Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Musée Royal; Laurent, Henri [Hrsg.]
Le musée royal ou recueil de gravures: d'après les plus beaux tableaux, statues et bas-reliefs de la collection royale avec description des sujets, notices littéraires et discours sur les arts : dédié au Roi (tome 2nd) — Paris: de l'imprimerie de F. Didot, 1818

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.53413#0182
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CONCERT SUR L’EAU.

En parcourant la vie d’Annibal Carrache, on y rencontre sans cesse
la preuve de cette sensibilité pour le vrai dans tous les genres qui lui fai-
soit dédaigner les vanités frivoles de la vie de courtisan, et ramener toutes
ses actions comme toutes ses paroles à une sorte de simplicité tout à fait
en contraste avec les manières un peu fastueuses de plusieurs des artistes
de la même époque. Le ridicule sous toutes ses formes le frappoit vive-
ment, et se reproduisoit aussitôt dans ses paroles; on a de lui une foule
de motspiquans et même mordans, fruits de la franchise un peu âpre de
son esprit, tandis que la simplicité de ses mœurs donnoit sans cesse occa-
sion à des traits où ressortoit la bonté de son caractère. Cependant Anni-
bal fut malheureux ; d’autant plus sensible à certaines vérités, qu’il n’étoit
doué de la force qui permet de les concevoir toutes dans leur ensemble,
il vit le monde d’un certain côté, propre seulement à entretenir en lui
des idées amères et mélancoliques; sa raison en fut quelque temps altérée;
il blessa et éloigna de lui, éloigna même de la peinture, son frère Augus-
tin, dont, avec quelque foiblesse, le caractère aimable et les rares talens
méritoient plus d’indulgence. Cette perfection de vérité qu’il a portée
dans ses ouvrages, bien que noble et choisie, rectifiée sur les plus beaux
modèles de l’art, ne s’est pas tout à fait assez élevée à l’idéal, qui est la
gloire et le triomphe du vrai dans toute sa généralité. Il n’en fut pas moins
l’un des plus grands peintres et des plus utiles de son temps. C’est lui qui
a le plus contribué à naturaliser en Italie le genre du paysage apporté par
les peintres flamands. Tout ce qui existe de beau et d’élégant trouvoit en
lui pour ainsi dire un miroir brillant autant que fidèle. Ses paysages sont
vrais, gracieux, et l’on s’y aperçoit rarement de ce défaut de couleur
quelquefois reproché à l’école des Carraches. Celui-ci représente une
rivière traversant une grande ville dont l’aspect paroît être celui de
Rome. Un pont de trois arches, vu de face, conduit des deux côtés à de
magnifiques bâtimens dont la rivière baigne le pied, et laisse voir dans
le fond une belle campagne s’élevant jusqu’à l’horizon par des pentes
douces et sinueuses. Quelques bateaux parcourent la rivière ; le plus
grand, rempli de musiciens, occupe sur le devant le milieu du tableau.
Aux deux coins, sur deux portions de terre peu avancées, on voit à
gauche, sur le premier plan, une ruine et un arbre entouré de lierre;
à droite, sur un plan plus reculé, un groupe d’arbres.
Ce tableau est peint sur bois.

Proportions.
Hauteur, 39centi“- = i4pou°- °lig'
Largeur, 5o == 18 6
 
Annotationen