Lenormant, François; Real Museo Borbonico di Napoli: Les tableaux du Musée de Naples: gravés au trait par les meilleurs artistes italiens (Paris: A. Lévy, Libraire-éditeur, 1868)

AGOSTINO CARACCI
Ecole ^Bolonaise.

RENAUD ET AR MIDE.
Voici un sujet qui eût prêté à un littérateur de l’école pseudo-classique
du premier empire matière à bien des lieux communs sur la force vaincue
par la beauté., sur le pouvoir du dieu malin, etc. Il n’eût pas manqué
de parler à cette occasion de Mars et Vénus, d'Hercule filant aux pieds
d’Omphale, des jardins d’Alcine et de mille autres exemples semblables.
Nous laisserons de côté cette occasion de faciles développements, dont le
moindre inconvénient serait d’être rebattus et passés de mode. Rien ne
nous répugne plus en effet que les phrases vides et inutiles.
C est àla Jérusalem délivrée duTasse qu’Augustin Carrache a emprunté
le sujet de ce tableau. 11 est tiré du chant célèbre dans lequel le poète
décrit Renaud, follement épris de la magicienne Armide, s’endormant
dans la mollesse et dans les voluptés au milieu des jardins splendides de
son palais, oubliant entre ses bras la sainte entreprise des Croisés. Dans le
fond, parmi les arbres, on aperçoit les deux chevaliers dévoués qui viennent
l’arracher à ces indignes chaînes et le rappeler au devoir.
Le talent froid et académique d’Augustin Carrache a produit dans ce

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