vaches, vingt moutons, dix poules, quatre canards, quatre lapins, cinq dindes, et deux ruches pour les abeilles. En fait
d'instruments aratoires, on leur délivrera une charrue, une herse, une fourche à fumier en fer, deux sourches, en bois, une
faux et sa batterie, une voiture, un tombereau, une brouette, un croc à fumier, un sséau, un van, deux cribles de deux
modèles, une pioche, une bêche, une serpe, une tournée piémontaise, un croissant, un fusil. —La maison sera garnie avec
les meubles des colons. — Les graines, blé, avoine, légumes, etc., et les plants seront fournis par l'État, ainsi que cent
mûriers pour les vers à soie et des vignes dans les localités les plus propres à cette culture. — La dépense nécessitée par
ces difsérentes fournitures peut être évaluée à 8,000 francs, en y comprenant le prix de la construction. — Dans cette
estimation, nous laissons de côté la valeur du terrain, qui ne peut évidemment entrer en ligne de compte, puisqu'il ne
produit absolument rien ,«et que c'est par le travail que les colons vont y établir que les sommes avancées par l'État vont
bientôt lui rentrer.
11 faut cependant ajouter à ce chisfre de 8,000 francs une somme de 600 ou 700 francs environ, qui serait employée à
nourrir chaque famille pendant la première année, et, pour ne calculer que sur des chissres faciles à manier, nous estimerons
les premières avances faites par l'État à 9,000 francs par famille. Ces 9,000 francs à 5 pour 100 fournissent un revenu de
450 francs, qui seraient versés chaque année par les colons. Ils pourraient, du reste, se libérer entièrement, au moyen
d'annuités, de la dette qu'ils auraient contractée envers l'État. Ce moyen de colonisation, très-productif pour notre pays,
puisqu'il donnerait à la culture des terres fertiles qui actuellement ne produisent rien, serait en même temps très-avantageux
pour nos familles de paysans, qui, en cultivant ces terres, deviendraient par leur travail propriétaires du sol qu'ils
cultiveraient, tout en fournissant d'immenses revenus à la mère-patrie. — Ils pourraient, une fois propriétaires, augmenter
leur avoir en achetant les terres voisines et les faisant défricher à leurs frais. Dans ce dernier cas, il y aurait tout bénésice
pour l'État, qui vendrait des terres dont il ne tirait aucun prosit.
Les dépenses nécessaires pour exécuter la colonisation de l'Algérie, en procédant comme nous l'indiquons plus haut,
seraient facilement couvertes au moyen d'un emprunt dont l'élévation serait proportionnelle au nombre de villages qui
seraient constituées. — Ainsi, l'on pourrait tout d'abord créer deux cents villages qu'on établirait sur les cours d'eau
ou dans leur voisinage, et qu'on pourrait relier entre eux à l'aide de voies ferrées. Ces deux cents villages coûteraient à
établir 540,009,000 de francs : or, si l'on en juge par la facilité avec laquelle les derniers emprunts, qui étaient plus
considérables, ont été couverts, il n'y a pas de doute que ces 540,000,000 ne feraient pas défaut pour une entreprise aussi
utile et aussi avantageuse pour le pays tout entier.
Ainsi donc, pour peupler ces deux cents villages, 60,000 familles, sormant un personnel de 300,000 âmes environ,
quitteraient la France et se répandraient sur une surface de 1,300,000 hectares, qui seraient livrés à la culture dans les
meilleures conditions possibles et rendraient en moyenne en produits divers une somme qui ne serait pas inférieure à
600 srancs par hectare. C'est-à-dire que le revenu de 1,300,000 hectares serait de 780,000,000 de francs par année. Il faut
remarquer que, dans cette estimation , nous avons pris le maximum des dépenses et le minimum du revenu.
Dans chacun des villages de 300 habitants, il devra y avoir un maçon-couvreur, un cordonnier, un tailleur, un
sabotier, un boucher-charcutier, un boulanger faisant la pâtisserie, un charron, un menuisier qui se chargera de la
charpente, un maréchal-ferrant, un sellier-bourrelier, un serrurier, un peintre en bâtiment, un docteur en médecine pour
deux villages, un médecin vétérinaire pour quatre. L'épicerie, la fruiterie, les débits de vins, les petits restaurants, etc.,
ne seront pas tenus par des familles spéciales, les cultivateurs ou les personnes qui feront les métiers cités plus haut, seront
libres de tenir ces sortes de débits. Un bureau de tabac sera établi dans chacun des villages.
Les familles qui exploiteront ces disférents corps d'état n'auront droit qu'à la maison et à 3 hectares de terre. On leur
avancera également les instruments nécessaires pour exécuter leur métier; ils devront, du reste, comme les cultivateurs,
rembourser le tout à l'État à l'aide d'annuités ou payer chaque année les intérêts de la somme avancée.
D'après ce qui précède, on. voit combien il serait facile de coloniser l'Algérie ; tout ce que nous avançons plus haut est
possible; rien n'est exagéré, et ce pays qui, à part le blé, ne produit que des échantillons si admirés à toutes nos expositions,
serait mis en état de transformer tous ces échantillons en véritables produits, et ces produits nous les obtiendrions sans
frais pour l'État. C'est alors qu'on pourrait appeler, avec juste raison, l'Algérie le grenier de la France.
Il est bien entendu que tout colon qui ne remplirait pas ses engagements avec exactitude serait dépossédé de toutes
les avances qui lui auraient été faites et remplacé par un autre. Mais, il faut bien le dire, on n'aurait pas souvent occasion
d'agir contre ces colons, attendu que, choisis parmi les hommes qui se livrent à la culture dans nos campagnes et d'après
les renseignements pris auprès des autorités des lieux qu'ils habiteraient, on aurait, à coup sûr, des travailleurs dont le
zèle serait encore stimulé par l'espérance de devenir propriétaires en peu de temps d'un sol d'une grande étendue et d'une
fertilité remarquable. — Ces villages auraient également pour but de porter inévitablement et avec une grande rapidité la
civilisation parmi les tribus insoumises contre lesquelles ils seraient en état de se défendre avec avantage, vu le nombre
assez considérable d'habitants qui occuperaient chacun d'eux.
Dans l'estimation que nous avons faite ci-dessus des dépenses indispensables pour mettre ce projet à exécution, nous
n'avons pas tenu compte du défrichement. Il est compris dans notre chiffre de 9,000 francs; c'est à peine, en efset, s'il est
nécessaire de le compter, tant ce travail devient peu'coûteux en le faisant exécuter par nos troupes. Il n'est pas, du reste,
d'instruments aratoires, on leur délivrera une charrue, une herse, une fourche à fumier en fer, deux sourches, en bois, une
faux et sa batterie, une voiture, un tombereau, une brouette, un croc à fumier, un sséau, un van, deux cribles de deux
modèles, une pioche, une bêche, une serpe, une tournée piémontaise, un croissant, un fusil. —La maison sera garnie avec
les meubles des colons. — Les graines, blé, avoine, légumes, etc., et les plants seront fournis par l'État, ainsi que cent
mûriers pour les vers à soie et des vignes dans les localités les plus propres à cette culture. — La dépense nécessitée par
ces difsérentes fournitures peut être évaluée à 8,000 francs, en y comprenant le prix de la construction. — Dans cette
estimation, nous laissons de côté la valeur du terrain, qui ne peut évidemment entrer en ligne de compte, puisqu'il ne
produit absolument rien ,«et que c'est par le travail que les colons vont y établir que les sommes avancées par l'État vont
bientôt lui rentrer.
11 faut cependant ajouter à ce chisfre de 8,000 francs une somme de 600 ou 700 francs environ, qui serait employée à
nourrir chaque famille pendant la première année, et, pour ne calculer que sur des chissres faciles à manier, nous estimerons
les premières avances faites par l'État à 9,000 francs par famille. Ces 9,000 francs à 5 pour 100 fournissent un revenu de
450 francs, qui seraient versés chaque année par les colons. Ils pourraient, du reste, se libérer entièrement, au moyen
d'annuités, de la dette qu'ils auraient contractée envers l'État. Ce moyen de colonisation, très-productif pour notre pays,
puisqu'il donnerait à la culture des terres fertiles qui actuellement ne produisent rien, serait en même temps très-avantageux
pour nos familles de paysans, qui, en cultivant ces terres, deviendraient par leur travail propriétaires du sol qu'ils
cultiveraient, tout en fournissant d'immenses revenus à la mère-patrie. — Ils pourraient, une fois propriétaires, augmenter
leur avoir en achetant les terres voisines et les faisant défricher à leurs frais. Dans ce dernier cas, il y aurait tout bénésice
pour l'État, qui vendrait des terres dont il ne tirait aucun prosit.
Les dépenses nécessaires pour exécuter la colonisation de l'Algérie, en procédant comme nous l'indiquons plus haut,
seraient facilement couvertes au moyen d'un emprunt dont l'élévation serait proportionnelle au nombre de villages qui
seraient constituées. — Ainsi, l'on pourrait tout d'abord créer deux cents villages qu'on établirait sur les cours d'eau
ou dans leur voisinage, et qu'on pourrait relier entre eux à l'aide de voies ferrées. Ces deux cents villages coûteraient à
établir 540,009,000 de francs : or, si l'on en juge par la facilité avec laquelle les derniers emprunts, qui étaient plus
considérables, ont été couverts, il n'y a pas de doute que ces 540,000,000 ne feraient pas défaut pour une entreprise aussi
utile et aussi avantageuse pour le pays tout entier.
Ainsi donc, pour peupler ces deux cents villages, 60,000 familles, sormant un personnel de 300,000 âmes environ,
quitteraient la France et se répandraient sur une surface de 1,300,000 hectares, qui seraient livrés à la culture dans les
meilleures conditions possibles et rendraient en moyenne en produits divers une somme qui ne serait pas inférieure à
600 srancs par hectare. C'est-à-dire que le revenu de 1,300,000 hectares serait de 780,000,000 de francs par année. Il faut
remarquer que, dans cette estimation , nous avons pris le maximum des dépenses et le minimum du revenu.
Dans chacun des villages de 300 habitants, il devra y avoir un maçon-couvreur, un cordonnier, un tailleur, un
sabotier, un boucher-charcutier, un boulanger faisant la pâtisserie, un charron, un menuisier qui se chargera de la
charpente, un maréchal-ferrant, un sellier-bourrelier, un serrurier, un peintre en bâtiment, un docteur en médecine pour
deux villages, un médecin vétérinaire pour quatre. L'épicerie, la fruiterie, les débits de vins, les petits restaurants, etc.,
ne seront pas tenus par des familles spéciales, les cultivateurs ou les personnes qui feront les métiers cités plus haut, seront
libres de tenir ces sortes de débits. Un bureau de tabac sera établi dans chacun des villages.
Les familles qui exploiteront ces disférents corps d'état n'auront droit qu'à la maison et à 3 hectares de terre. On leur
avancera également les instruments nécessaires pour exécuter leur métier; ils devront, du reste, comme les cultivateurs,
rembourser le tout à l'État à l'aide d'annuités ou payer chaque année les intérêts de la somme avancée.
D'après ce qui précède, on. voit combien il serait facile de coloniser l'Algérie ; tout ce que nous avançons plus haut est
possible; rien n'est exagéré, et ce pays qui, à part le blé, ne produit que des échantillons si admirés à toutes nos expositions,
serait mis en état de transformer tous ces échantillons en véritables produits, et ces produits nous les obtiendrions sans
frais pour l'État. C'est alors qu'on pourrait appeler, avec juste raison, l'Algérie le grenier de la France.
Il est bien entendu que tout colon qui ne remplirait pas ses engagements avec exactitude serait dépossédé de toutes
les avances qui lui auraient été faites et remplacé par un autre. Mais, il faut bien le dire, on n'aurait pas souvent occasion
d'agir contre ces colons, attendu que, choisis parmi les hommes qui se livrent à la culture dans nos campagnes et d'après
les renseignements pris auprès des autorités des lieux qu'ils habiteraient, on aurait, à coup sûr, des travailleurs dont le
zèle serait encore stimulé par l'espérance de devenir propriétaires en peu de temps d'un sol d'une grande étendue et d'une
fertilité remarquable. — Ces villages auraient également pour but de porter inévitablement et avec une grande rapidité la
civilisation parmi les tribus insoumises contre lesquelles ils seraient en état de se défendre avec avantage, vu le nombre
assez considérable d'habitants qui occuperaient chacun d'eux.
Dans l'estimation que nous avons faite ci-dessus des dépenses indispensables pour mettre ce projet à exécution, nous
n'avons pas tenu compte du défrichement. Il est compris dans notre chiffre de 9,000 francs; c'est à peine, en efset, s'il est
nécessaire de le compter, tant ce travail devient peu'coûteux en le faisant exécuter par nos troupes. Il n'est pas, du reste,