice-Roy, D. Sanche de Leue General des galères de Naples.D.BerlingerRegnesen
des Turcs ^ General de celles de Sicile ,& autres hommes signalez. Quant à ceux qui s'eftoient sau-
uez, nouueaux malheurs les pourfuiuirent: careftansD. Louys Oforio,&: le Vicomte
Cigale menez en Sicile, comme ils euflént acheté vne galère Turquefquequi auoitefté
prise fur Vluchiali corfaire,elle leur fuft oftée au port de Mesine par le Vice-Roy, dequoy
eftans dépitez ces deux Capitaines, ils voulurent palier en Efpagne pour se plaindre au
Roy, menans deux vaiffeaux qui eftoient àeux; mais ils surent aflailhs par vne galère &
Origine de deuxTustes Turquesques, & pris prefque fans faire refiftanec : Cigale sut mené à Con-
CigaieBaiTa. ^mtin0p\c auecques Scipion fonfils, le pere y mourut, & le fils renia Iesvs-Christ, de
là vint ce renommé Cigale, paruenu au degré de Baffe de noftre temps.
Les afsaires des Turcs ayans ainfiheureufement réuni aux Gerbes, le Basfe s'en alla a
Tripoly, où Dragut le seftoya trois iours continuels, où cependant il pourueut à tout ce
qui eftoit neceflaire pour la sortification uicelleplace,y lailTant la meilleure partie de fon
artillerie, foldats 6c munitions neceffaires, & s'en alla auecques toute fon armée en 1'Ifle
de Malte, où le grand Maiftre luy permit de fe rafraifehir en terre,en seureté ,pourauoir
Le BaïTa riaii moven de traiter de la deliurance des prifonniers : le Baffa luy osfrit courtoifement de luy
tto\™C U a rendre les Cheuahers,/riais il fit cacher Gafton de la Cerde,pôur en auoir groflerançon,
de les Turcs qui tenoient des Cheualiers efclaues, ayans eu le vent que le Bafla les vouloir
a-vn rendre, les cachèrent en diuers lieux fous les tentes, &c n'y eut qu'vn nommé Beaulac,qui
Cheaalicr. seftoit bandé vn pied,& auoit cou uert fous les bandesyne chaifne d'or de trois cens efeus,
feignant de foufsrir de grandes douleurs, le Rais qui Fauoit fous fa puifTance s'en trouuant
empefché , le deliuraau grand Maiftre en faueur du Bafla, lequel s'estânt rembarqué pour
aller à Conftantinople, il ne peuft faire aucun dommage le long des coftes de Sicile &
d'Italie, dautat qu'ils en auoient efté tons aduertis par le grand Maiftre,mais ils en auoient
, aflczfait mourir aux Gerbes: car on tient qu'il y mourut dix-huicl: mille hommes, que de
mortel c«! glaiue, que de maladie & de neceflité : on y perdit, (fans plusieurs autres vaiffeaux) vingt-
te entreprïse&ui£t trirèmes & quatorze nauires de charge. Les Italiens rapportent cette perte à Java-
dcsGctbes. nlté de la Cerde, qui n'auoit voulu croire que fa tefte, comme vous auez peu voir par le
difeours précèdent: mais Piètre Velafer le furintendant de l'armée de mer, en reiettoit
toute la faute fur de Sandc, lanegligence duquel auoit efté caufe qu'iln'auoit pas pour-
ueuàtemps à toutes chofesneceflàirespourlepartement,defortequela flotte sutretar-
dée de partir lors qu'il falloit.
Piaii en trig- Qvant au Balsa Piali, ayant sait vne heureufe nauigation, il entra en triomphe dans
phe à Con-Con^alltin0pie au mois de Septembre de l'an mil cinq cens foixante , s'eftânt arreftéla
aaatmopie. ^ ^cuant aux Pierres,fur le chemin de Byzance, asin d'entrer au port auecques plus
de pompe &plus d'efclat. Solyman eftoit defeendu fous le portique du pornqui eftpit
voifin 3 & qui touche à ses iardms, afin qu'il peuft remarquer les Capitaines Chreftiens
qu'on
6 0 quinze cens personnessortirent du sort ,&fe rendirent au camp des Turcs, ne pouuans
_2A.—L- plus supporter les necessitez qu'on y sousfroit : car l'eau manquoir,aussisaisoitie feu saute
de bois, & la terre pour faire des retranchemens,& si l'air y eftoit infe&,ce peu d'eau qu'il y
auoic à la finse trouua salée,vn homme d'esprit en fit bouillir, ô£ adoucir vne quantité,
mais il n'y en auoit pas à demy pour vn si grand peuple. Quant aux galères, en combatanc
continuellement,elles furent réduites à cinq, puisa trois, & vinrent en sin au pouuoir des
Turcs, lesquels auoient désia tiré douze mille coups de canon, f
Grande ne- Alvares les sicns & deffcndoiêt tousiours en attendant le fecours qu'on luy auoit
ccssïtédetou- promjs. maisu fut aduerty secrettement parvnMoredelàGoulette, qu'il n'auroitautre
cesor^" secours'que du ciel : cela sit exposer & tenter toute extrémité, voyant mefmes ses soldats
se précipiter iournellement hors du sort ,n'ayans plus de bois pour cuire du pain. Ayant
doneques laine les Alcmans à la garde de la place, il sortit auecques mille foldats qui luy
restoicnt,& deux heures deuant le iouranaillitsurieusement le camp des Turcs, passales
tranchées, &c tua grand nobred'icetix: mais tout le camp s'eftânt éueillé &: mis enarmes,
ilsutinuestydetouscoftez ,& chargé de sorte, que la plus-part des fiens furent tuez,en-
tfautres, trois ou quatre Cheuahers, luy-mesme pris prisoariier, & presenté aù Bassa par
Autre sortic j)erumS renié Geneuois. Cela sut caufe que les Alemansse voyans sans ches, rendirent le
d'Aluarcs0 sort, à condition de la vie de de laliberté, qui leur sut mal obferuée -, car les Turcs entrans
dedans coupperent la gorge auxrnaladcs & aux blessez, àc sirent efclaues tout le relie : le
Bassa traita humainement Aluares, lequel sevid encettetente auecques plufieurs autres
de cette armée qui auoient efté pris auparauantluy, à fçauoirIX Gafton de la Cerde sils
Le sortrédu, du Vice-Roy, D. Sanche de Leue General des galères de Naples.D.BerlingerRegnesen
des Turcs ^ General de celles de Sicile ,& autres hommes signalez. Quant à ceux qui s'eftoient sau-
uez, nouueaux malheurs les pourfuiuirent: careftansD. Louys Oforio,&: le Vicomte
Cigale menez en Sicile, comme ils euflént acheté vne galère Turquefquequi auoitefté
prise fur Vluchiali corfaire,elle leur fuft oftée au port de Mesine par le Vice-Roy, dequoy
eftans dépitez ces deux Capitaines, ils voulurent palier en Efpagne pour se plaindre au
Roy, menans deux vaiffeaux qui eftoient àeux; mais ils surent aflailhs par vne galère &
Origine de deuxTustes Turquesques, & pris prefque fans faire refiftanec : Cigale sut mené à Con-
CigaieBaiTa. ^mtin0p\c auecques Scipion fonfils, le pere y mourut, & le fils renia Iesvs-Christ, de
là vint ce renommé Cigale, paruenu au degré de Baffe de noftre temps.
Les afsaires des Turcs ayans ainfiheureufement réuni aux Gerbes, le Basfe s'en alla a
Tripoly, où Dragut le seftoya trois iours continuels, où cependant il pourueut à tout ce
qui eftoit neceflaire pour la sortification uicelleplace,y lailTant la meilleure partie de fon
artillerie, foldats 6c munitions neceffaires, & s'en alla auecques toute fon armée en 1'Ifle
de Malte, où le grand Maiftre luy permit de fe rafraifehir en terre,en seureté ,pourauoir
Le BaïTa riaii moven de traiter de la deliurance des prifonniers : le Baffa luy osfrit courtoifement de luy
tto\™C U a rendre les Cheuahers,/riais il fit cacher Gafton de la Cerde,pôur en auoir groflerançon,
de les Turcs qui tenoient des Cheualiers efclaues, ayans eu le vent que le Bafla les vouloir
a-vn rendre, les cachèrent en diuers lieux fous les tentes, &c n'y eut qu'vn nommé Beaulac,qui
Cheaalicr. seftoit bandé vn pied,& auoit cou uert fous les bandesyne chaifne d'or de trois cens efeus,
feignant de foufsrir de grandes douleurs, le Rais qui Fauoit fous fa puifTance s'en trouuant
empefché , le deliuraau grand Maiftre en faueur du Bafla, lequel s'estânt rembarqué pour
aller à Conftantinople, il ne peuft faire aucun dommage le long des coftes de Sicile &
d'Italie, dautat qu'ils en auoient efté tons aduertis par le grand Maiftre,mais ils en auoient
, aflczfait mourir aux Gerbes: car on tient qu'il y mourut dix-huicl: mille hommes, que de
mortel c«! glaiue, que de maladie & de neceflité : on y perdit, (fans plusieurs autres vaiffeaux) vingt-
te entreprïse&ui£t trirèmes & quatorze nauires de charge. Les Italiens rapportent cette perte à Java-
dcsGctbes. nlté de la Cerde, qui n'auoit voulu croire que fa tefte, comme vous auez peu voir par le
difeours précèdent: mais Piètre Velafer le furintendant de l'armée de mer, en reiettoit
toute la faute fur de Sandc, lanegligence duquel auoit efté caufe qu'iln'auoit pas pour-
ueuàtemps à toutes chofesneceflàirespourlepartement,defortequela flotte sutretar-
dée de partir lors qu'il falloit.
Piaii en trig- Qvant au Balsa Piali, ayant sait vne heureufe nauigation, il entra en triomphe dans
phe à Con-Con^alltin0pie au mois de Septembre de l'an mil cinq cens foixante , s'eftânt arreftéla
aaatmopie. ^ ^cuant aux Pierres,fur le chemin de Byzance, asin d'entrer au port auecques plus
de pompe &plus d'efclat. Solyman eftoit defeendu fous le portique du pornqui eftpit
voifin 3 & qui touche à ses iardms, afin qu'il peuft remarquer les Capitaines Chreftiens
qu'on