DISCOURS
surprise d’un être qui, entièrement étranger à nos habitudes, doué cepen-
dant de facultés déjà développées, capable en un mot de tout connoître et
de tout sentir, mais n’ayant encore aucune idée de ce que peut l’homme
et de ce qu’il a fait, se verroit tout à coup transporté devant ces merveilles
de son génie! S’il étudioit ensuite notre histoire, s’il y suivoit le dévelop-
pement graduel des talens et des arts, s’il assistoit dans nos ateliers, à
leurs procédés et à leurs travaux, son étonnement disparoîtroit; il trou-
veroit dans la nature et dans les facultés de l’homme le principe et les
armes de sa puissance : mais encore plein de ce vif transport que cause
la nouveauté, il contempleroit avec délices ces chefs-d’œuvre qu’il
s’expliqueroit sans cesser de les admirer.
La nouveauté n’existe pas pour nous, et notre admiration en est dimi-
nuée : nousn’avons pasdumoins ce sentiment vif et entraînant qui devroit
nous saisir au premier aspect des ouvrages d’un Scopas, d’un Raphaël,
d’un Edelinck. Pour en comprendre toutes les beautés, la réflexion et
l’étude nous sont nécessaires : mais lorsqu’elles ont préparé notre esprit,
développé en nous une sensibilité et une intelligence analogues à celles
qui ont inspiré l’artiste, notre enthousiasme se réveille; nous sentons
avec vivacité, nous admirons avec transport, et le génie a sa récompense.
C’est à fortifier en nous cette sensibilité qui jouit vivement des beautés
de l’art, et à former ce goût qui les juge, que doivent tendre tous les écrits
dont les Beaux-Arts sont l’objet. Quoi de plus propre à remplir ce but
qu’un ouvrage où les chefs-d’œuvre de la Sculpture et de la Peinture,
fidèlement reproduits par la Gravure, remettent sans cesse sous nos yeux
et les principes qu’ont suivis les grands maîtres et les applications qu’ils
en ont su faire ? La théorie des arts, leur histoire, celle des artistes, tout
ce qui peut intéresser ceux qui les étudient et ceux qui les aiment, se
rattache naturellement à ce recueil de leurs plus belles productions. Les
questions les plus importantes, les faits les plus curieux se présentent
ainsi successivement à l esprit du connoisseur éclairé, qui, ayant réfléchi
sur la nature des arts considérés en eux-mêmes, et instruit des lois aux-
quelles cette nature même les assujettit, sait admirer les beautés qu’ils
surprise d’un être qui, entièrement étranger à nos habitudes, doué cepen-
dant de facultés déjà développées, capable en un mot de tout connoître et
de tout sentir, mais n’ayant encore aucune idée de ce que peut l’homme
et de ce qu’il a fait, se verroit tout à coup transporté devant ces merveilles
de son génie! S’il étudioit ensuite notre histoire, s’il y suivoit le dévelop-
pement graduel des talens et des arts, s’il assistoit dans nos ateliers, à
leurs procédés et à leurs travaux, son étonnement disparoîtroit; il trou-
veroit dans la nature et dans les facultés de l’homme le principe et les
armes de sa puissance : mais encore plein de ce vif transport que cause
la nouveauté, il contempleroit avec délices ces chefs-d’œuvre qu’il
s’expliqueroit sans cesser de les admirer.
La nouveauté n’existe pas pour nous, et notre admiration en est dimi-
nuée : nousn’avons pasdumoins ce sentiment vif et entraînant qui devroit
nous saisir au premier aspect des ouvrages d’un Scopas, d’un Raphaël,
d’un Edelinck. Pour en comprendre toutes les beautés, la réflexion et
l’étude nous sont nécessaires : mais lorsqu’elles ont préparé notre esprit,
développé en nous une sensibilité et une intelligence analogues à celles
qui ont inspiré l’artiste, notre enthousiasme se réveille; nous sentons
avec vivacité, nous admirons avec transport, et le génie a sa récompense.
C’est à fortifier en nous cette sensibilité qui jouit vivement des beautés
de l’art, et à former ce goût qui les juge, que doivent tendre tous les écrits
dont les Beaux-Arts sont l’objet. Quoi de plus propre à remplir ce but
qu’un ouvrage où les chefs-d’œuvre de la Sculpture et de la Peinture,
fidèlement reproduits par la Gravure, remettent sans cesse sous nos yeux
et les principes qu’ont suivis les grands maîtres et les applications qu’ils
en ont su faire ? La théorie des arts, leur histoire, celle des artistes, tout
ce qui peut intéresser ceux qui les étudient et ceux qui les aiment, se
rattache naturellement à ce recueil de leurs plus belles productions. Les
questions les plus importantes, les faits les plus curieux se présentent
ainsi successivement à l esprit du connoisseur éclairé, qui, ayant réfléchi
sur la nature des arts considérés en eux-mêmes, et instruit des lois aux-
quelles cette nature même les assujettit, sait admirer les beautés qu’ils