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La Lune — 1.1865

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https://doi.org/10.11588/diglit.6766#0006
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Ils se rendirent dans la campagne; .je les suivis. Ils entrè-
rent dans les blés; j'y entrai.

Et j'entendis le carabinier s'écrier avec une voix de ro-
gomme :

— Nonobstant, je t'aime.

Et la jeune fille appela ce monstre : Chérubin.

Lune, tu brillais du plus vif éclat en ce moment. Et tu
n'as pas voilé ton front, et tu n'as pas reculé d'horreur — ce
que le Soleil aurait fait selon son habitude, — et tu as encou-
ragé tout cela de ton éternel sourire béat.

Si c'est là ta chasteté, tu peux vendre ton piano.

* *

Lorsque, blottie au fond de l'alcôve, la nouvelle mariée,
impatiente, amoureuse et craintive, reçoit le jeune époux,
qui donc vient dissiper l'obscurité ? qui donc vient jeter dans
la chambre nuptiale un coup d'œil indiscret ? qui remplace
effrontément cette lampe que la pudeur a éteinte?

Toi, toujours loi, cteaslfee Diane.

LES HORIONS D'ORION

Si, mollement appuyée sur le bras du fiancé, la jeune fille
marchant silencieusement. éron!e avec ivresse les paroles
d'amour que rvlui-c i muinnu:- h «on :-i ; !!<■: si, forcée de faire
un aveu, elle attend que les ombres soient épaisses pour dire :
Je t'aime, sans laisser voir sa rougeur, cette fine fleur de la
chasteté, qui donc montre sournoisement sa corne au coin
d'un nuage pour éclairer le visage ardent de la jeune fille?

Toi, toujours toi, chaste Diane.

* *

Partout où tu brilles d'un éclat sans pareil, on voit se pro-
mener deux par deux des gens qui donnent pour prétexte à
leur promenade une fatale passion pour les fraises. De fraises
point. Mais des éclats de rire, des mots douteux, des chan-
sons grivoises, les farces de caserne. On se prend les mains,
la taille, et des baisers.

Ta figure, réjouie plus que jamais dans ces moments-là, est
un indice certain que tu ne fermerais pas les yeux pour bien
d'autres choses.

Voilà ta chasteté.

*
* *

Oh ! rions !

A vous, la première botte, padre Commersoa.

L'article d'en-tête de votre dernier Tintamarre me semble
une furieuse blague à l'adresse de la Lune.

Vous parlez d'un journal qui paraît tous les quatre ans,
sans doute pour faire allusion'à la présente feuille qui parait
quand cela nous plaît.

Très-joli !

Seulement, veuillez me permettre un calcul, adorable padre
Commcrson.

Le premier numéro de la Lune s'est' tiré à 12,000 exem-
plaires, chiffre exact que nous vous autorisons à crntrôler
chez notre marchand de papier, M. Jarry, rue de la Banqne.

Or le Tintamarre, — nous vous faisons bon compte, — ne
tire qu'à 2,000.

La ùw, en paraissant toutes les six semaines, se trouve-
rait donc ex œquo avec le Tintamarre.

Et nous paraissons tous les mois, vous battant conséquem-
ment de 4,000 exemplaires.

Quelle belle chose que l'arithmétique !

N'importe, vous ne nous emballerez pas encore cette fois-
ci, spirituel emballeur.

G A S T A DÏVA (?)

Ceci n'est point un hymne.

C'est plutôt une apostrophe véhémente à cette farceuse de
Diane qui a usurpé, on ne sait plus comment, une réputa-
tion de chasteté que je me propose de démolir.

J'ai mon plan, d'ailleurs.

Si je laissais à la Lune son renom de pudeur, que devien-
draient les rédacteurs de la présente feuille lorsque les néces -
sités dujournalisme les conduiraient à narrer un fait quel-
que peu scandaleux? Ils seraient poursuivis et condamnés
comme coupables d'avoir manqué à toutes les lois de la cou-
leur lunaire.

Pas de ça.

Que les rimcurs sans idées se rejettent sur la pâle Phœbé
et chantent ses vertus sur leur guitare, pour faire gober à
ceux qui lisent encore des vers que les poètes ne sont pas
tous partis avec les dieux. Je veux bien. Ça m'est égal.

Mais qu'il se trouve encore des gens prétendant me ra-
conter que Diane est un petit miracle de chasteté, je proteste,
je m'insurge, je monte sur l'estrade, je vais droit à l'armoire
et, comme Dumoulin (pas Camille), je brise la chevilette
qui sert de ficelle. '

*

* *

Quoi ! un grand potiron sans couleur avouable, terne
comme s'il était venu dans une cave, un grand potiron se
promène dans le ciel.

' Quelque Davenport de l'antiquité, désireux de créer son
petit culte de fantaisie pour s'en faire trois mille francs de
rente, trouve que ce potiron est joli. Il se dit que les hommes
sont bètes, et il révèle aux moutons de Panurge que Diane
est son nom, qu'elle est sœur du Soleil et fille de Lalone, et
que la chasteté est son plus bel ornement.

Plus heureux que les beaux-frères de M. Fay, ce médium
a réussi. Voilà trois mille ans que ça dure, et il ne s'est pas
élevé une voix, il ne s'est pas taillé une plume pour dire ou
écrire le contraire.

Mille millions de planètes! Nous allons bien voir.

*

* *

Nous avons d'abord l'histoire d'un certain Endymion, dans
les bras duquel la Diane en question venait folâtrer sans
bruit. Celui-là est connu, c'est l'amant avoué qui offrait les
huit-ressorts de l'époque et. qu'on appelait monsieur. Mais
nous avons encore cet infortuné Actéon qui ne pouvait se
présenter chez Phœbé que le jour, l'ami de cœur en un mot.
Il eut la maladresse de se laisser voir par ses domestiques, et
on le pria de se déguiser en cerf, ce qui signifie, comme on
sait, depuis la plus haute antiquité, filer au plus vite.

0 Diane, cocotte sans vergogne, toi chaste !

Quelle farce vulgaire !

* *

N'est-ce donc pas toi qui éclaires chaque soir, en collabora-
tion avec quelques becs de gaz, celte formidable foire aux es-
claves qui se tient, sans un jour de relâche, sur les trottoirs
du boulevard des Italiens et du boulevard Montmartre.

Pendant que grouille sous tes yeux l'innombrable quan-
tité d'acheteurs et d'esclaves n vendre, tu continues, sans
rougir, remarque-le bien, sans rougir, ta promenade de
boule de quilles sur ce lapis de velours bleu que les hommes
ont appelé le firmament dans la pauvreté de l«ur langue.

Et ce serait en ton nom qu'on nous défendrait l'anecdote
croustîlleuse ou l'article épicé — pur cayenne — Allons
donc!

*

r * *

Je me souviens que, dans une ville de province, il y avait
un jour un énorme carabinier en congé de semestre. C'était
un géant. Ah ! par exemple, il était mal bâti. Ses jambes
avaient bien un mètre trente centimètres ; son buste était si
court, que lorsqu'il était assis à table les personnes bienveil-
lantes lui adressaient des compliments en répétant que dans
les petites boites sont les bons onguents, plaisanterie inven-
tée par les pharmaciens pour vendre très-cher les petites
drogues.

Enfin il portait sur ce corps une tête que Quasimodo eût
repoussée avec indignation, si quelque farceur lui avait pro-
posé de l'échanger contre la sienne.

Eh bien, cet homme-là qui portait le doux nom de Népo-
mucône fit sous mes yeux la conquête d'une jeune fille blan-
che et charmante dont le buste .était sérieux. Un rendez-vous
fut donné, je surpris leur secret.

C'est aux dépens de la nuit que tu Ces l'ait cette réputation,
car la nuit seule esfchaste, la nuit seule est mystérieuse, la
nuit seule est discrète.

Onuit! si j'avais le temps, quelle magnifique tirade j'é-
crirais ici à ton bénéfice, sans le concours de Thérésa. Mais
que veux-tu, nuit bien-aimée, ce n'est pas de toi qu'il me
faut parler aux populations enthousiastes, c'est de ton enne-
mie, de celle qui, se disantsœurdu soleil, vient éclairer d'une
lueur impudique et blafarde ces sublimes et ténébreux mys-
tères.

Méfions-nous, je deviens épique.

* *

La Lune n'a jamais rendu de service qu'aux détrousseurs,
conpe-jarrets et autres brigands de grand chemin.

Au lieu de les effrayer, elle éclaire la victime qu'ils at-
tendent.

Ils se postent dans l'ombre, résultat fatal de la triste lu-
mière. Ils tuent, dévalisent, commettent mille crimes, infa-
mies et scélératesses, emportent tout le butin sans compter
l'honneur des dames et damoisellcs, tandis que Diane, avec
son sourire éternellement peint sur sa physionomie écœurante,
continue sa marche au milieu des étoiles innombrables.

*

Il est temps d'en finir avec les vieilles conventions.

Et vous, mes collabo, ne vous gênez plus. La Lune n'est
pas une bégueule, quoi qu'on en dise. Riez du vieux rire ra-
belaisien. Tous les lecteurs et les amis de la Lune nous ap-
plaudiront comme des ckqueurs.

C'est la grâce que je vous souhait".

*

* *

Allez maintenant, poêles chevelus, rimeurs chauves, ver-
siticaleurs essoufflés, chantez, si vous l'osez, sur vos guim-
barbes désaccordées, chantez la chaste Diane.

Un immense éclat de rire vous répondra.

Le Sàgittaii:k.

A votre tour, Journal des Débats.

J'ai lu le compte rendu que vous avez consacré au meeting
négrophile de la salle Hcrz.

Pauvre salle Herz, elle en voit de foules les couleurs !

Après les pfanistes**ët leurs pianos, les frères Davenport et
leurs guitares, voici venir les négrophiles et leurs discours.

« Ces discours orouoncos, dit !<; Journal des Débats, tout le
monde s'est retiré content, surtout un nègre, qui se tenait
debout, nu fond de la salle. »

Eh bien, parole d'honneur! on a une drôle de façon de re-
cevoir les nègres dans les meetings négrophiles.

— ,1e la trouve bleue, celle-là, dirait Mlle Benoiton, la ca-
dette.

Il me semble que l'organisateur de la petite fête aurait au
moins dû offrir une chaise au représentant de la race en fa-
veur de laquelle on enfilait des tirades à perte de vue.

Il faut être logique, que diable !

Quand on aime quelqu'un, et qu'on l'invite à venir enten-
dre, pendant trois heures, des choses qui lui'causeront de la
joie, on ne le laisse pas debout, au fond de la salle.

La joie fait peur!

Après tout, ce nègre était peut-être là pour recevoir ou
donner les paletots.
Les philanthropes me font toujours rire !

On me raconte une anecdote de chemin de 1er.
Je la donne telle quelie.

La scène se passe à minuit, l'heure des crimes.
Le train, qui vient de démarrer, glisse sur les rails.
Tout à coup une dame se lève et apostrophe véhémente-
ment son voisin de banquette :

— Que faites-vous, monsieur ?

— Mais, je ne fais rien, madame, répond le voyageur stu-
péfait.

La dame se rassied.

Quelques instants après, nouveaux cris :

— C'est trop fort, monsieur, je jure de vous faire arrêter
tout à l'heure.

En effet, en arrivant à la station, la dame requit le com-
missaire de la gare et le pria d'appréhender l'insolent.

Cependant, avant de lui mettre la main au collet, on de-
manda à la fille d'Eve des explications qu'elle donna à voix
basse, en rougissant.

Mais l'accusé avait l'air tellement innocent, sa stupéfaction
était si grande, que l'agent de l'autorité se mit à chercher
dans le compartiment et finit par découvrir la cause du
scandale.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Casta diva Les horions d'Orion
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Signatur: "C. Gripp"; "Carlo Gripp" Sonstige Angaben: "Gillet Sc"

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Tronsens, Charles
Entstehungsdatum
um 1865
Entstehungsdatum (normiert)
1860 - 1870
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Orion <Sternbild>
Mond <Motiv>
Schlag
Sehhilfe <Motiv>
Frankreich
Karikatur
Frau <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 1.1865, Nr. 2, S. 2_2
 
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