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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Übers.]; Artus, Thomas [Übers.]; Mézeray, François Eudes de [Übers.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0696

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66% Hist.des Turcs Soly.ïï. Liure qûatorziesme.'
1 ? comme nous auons dit,donné vii tel ordre,que chacun croyoit Solyman en vie:car estanÊ
Mahomet party de Zighet,tout le long du chemin iusques à Belgrade, ce corps mort estoit porto
nue^ou0-""" ^ans vn cocne tout couuert,ce qui n'apportoit aucunmauuais sou pçon,dau tant qu'enec
siours ses vieil aage Solyman estant sujet aux gouttes, auoit accoustumé de se faire porter en cette'
artifices & façon< Et de fait si le Bassa n'en eust vsé ainsi , tout fût tombé en grand desordre en cette
fort dextre- 7 t i- • \ 1 i o ^> i
ment. armée, sélon ce quiarriue ordinairement a la mort des Seigneurs Othomans, &: princi-
palement à cause de son thresor qu'il auoit charié quant &: luy,se!on leur coustume
mw"ây- (îLian^ ils vont à quelque expédition bien éloignée,de peur qu'en leur absence cela ne
man fai- sérue de prétexte aux seditions j car on tient qu'il auoit lors quatre mille Hures pesant
s°uanFt&ter d'or Pur > ^ans l'a gent & autres choses pretieuses. Deuant leur partement de Zighet, &£
luy. presque àl'instant de la mort de Solyman,!! suruintvn tel orage & vne telle tempeste de
vent, qu'il jetta parterre les pauillons de l'Empereur, les arrachant comme s'il les eust
voulu emporter quant & soy : ce qu'il fit encore en plusicurs autres endroits de cette
armée, particulièrement à Sostolouitsch , qui estoit le quartier de Mahomet Ba(la,d'oii
glsllî^ il énleua tout le foin & lapaille qu'il y trouua. Au mesme temps il arriuavn accident
moi-rdcSo ausii estrange : car le Danube inférieur proche de Talux , deuint tout trouble, &c son
lymzn. saD]on tout fangeux trois jours durant : de sorte que les Turcs & ceux de cette ville ra-
content qu'il estoit impollible de s'en seruir, ny à cuire, ny à boyreny mcsmes à se lauer:
le Danube CQmme si la terre estant désia allez troublée par la guerre^ le feu ayât brûlé les champs
bp Syn>°° & les villes, l'air & l'eau deuiTent encore mettre sans defsus deiîous toutes choses à la
façon toute mort de cePrince,de qui les premières conquestes ayansestéen Hongrie en la sseur de sa
esfrange- ^eanejsse par la prise de Belgrad,fiiiirent en son extrême vieille/Te en la mesme Prouince
auec la prise de Iule & de Zighet, son bon-heur l'ayant accompagne jusques à la fin
de ses jours.
Ce fut le plus grand,à qui le voudra bien considerer de près,de tous les Princes Otho-
mans : car ses conquestes se sont estenduës presque en toutes les parties de 1' Vniuers,con-
tre de tres-puilTantes & belhqueusesnations^cotre qui ses predeceiîeurs n'auoient iamais
remporté que du desauantage. Tousioursenvn continuel trauail,&: comme il s'est peu
voirpar cette histoire, qui n'a point passé vne seuleannée en lespace de quarante six ans
louanges ^e çon regne, qu'il n'ait fait quelque chose de remarque: aulïî ne donnoit-il gueres de re-
&ioPndeSo- pos à ses soldats:car il les exerçoit continuellement-il estoit fort entendu au manimenc
ïjman. Jes grandes affaires, & comme il auoit beaucoup d'ambition ■ aulïî auoit-il Tesprit pour
entreprendre, le iugement pour se bien conduire^ le bon-heur pour executenfort af-
fectionné au demeurant à sa Religion, &rqui moralement estoit doué de beaucoup de
vertus,tellesqu'vn homme les peut auoirsans la grâce, s'abstenam des débauches ordi-
naires de ses deuanciers,soit pour la bouche,soit pour les femmes : Prince qui gardoit sil
parolc,& qui souloit dire à ceux qui la faulïoiant, ( ce qui est a sez ordinaire parmy cette
nation) que ce n'estoit pas le moyen degagner le cœur des nations estrangeres que de
faulTer sa parole,quandellea esté vne fois donnéejau demeurant qui çhastioit les crimes
sans esperance d'aucune faueur,&: recompensoit libéralement les plus vertueuses adios>
ce qui luy acquit l'amour de tous ses sumets, $C vne grande fidélité en ceux qui eurent
charges sous luy .11 estoitadonné aux Lettres, & principalement aux Mathématiques, &
àla ledure de rhistoirejaffable&rcourtoiSjsi qu'on tient qu'à son exemple les Turcs se
sont fort ciuilisez durant son temps:car voyans que leur Prince aimoit les estrangers, ils
se rendirent plus courtois qu'ils n'auoient faitauparauant : en somme il fut vn grand &c
héroïque Prince3autantoupîus qu'aucun autre de son temps,&c des plus accomplis, soie
aux affaires de la guerre ou de la police. En luy s'estoient comme ramaiîées toutes les
vertus des autres Empereurs Turcs ses deuanciers,commeil sernbleausîiquepar luy soit
finy ce grand heur qui sembloit auoir iusqu'alors accompagne' leurs entreprises &c leurs
conquestes:car encore qu'ils ayent conquis quelques places, ç/a esté si loin à loin &c auec-
ques tant de temps,queveuleur puisTance,cela ne peut pas égaler les actions de cectuy-
cy,qui sont encore plus remarquables, en ce qu'en l'espace de quarante-six ans qu'il
gouuernal*Empire,il fut heureux en la plus-part de ses entreprises, les pertes qu'il a fai-
tes, luy estans aduenucs presque toutes par ses Lîeutenans:mais tant y a qu'il ne s'est pas-
sé année qu'il n'ait fait par luy-mesme ou par les siens, quelque notable conqueste, ou
quelque mémorable adion.

CONSIDERATIONS
 
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