DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
Un statuaire, peut-être Scopas, tire d’un bloc de marbre cet Apollon
qui surpasse en beauté ce qu’a de plus beau la nature vivante : d’une
pierre un homme fait un Dieu. Un autre homme prend une toile grise
et quelques couleurs : le Prince de la milice céleste, l’archange Michel,
descend sur cette toile, y triomphe du Prince des ténèbres, et va repren-
dre son vol pour remonter aux cieux : cet homme est Raphaël. U a fixé
sur une autre toile cette sainte famille où une Vierge mère et un Dieu
enfant offrent aux regards tout ce que la virginité, la maternité, la
divinité et l’enfance ont de plus touchant et de plus auguste : ce chef-
d'œuvre est unique; il n’existe que dans un coin du monde, ne peut être
admiré que d’un petit nombre de spectateurs : Edelinck l’étudie, une
plaque de cuivre et un acier tranchant lui suffiront pour le reproduire :
le monde entier peut jouir du chef-d’œuvre de Raphaël.
Heureuse et féconde association des arts, qui nous paroitroit un pro-
dige, si le prodige n’étoit journalier! Quels seroient le ravissement et la