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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0699

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Soliman II. Liure quatorziesme.
îeresttlaLigue que sa Saincteté taschoit de faire pour reiinir toute la Chrétienté,& par
ce moyen ruiner les Tures; delaisscrent encore les leurs meimes à Chasteau-neuf, aux
Gerbes,&: en plusieurs autres lieux,que le Lecteur aura peu facilement remarquer en la
lecture de cette histoire: que s'ils ont fait quelques entreprises , comme il y en a qui leur
ondieureusement reussi,on voidàveue" d œil que c'estoit pour leur particulier interestf
& non pour le repos de la Republique Chrestienne : Se quand on voudroit mettre Malte
en auant,si est-ce qu'il faut confeiTer que le secours fut si tardis, que cette Isse fut plustost
preseruée par vne speciale misericorde diuine , quiassistoit ceux qui deffendoient cette
place, que pour aucun autre ayde ny secours humain. Ce qui est fort remarquable pour
les presentes Considerations : car Diev ne les abandonna iamais, bien que sélon l'appa-
rence humaine tout deust estre perdu, iusques à auoir le soin d'vn vauTeau chargé de
bled,qui fut la principale cause du salutdel'Ine; ce que le Grand-Maistre reconnut fore
bien à l'heure mesme,ô£ en fit rendre publiquement des actions de grâces à sa diuine Ma-
jesté.
Cela premis,on netrouuerapoint estrangela prisede Rhodes: car pour faire vois
qu'on iVen vouloit qu'à la place &c non à l'Ordre qui la deffendoit,les Cheualiers en sor-
tirent bagues sauues auecques beaucoup de gloire &c d honneur ; mais l'éternelle Proui-
dence vouloit que les portes du Chnstianismejà sçauoir Rhodes 5c Belgrade,fuiTent en la
puissancede nos ennemis, afin de nous tenir tousiours en ceruelle, & nous incitera quel-
que conuersion par la veuë de cette efpée Mahometane pleine de sang Se de ssammes tou-
jours brandie sur nostre chef : & de fait Solyman voyant qu'onne s'estoit point soucié de
Rhodes, ne pnt-ilpas dauantage d'aiseurance pour faire vne expédition en Hongrie,
alseuré qu'elle demeureroit sans secours, comme elle fit : &:les Turcs eurent moyen de
courir iusques à Vienne , barrière qui fut mise dés lors à leurs conquestes, Se laquelle ils
n'ont peu faulTer depuis,ny pasfrr outre de ce costé- là, de mesmequ'il semble que Venise
en soit vne pour ritalie,comme celle-là est pour TAlemagne, & Malte ainsi qu'vn mords
qui retient en bride & empesché les Corsaires desemanciper,commeils pourroientfaire
autrement.
Lts guerres d'ArTvique font encore reluire par tout cette lustice &:Frouidence: car
Mulev Hascen ayant esté mstement chassé de son Royaume pour sa cruauté & mauuais
mesnage,cette perte tourna depuisà vnetellevtilitepour les Chrestiens, qu'ils se fussent
lion seulement rendus les maiftres de la Barbarie , ains qui plus est ils en eussent déniché
îeurs plus mortels ennemis , &: empesché leprogrez des Corsaires Turcs qui commen-
çoient de s'y habituermiais ils tournèrent bien-tost la pointe de leurs armes contre leurs
propres frères,& cela parauenture fut cause de rompre le cours à leurs victoires, mais en-
core de perdre ce qu'ils y auoient conquis , comme Tripoli & les Gerbes,& depuis Thu«>
nés & la Goulette, comme il se verra sous Selim.
Qvant à la guerre des Perses, il semble de premier abord que Solyman en soit touc
paisible,&:neantmoins le moindre reuersluy fait perdre le prix de ses conquestes, contre
l'esperance toutesfois de ceux qui auoient le plus de connoistance„des affaires,mais com-
me nousauons dit ailleurs,les Perses sont vne sentinelle auxTurcs qui les tient continuel-
lement en alarme, & les empesché de s'émanciper, comme ils pourroient bien souuent,
contre le Christianisme:de sorte que si les Perses ne sont pas asTezpuiiîans pour se rendre
les maistres des Turcs, les Turcs n'ontpas en recompence allez de bon-heur pour debei-
1er les Perses: c'est à dire assez d'assistance d'en- haut pour les subiuguer.
Ie ne puis aussî palser sous silencelaconqueste duCurdistan: car il semble qu'il estoic
bië raisonnable que ceîuy qui polsedoit pour lors la meilleure partie de l'Empire Assyrie,
en pri t aiuTi la ville capitale , à sçauoir Babylone. Mais ie ne sçay si ie me tromperay de
dire,que puis que l'Empire Turc est la vray e image de la beste, comme il a esté dit au dis-
cours contre Mahomet,&: que Constantinople nouuelle Rome, represenre auiourd'huy
l'ancienne,telle qu'elle estoit du temps des premiers Empereurs,qu'il a fallu que cet Em-
pire aitpossedé toutes les Babylones,pour vne plus claire demôstration de ce qu'il estoit.
Or désia Solyman polsedoit la Babylone spirituelle^à sçauoir Constantinople,^ Babylo-
ne Egyptienne : car le Caire !uy a succedé, il ne restoit doneques que la Chaldeenne , la
première Babylone,& celle de qui premieremét il auoit esté prophetisé , afin de faire voir
clairement en toutes choses, que l'Empire Mahometan estoit veritablemet l'Empire Ba-
bylonien. Grande honte cependant aux Chrestiens, qui n'eurent pas l'asieurance de rien
«entreprendre durant cette longue expédition, encore qu'ils eusfentpour eux , celuy qu|
 
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