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La Lune — 1.1865

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https://doi.org/10.11588/diglit.6766#0021
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LA LUNE

5

les aigles et les Hamburger seuls ont des accointances avec
le soleil.

Sirven, pas Alfred, alla voir Hamburger après la repré-
sentation.

Le dieu était dans sa loge, en train do so démaquiller. Du
haut de sa grandeur, il regarda l'importun, le trouva laid et
sourit.

— Monsieur... dit Sirven, pas Alfred.

— Appelle-moi seigneur, fit le comédien que la maison
Coignard, Noriac et Cc couvre d'or.

— Seigneur, je voudrais devenir un artiste comme vous.

— Tu n'es pas dégoûté, continue.

— Je voudrais, comme vous, m'enivrer des applaudisse-
ments de la foule; je voudrais, comme vous, être aimé de
toutes les femmes; je voudrais, comme vous... oh! je n'ose
le dire !

— Allons, ne fais pas de manières, tu vois que je suis bon
prince, ne le gêne pas.

— Je voudrais, comme vous, être tutoyé par Thérésa !

* *

Hamburger était folâtre ce soir-là : il avait, par la grâce
du double-six, fait payer à Canuche, à Canuche le Toulou-
sain, à l'incomparable Canuche un verre d'absinthe panachée;
— il ne vit, dans la démarche de ce naïf qui restait là en
contemplation devant lui, qu'une bonne farce à jouer et une
occasion de rire pour tous les cabots de sa connaissance.

Hamburger conduisit Sirven, pas Alfred, au café de Suède,
où, de onze heures à minuit et demi, chaque soir, Thérésa,
la diva de l'Alcazar, au milieu d'une cour déjeunes seigneurs,
tout ce qu'il y a de plus talons rouges, pose du deux, passe
du quatre et bouche le jeu.

*

* *

Sirven, pas Alfred, vit Thérésa; elle lui plut, il lui plut,
ils se plurent, mais ils ne s'épousèrent pas.
Il fallait un stage.

— Vous m'intéressez, dit la femme à barbe, et je suis sûre
que vous avez plus de biceps que tous les blagueurs qui nous
entourent; montrez votre biceps !

Sirven, pas Alfred, montra son biceps, qui fut l'objet de
l'admiration générale.

Thérésa lui paya un grog américain et lui fît cadeau d'un
cachet de bain ; puis Hamburger lui adressa le discours sui-
vant :

— Jeune étranger, gobe-moi ça pendant que c'est chaud,
et va te coucher. Demain, à la troisième heure tu reviendras,
et si le grand conseil te juge digne de cet honneur, nous te
baptiserons artiste dramatique ; mais rappelle-toi que la de-
vise de l'ordre est : Prudence et discrétion.

*
* *

Le lendemain Sirven, pas Alfred, déjà grisé par le sourire
fascinateur de Thérésa et par l'éloquence d'Hamburger, me
donnait sa démission avant de se rendre au café de Suède.

Là il trouva des délégués de presque tous les théâtres de
Paris, qui lui firent subir un. examen.

Il déclama, debout sur une chaise, en tenant une queue de
billard dans chaque main.

Il fit à cloche-pied le tour du café.

Il imita les gestes d'un frotteur.

Il chanta le Noël d'Adam, à plat ventre sous un billard.

En un mot, il exécula toutes les folies qui lui furent ordon-
nées. Celte cascade dura huit jours au bout desquels il jura
d'épouser Thérésa.

Après cette dernière épreuve, le grand conseil présidé par
Hamburger, vénérable, assisté de Grenier et de Raynard,
lui délivra un diplôme d'artiste dramatique.

Il était venu idiot seulement; on le renvoya complètement
fou> — n faut bien que nos artistes s'amusent.







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LES RACONTARS D'UNE ÉTOILE

Je me suis levé lard, — ce soir,..

Je faisais la grasse journée— sous mes rideaux de nuages gris
que le soleil d'automne moire çà et là de pâles embellies,

Lorsque les insolences et les brutalités d'éclat de votre gaz
parisien m'ont réveillée...

J'ai rejeté mes courtines do vapeurs ;

Mes pieds so sont posés sur le morceau du firmament étendu
au bas de mon lit comme un tapis d'azur ourlé et frangé do
lumière ;

L'ombre a enveloppé d'un peignoir do satin ma radieuse et
flamboyante nudité,

Et me voici à mon balcon,— accoudée patriciennement aux
balustrcs célestes, dans la pose amoureuse, cavalière et sculptu-
rale d'une senora qui savoure la sérénade par-dessus les dentelles
de fer et les guipures de granit d'un moucharaby castillan.

Je commence par glisser un rayon indiscret dans le sourire
d'une croisée de calé Bignon...

Un écrivain qui craque d'esprit, mais dont la bourse ne craque
jamais de pléthore, vient d'offrir un rafraîchissement à une petite
dame qui a eu des bontés pour lui.

Mais comment obliger la fille d'Ève à choisir quelque chose de
peu coûteux, de la bière, par exemple ?

— Belle dame, dit-il, demandez la consommation que vous
voudrez, excepté de la bière.

— Tiens ! Et pourquoi '?

— Parce que dans cc cal'é ils n'ont que de la biôrc do Venise,
qui coûte 6 francs la bouteille, et c'est vraiment trop cher.

— Oh ! ma foi, tant pis ! s'écrie la blonde enfant, c'est juste-
ment de la bière que je veux, moi, là!

— Soit ! dit l'homme de lettres, et, poussant un hypocrite sou-
pir, il demande :

— Garçon, une bouteille do bière!

Au Jockey, l'on s'occupe du petit X....

Le petit X... est l'attentif de mademoiselle Z..., de l'Opéra,
une superbe créature qui rendrait des points à la maîtresse du
Titien.

L'autre soir, sur le tard, on a vu cette ballerine descendre, au
rond-point des Champs-Elysées, de la voiture du baron Y...

La voiture avait fait — au pas — onze fois le tour des lacs du
bois de Boulogne.

On a conté cette historiette au petit X...

— Eh bien? — après, messieurs'.' s'ost-il écrié en haussant les
épaules... Où est le mal ?... J'accompagnais Mlle Z... et le baron,
et je ne les ai pas quittés d'une minute...

— Bah!... Où étais-tu donc?

— Sur le siège, avec le cocher.

Dans les salons du monde diplomatique, l'on jase de Mme K...
derrière les éventails.

M. K..., son mari, est en mission au Japon voici tantôt trois
ans.

Or la semaine dernière, un vieil ami de la maison, récemment
arrivé de la campagne; s'en va rendre visite à madame.

Dans l'antichambre, la fille aînée —une jeune grue, d'une pré-
cocité inquiétante — lui barre brusquement le passage...

— Monsieur, maman ne reçoit pas : elle est dans une position
intéressante.

— Comment! il me semble que monsieur votre...

Ici le visiteur s'arrête, — effrayé d'en avoir trop dit...

La fillette a déjà compris...

Et, avec un sang-froid imperturbable :

■— Papa est au Japon, c'est vrai; mais il mous écrit tous les
mois.

&

A Ba-ta-clan — trink-halle lyrique — on chante la romance à la
mode :

Oh! là là! ousqiCest mon fusil?
J'en ai saisi au vol le premier couplet — ci-joint ;

Pour tirer le loup ou la buse
La chusse est de toute saison.
Allons! en campagne, la Muse!
Pour cartouche prends la chanson!
Et, puisqu'en France le mot tue
Plus vite que le plomb, f'M-il
Pris sur le pavé de la rue :
Oh! là là! ousqu'est mon fusil?

Je prierai mademoiselle Thérésa de vouloir bien me susurrer
le reste...
Entre oiks!...

a

Au foyer des théâtres, on potinc, oh ! mais là on potine, — quo
c'est comme un bouquet de fleurs... où la digitaline se mêle aux ca-
mélias!...

COTÉ DES ARTISTES.

première comédienne. — Oh ! cette Dochc ! était-elle assez
gâteuse, à l'Odôon, pendant les répétitions des Parasites !

deuxième comédienne. — Vous ne pouviez donc pas la remettre
à sa place.

première comédienne. — Qu'est-ce que tu veux qu'on dise à
une femme qui a presque autant d'années que de cheveux sur la
tête?

deuxième comédienne. — As-tu fini? Si c'était vrai, elle n'au-
rait pas plus de quinze ans.

COTÉ DU PUBLIC.

premier gilet ouvert.— Une rare performance, cette Irma Ma-
rié. C'est plus fin que Gladiateur, sais-tu?

deuxième gilet non moins ouvert. — Oh ! pas assez désossée,
cher !

premier gilet. — C'est-à-dire que jamais on ne rencontrera de
glace assez pure pour reproduire fidèlement tous ses trésors do
beauté !...

deuxième gilet. — Parbleu! elle n'a pas encore pu en trou-
ver d'assez grande pour voir toute sa bouche !

MINUIT.

On sort des Italiens.

Un jeune couple regagne le faubourg Saint-Germain, dans une
voiture qui implique et accuse douze mille livres de rente.

Monsieur fredonne dans un coin le Brindisi de Lucrezza Borgia.

Dans l'autre, madame ne songe pas sans mélancolie au peigne
de diamants que portait ce soir-là la duchesse de P....

— Oui, mais monsieur calcule aussi bien que feu Munilo, —
et la discussion du budget conjugal n'a pas souvent lieu sans
orage....

Tout à coup, le mari se penche à la portière, regarde l'horizon
clair sur lequel je me détache comme une mouche d'or sur une
lame d'acier; puis, empoétisô par la nuit calme, par les bour-
donnements de la musique dans son cerveau et par les effluves
magnétiques de la charmante créature qui ronronne à côté de
lui :

— Oh ! s'écrie-t-il en saisissant amoureusement la main de sa
femme ; oh ! n'est-ce pas que notre bonheur est un ciel bleu ?

— Oh ! oui, répond, madame, qui prévoit les récriminations
que soulèvera, le lendemain, la demande d'une bijou semblable
à celui de la duchesse, oh! oui, un ciel bleu... semé de nuages
d'argent !

On sort du Chàtelet.

Dans les cafés circonvoisîns, bacchanale des joies du ventre ;
bières d'Allemagne, jambons de Westphalic, choucroutes de
Strasbourg, boudins de Nancy et kirsch de la forêt Noire.

Le comique W... veut entraîner la danseuse A... B... vers l'es-
taminet de la Soupe au fromage...

La demoiselle résiste...

— Qui? moi? entrer clans ce coupe-gorge !

— Bah ! qu'est-ce que tu risques ?

On sort du Casino.

Un bourgeois talonne une fillclte — fluide, immatérielle, éthô-
réc — une strophe de Lamartine habillée en cocotte par le crayon
gavarnique de Gôdôon!...

Celle-ci se retourne, et, d'mnc voix qui sonne comme un gong :
— Va donc, vieux wagon déraillé! T'as pas fini d'allumer ton
pétrole ?

La Petite Ourse.

LE BUSTE DE VICTOR HUGO

Au moment où la publication des Chansons des rues et
des bois a rappelé au public français un peu volage le nom
de son grand poêle, il est bon de ne pas laisser oublier aux
enthousiastes le buste admirable de Victor Hugo, par G.
Lebceuf, couvre d'art admirablement ressemblante, faite
d'après nature et d'une beauté saisissante. Ce buste a été
enlevé très-rapidement lors de son apparition, bien que, si
je ne me trompe, la vente en ait élô contrariée.

Quand on songe que pour trente francs on a le buste na-
ture en plâlre du grand écrivain et du poêle illustre (qua-
rante francs en albâtre stéariné), on s'étonne vraiment qu'il
ne s'en vende pas des milliers chaque jour.

Cependant j'ai vu chez XI. Henri Lefort, rue Vivienne, 12,
qui se charge d'expédier ce buslc, arriver des demandes
par cenlaincs, et, chose étrange! ces demandes en grande
partie émanaient de gens qui n'aiment pas complètement
Victor Hugo. N'est-ce pas un hommage rendu au poëte et
au littérateur?
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