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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0326
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MOMIES DE CROCODILES 297

couches de bitume. Dans certaines tombes, on trouve, collés les uns aux autres, comme cela
se voit pour les oiseaux, de grands rouleaux formés par de jeunes crocodiles englués de
bitume, formant une enveloppe d'une grande dureté.

Lorsqu'on éclaire avec une bougie les têtes de crocodiles qui se présentent ordinairement
à l'entrée de la tombe obscure, on est frappé des regards brillants qui se dégagent des yeux
de ces sauriens. Gela provient d'un
procédé d'opération oculaire que je
n'ai jamais vu signalé nulle part.
On découpait dans un vase en verre
mince (fig. 212), une cornée oblon-
gue, à peu près de la grandeur de
celle de l'animal vivant. Dans la face _. ^ r. _

oe l Fig. 212. — Cornées factices de crocodile. Iyom-Ombo.

concave de cette pièce, on peignait

un iris arrondi, d'une couleur jaune d'or. Au milieu de cet iris on dessinait, en noir, la pupille
oblongue du saurien. Cet oeil factice, très brillant, était fixé avec du bitume et quelques ban-
delettes en avant de l'orbite, devenu vide, de l'animal qui reprenait ainsi une apparence de
vie tout à fait extraordinaire.

Les crocodiles atteignaient dans le Nil de Kôm-Ombo des proportions vraiment colos-
sales. Les deux plus grands (pie nous ayons vus, provenant de cette localité, se trouvent exposés
de chaque côté de là porte de la salle consacrée à la zoologie, dans le Musé»; du Caire, ils ont
4 m. 50 et 4 m. 75 de longueur. Ceux que nous avons rapportés au Muséum de Lyon, sont de
dimensions un peu moindres. Il a fallu cependant les efforts réunis de quinze hommes pour les
ramener à la lumière des profondeurs des grottes obscures où ils étaient ensevelis depuis des
milliers d'années. Ces grands animaux sont tous simplement enduits d'épaisses couches de
bitume bouillant. Lorsqu'ils n'ont qu'un mètre de longueur (fig. 211), ils sont d'abord badi-
geonnés de bitume, puis entourés de bandes de toile de deux teintes différentes, dont les
entrelacements réguliers font un bandage quadrillé d'un effet très artistique.

Dans les tombes do Kôm-Ombo, nous avons trouvé un grand nombre de têtes séparées
de crocodiles de différentes grandeurs, présentant toutes une section complète, faite en travers
au milieu du museau, destinée à empêcher l'animal de mordre.

Cette amputation parait avoir été faite d'un violent coup de hache, ayant sectionné, tout
à la fois, le maxillaire supérieure ainsi que la mandibule. Cette horrible blessure a été certai-
nement faite dans le but d'amener la mort rapide de l'animal. Elle a dû être faite sur l'animal
encore vivant, probablement afin de paralyser ses maxillaires. Dans tous les cas, elle a été
opérée avant l'immersion dans le bitume, ce qui est facile à constater (lig. 213) sur les deux
surfaces de section.

Le savant et illustre zoologiste Geoffroy Saint-Hilaire, qui faisait partie de l'expédition
de Bonaparte en Egypte, a étudié avec beaucoup de soins' les crocodiles qui, à cette époque,
vivaient dans le Nil égyptien, ainsi que les espèces momifiées qu'il avait pu se procurer. Les
animaux, rapportés par nous, au nombre de dix-huit adultes et plusieurs milliers de petits
venant de naitre, appartiennent aux espèces décrites par Geoffroy. Elles sont malheureusement

1 Geoffroy Saint-Hilaire, Description de l'Egypte, t. XXIV, p. 401.

Faune Mou., V. 38
 
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