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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0353
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324 FAUNE DE L'ANCIENNE EGYPTE

Il pourrait en être autrement des nombreux échantillons de Spatha recueillis, par de
Morgan, au milieu des kjoekkenmoeddings de Toukh 1. Il ne s'agit plus ici d'animaux marins :
or, de nombreux textes et monuments figurés nous apprennent que les Egyptiens se livraient
à la pèche sur le Nil et les étangs voisins2; il est donc fort possible, qu'en temps de disette
tout au moins, les habitants aient utilisé ces grands bivalves qui pullulaient dans toutes les
eaux douces de leur pays 3.

Il est enfin tout un groupe d'espèces non comestibles, d'un poids et d'un volume tels qu'elles
ne pouvaient servir de bijoux ou d'amulettes. Tels sont les très gros Strombus, Pterocera,
Tridacna ou Pecten Townsendi. Il semble logique d'admettre que de telles coquilles jouaient
un rôle encore inconnu, mais analogue à celui des autres animaux de la Faune momifiée, et
que les Egyptiens leur attribuaient quelques vertus symboliques. Parmi les principaux dieux
du Panthéon égyptien, nous voyons Isis représenté avec une tète de Vache, Jupiter Ammon
avec celle d'un Bélier, Osiris toujours reconnaissable à sa tête d'Epervier ; peut-être quelques
dieux, beaucoup moins importants, avaient-ils, parmi leurs attributs, certaines des
coquilles dont nous venons de parler. Il y aurait ainsi une analogie de plus entre l'Egypte
ancienne et l'Inde où nous voyons la plupart des dieux: Vichnou, Krishna, Durga, Ganéça4,
etc.. porter la conque sacrée (Turbinella rapa:> Lamarck6) que les Brahmanes adoraient7.
Mais, en Egypte, le manque de preuves ne permet pas d'arriver à une telle précision. Il est
cependant possible de citer quelques faits en faveur de cette hypothèse. C'est, tout d'abord,
l'existence de représentations, en pierre dure, de quelques rares Mollusques parfaitement recon-
naissabless ; c'est ensuite la présence, au milieu du mobilier funéraire qui ornait le tombeau

1 Morgan (J. de), Recherches sur les origines de l'Egypte. — II. Ethnographie préhistorique et tombeau
royal de Negadah, Paris, 1897, p. 99. Ce kjœkkenmœdding renfermait, en dehors de nombreux Mammifères et de
quelques Oiseaux, un certain nombre de Poissons parmi lesquels le Tilapianilotica Linné, espèce également origi-
naire du centre africain et qui, par migrations successives, s'est répandue en Egypte et jusque dans les eaux douces
de la Syrie (Louis Germain, loc. supra cit., 1909, p. 161 etsuiv.).

2 Les scènes de pêche sont souvent représentées sur les parois des tombeaux égyptiens. Je me contenterai de
■donner ici, comme exemple, la paroi est (1™ partie) du tombeau d'Ekhuoum-hôtep (Lepsius, Benkmœler, II Abth.,
Taf. 130, reproduite par E. Amélineau, Histoire de la sépulture et des funérailles dans l'ancienne Egypte, II,
1896, p. 503, pi. LVI ; Annales du Musée Guimet, t. XXIX), et la scène de pêche du tombeau de Ti, dans la
nécropole de Saqqarah (E. Amélineau, loc. supra cit., II, p. 421, pi. XLI).

3 La chair des Spatha, analogue à celle des Unio et Anodonta de la faune française est mangeable, surtout
après cuisson.

4 Les monuments indous où les dieux sont représentés avec la conque sacrée ne sont pas rares. Le Musée Guimet
•en possède un assez grand nombre (Cf. L. de Milloué, Petit guide illustré au Musée Guimet, Paris, 1897,
p. 76, 84, etc.). De nombreuses figurations en ont été données par les Indianistes. Parmi les Malacologistes, seul
Locard a donné, à deux reprises, la représentation d'une statuette de Krishna appartenant au musée Guimet. —
Locard (A.), Les coquilles sacrées dans les religions indoues (Annales du Musée Guimet,."Vil, 1884, pi. IV-V) .
Histoire des Mollusques dans l'antiquité, Lyon, 1884, frontispice.

5 Cette identilication a été faite par A. Locard (Histoire des Mollusques dans l'antiquité, 1884, p. 46).

6 Lamarck (De), Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, 2e éd. (par Deshayes), t. IX, 1843,
p. 377, n° 2.

7 Bourquin (A.), Brâhmakarma ou Rites sacrés des Brahmanes, traduit du sanscrit (Annales du Musée
Guimet, VII, 1884, p. 45). Cet auteur donne le rite suivi pour l'adoration de la Conque.

8 Je citerai notamment : un camée égyptien sur lequel est représenté un gros Escargot rampant (A. Locard,
Histoire des Mollusques dans l'antiquité, 1884, p. 84) ; les imitations de coquillages en faïence émaillée signalés
par Mariette-Bey (la Galerie de l'Egypte ancienne à l'exposition rétrospective du Trocadèro, Paris, 1878,
p. 112); et surtout les belles reproductions en diorite des Cyprsea moneta Linné (Nécropole de Rizakat, prés Gébé-
 
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