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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0219
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194 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

Pendant que nous étions occupés à faire une ample récolte de silex, apparaissent tout à
coup, derrière on rocher, trois nomades à figures peu avenantes, armés de mauvais fusils, et qui
s'approchent pour nous demander ce que nous cherchons, et ce que nous faisons là. Nos expli-
cations parurent leur donner pleine satisfaction, car ils s'éloignèrent au bout de quelques
instants, en nous déclarant que nous n'avions rien à craindre d'eux. Au dire de nos hommes,
ces rôdeurs devaient être des bandits, se rendant à Farchout afin d'y vendre du bétail volé.

Le retour se (it sans incidents, et à une heure du matin, nous étions de nouveau àLouqsor,
très heureux de nos trouvailles, mais extrêmement fatigués.

Cette station paléolithique de Gebel Souhan est des plus intéressantes à visiter, car tout
y semble bien en place, et rien ne peut faire croire que quelque explorateur, amateur de silex,
soit venu pour déflorer cet atelier. Les instruments qu'on peut y recueillir sont variés, très
bien travaillés, et quelques-uns présentent des formes dont je n'ai rencontré les analogues
nulle part ailleurs. Ceux que nous avons trouvés pour la première fois dans cette région, sont
d'énormes grattoirs demi-circulaires, taillés dans une large lame de silex, de forme trapé-
zoïdale. Ces instruments n'ayant été que très rarement signalés en Egypte, nous les avons fait
photographier ici de grandeur naturelle. M. de Morgan, dans son second volume sur l'Egypte,
page 114, en avait figuré trois exemplaires provenant de Arakah et de Kawamil, mais portés
seulement par un talon triangulaire, et de dimensions infiniment moindres que ceux de Gebel
Souhan. M. le professeur Sclrweinfurth nous écrit— 5 mai 1908 — qu'il a trouvé de ces grands
racloirs concaves, se manoeuvrant à deux mains, dans une vallée située à l'ouest du Gabanet el
Giroud, dans les montagnes thébaihes. Plusieurs de ces instruments pesaient plus d'un kilo-
gramme. Une de ces pièces a été figuré au n° 54 dans le mémoire de M. Schweinfurth sur les
Eolithes de Thèbes.

L'écartement des deux extrémités de la demi-circonférence est do 13 centimètres sur les
pièces de Gebel-Souhan. De ces deux pointes, les bords latéraux se dirigent en arrière, tout en
se rapprochant sensiblement, de façon à se souder à une large base horizontale, longue de
8 centimètres seulement. Cette base ou ce talon, formant la poignée de l'instrument, a été
régulièrement taillée par l'ablation de gros éclats. T'no dos faces de ce grattoir gigantesque
présente la surface croùteuse naturelle du silex, dont une partie cependant a disparu par suite
de la taille. La face qu'on pourrait appeler inférieure a été détachée d'un bloc de silex; elle est
ordinairement très plane, mais montre cependant, sur les bords latéraux, les traces d'éclats
habilement enlevés par la percussion (fig. 130 et fig. 137).

Le bord supérieur, concave, semi-lunaire, présente donc la forme des grattoirs de petites
dimensions que nous avions trouvés, en 1900, à Khozam. On peut constater, par l'examen des
nombreuses pièces que nous avons ramassées à Gebel-Souhan que sur la face inférieure, c'est-
à-dire sur celle qui tenait au bloc de débitage, un coup donné avec une grande adresse, avait
détaché en une seule fois, une lame demi-circulaire s'étendant entre les deux pointes de l'instru-
ment. L'enlèvement de cet éclat, n'avait d'autre but, que de préparer un tranchant très vif à
cette espèce de faucille-grattoir. Sur la face supérieure, au contraire, celle qui porte la trace
de la "'anime croùteuse. de nombreuses retouches données sur la concavité demi-circulaire ont
habilement transformé le tranchant en une scie assez fine.

Ces pièces, qui sont admirablement conservées, présentent la couleur d'un beau bronze
florentin; elles devaient évidemment être tenues à la main par leur base horizontale. Mais à
 
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