ALLIANCES AVEC LES DUCS D'AUTRICHE, ETC.
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La série de ces négociations laisse déjà prévoir que les ducs
d'Autriche vont tenir désormais dans la politique royale la
place qu'avaient prise les ducs de Bavière sous Charles VI, les
ducs de Luxembourg sous Charles V et Jean le Bon. La suite
de cette histoire justifiera pleinement cette prévision.
Toutefois ce système politique parut un instant devoir faire '
place àun autre lorsque, au commencement de 1434, Charles VII
s'efforça de provoquer une nouvelle diversion à l'est par le
moyen de Sigismond. Le lecteur connaît déjà cette tentative *,
les premiers succès, les déceptions qui suivirent, et finalement
le changement de front qu'amena la paix d'Arras. Ce fut une
faute, que Charles VII s'efforça de réparer pendant toute la
-durée de son règne, sans complètement réussir.
Ce n'était point seulement la réconciliation du roi de France
avec le duc de Bourgogne qui, au gré du concile et de l'empe-
reur2, eut dû sortir du congrès d'Arras : c'était aussi la pacifi-
cation de la France et de l'Angleterre. Elle ne s'obtint pas aussi
vite qu'on avait espéré. Livré à ses propres forces, Charles VII
dut compter avant tout sur les succès militaires, et ne chercha
guère appui auprès des princes de l'Empire. Il n'y avait plus
rien à attendre de l'électeur de Cologne, maintenant cpi'il était
le vassal et le pensionnaire du roi d'Angleterre3. Pourtant, en
1440, Dietrich de Meurs proposa à Henri VI de lui ménager la
paix avec le roi de France. Henri VI repoussa cette médiation,
tout en protestant de ses intentions pacifiques4. Il affirmait qu'en
ces dernières années il avait, à plusieurs reprises, envoyé aux
inter eunclem ducem et ambaxiatores predictos quod hoc loco
îpse persolveret seu persolvi faceret régi aut ejus cer to mandato
in villa Gebenis per mercatoressiifficientes et ydoneos pro execu-
cione guerre predicte octoginta milita ducata auri inmediate...*
1 Voy. le chapitre précédent, p. 189.
2 11 y a dans le RegistratarbuchT) (f° 139)des Archives impériales
de Vienne, la minute d'une lettre de Sigismond au pape, qui est mal-
heureusement sans date. Elle a trait au projet de réconciliation du
roi de France avec le roi d'Angleterre et appartient probablement à
l'année 1433.
■i Voy. dans Lacomblet, Urhundenbuch, IV, 273, un acte du 15
juillet 1137 ou 1438, par lequel le roi d'Angleterre Henri VI, promet
au dit archevêque de continuer à lui payer la rente féodale (Lehn-
rente)' qu'il recevait de Henri V. — Cf. ibid., 275, un acte du 21 mai
1439, et dans Lunig, D. Reichsarchiv, VII, 92, le traité du 22 dé-
cembre 1448 entre le roi d'Angleterre et l'archevêque de Cologne.
* Ibid., 286, lettre du 2 septembre 1440.
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La série de ces négociations laisse déjà prévoir que les ducs
d'Autriche vont tenir désormais dans la politique royale la
place qu'avaient prise les ducs de Bavière sous Charles VI, les
ducs de Luxembourg sous Charles V et Jean le Bon. La suite
de cette histoire justifiera pleinement cette prévision.
Toutefois ce système politique parut un instant devoir faire '
place àun autre lorsque, au commencement de 1434, Charles VII
s'efforça de provoquer une nouvelle diversion à l'est par le
moyen de Sigismond. Le lecteur connaît déjà cette tentative *,
les premiers succès, les déceptions qui suivirent, et finalement
le changement de front qu'amena la paix d'Arras. Ce fut une
faute, que Charles VII s'efforça de réparer pendant toute la
-durée de son règne, sans complètement réussir.
Ce n'était point seulement la réconciliation du roi de France
avec le duc de Bourgogne qui, au gré du concile et de l'empe-
reur2, eut dû sortir du congrès d'Arras : c'était aussi la pacifi-
cation de la France et de l'Angleterre. Elle ne s'obtint pas aussi
vite qu'on avait espéré. Livré à ses propres forces, Charles VII
dut compter avant tout sur les succès militaires, et ne chercha
guère appui auprès des princes de l'Empire. Il n'y avait plus
rien à attendre de l'électeur de Cologne, maintenant cpi'il était
le vassal et le pensionnaire du roi d'Angleterre3. Pourtant, en
1440, Dietrich de Meurs proposa à Henri VI de lui ménager la
paix avec le roi de France. Henri VI repoussa cette médiation,
tout en protestant de ses intentions pacifiques4. Il affirmait qu'en
ces dernières années il avait, à plusieurs reprises, envoyé aux
inter eunclem ducem et ambaxiatores predictos quod hoc loco
îpse persolveret seu persolvi faceret régi aut ejus cer to mandato
in villa Gebenis per mercatoressiifficientes et ydoneos pro execu-
cione guerre predicte octoginta milita ducata auri inmediate...*
1 Voy. le chapitre précédent, p. 189.
2 11 y a dans le RegistratarbuchT) (f° 139)des Archives impériales
de Vienne, la minute d'une lettre de Sigismond au pape, qui est mal-
heureusement sans date. Elle a trait au projet de réconciliation du
roi de France avec le roi d'Angleterre et appartient probablement à
l'année 1433.
■i Voy. dans Lacomblet, Urhundenbuch, IV, 273, un acte du 15
juillet 1137 ou 1438, par lequel le roi d'Angleterre Henri VI, promet
au dit archevêque de continuer à lui payer la rente féodale (Lehn-
rente)' qu'il recevait de Henri V. — Cf. ibid., 275, un acte du 21 mai
1439, et dans Lunig, D. Reichsarchiv, VII, 92, le traité du 22 dé-
cembre 1448 entre le roi d'Angleterre et l'archevêque de Cologne.
* Ibid., 286, lettre du 2 septembre 1440.