Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Lenormant, Charles; Witte, Jean Joseph Antoine Marie de
Élite des monuments céramographiques: matériaux pour l'histoire des religions et des moeurs de l'antiquité (Band 3) — Paris, 1858

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.13599#0028
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
10 MYTHOLOGIE.

Athénée vante beaucoup la vertu antiaphrodisiaque (1). Cet attribut
caractérise ainsi la figure ailée, non comme Eros, mais comme Antéros.

Quant au personnage assis à qui Antéros présente la trigle, ce doit
être une divinité marine, puisque l'animal contraire à l'amour, choisi par
l'artiste pour le faire figurer sur ce vase, est un poisson. Or, nous devons
nous souvenir que, parmi les dieux de la mer, il en est un, Glaucus,
qu'un récit, conservé par Athénée, représente comme un chasseur de
lièvres devenu plus tard une divinité marine (2).

Un autre récit relatif au même dieu et rapporté par le même auteur (3),
nous apprend que Glaucus, s'étant pris de passion pour Mélicerte ef
repoussé par lui, finit, emporté par son amour, par se précipiter dans
les flots, où il devint un dieu iehthyomorphe. Ce mythe où nous retrou-
vons, comme dans un grand nombre de fables de la mythologie antique,
la passion et l'aversion , Eros et Antéros , qui produisent toutes les
luttes amoureuses des divinités, nous semble expliquer très-convena-
blement le sujet de la peinture que nous avons sous les yeux. L'attitude
de douleur du personnage assis, drapé dans son manteau, convient à
un Posidon-Glaucus repoussé par Mélicerte, et qui va se précipiter
dans la mer. C'est ainsi que le métèque Timagoras, désespéré des refus
du jeune Mélès, se jetait, du haut de l'Acropole, dans le récit que l'on
faisait à propos de l'autel d'Antéros élevé par les métèques dans l'Acro-
pole (4). Ce dernier récit présentait le contraste de la passion et de
l'aversion, ?po)ç et àvTÉpwç, comme l'histoire de Glaucus et de Mélicerte.
L'attitude du personnage barbu de notre vase et dont la tête est cachée
dans son manteau, est, d'ailleurs, consacrée pour les figures d'Achille
pleurant Patrocle, son bien-aimé. Antéros vient ici apporter la trigle à
Glaucus, pour le guérir de son amour pour Mélicerte.

(1) De Nat. Jnim. VII, p. 325.

(2) Nicandr., ap. Athen., VII, p. 297.

(3) Hedyl. Sam., ap. Athen., loc. cit. Ni-

canor de Cyrène {ap. Athen., VII, p. 296)
identifiait Glaucus et Mélicerte.

(4) Pans., I, 30, 1; YElian. ap. Suid.,
v. MéXiToç, v. jVxEpajjivov et v. "ÀTeYXTOç.
 
Annotationen