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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0036

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4

LA LUNE

Sa spécialité, à lui, serait de nous montrer des phéno-
mènes.
Que l'ait-il?

Il inaugure la saison avec le Camp du drap d'or, une ren-
gaine fort peu phénoménale.

Est-ce que ce serait une tactique pour devenir un phéno-
mène de maladresse légendaire.

Quoi encore?

Ah ! nous avons le petit Bonnay, qui joue d'un instrument
dont il n'est pas l'inventeur, quoi qu'on en dise.

Ce l'ut un nommé Sankson qui inventa la chose. Un,jour
qu'il venait d'exécuter un air de Aorma sur sa paille, un
monsieur lui demanda combien il fallait de temps pour ap-
prendre à,jouer de cet instrument.

— Trente ans, répondit Sankson.

— Avez-vous des élèves?

— J'en ai eu un, il est mort de la poitrine.
On n'insista pas.

Si nous en sommes là déjà, qu'allons-nous devenir pen-
dant l'Exposition universelle?

C'est alors qu'on pourra crier avec plus d'acharnement que
jamais :

— Des phénomènes! qui veut des phénomènes pour un
liard?

Os.

GAZETTE A LA MAIN

Il est des choses et des gens dont j'ai pris avec moi l'engage-
ment solennel de ne jamais souffler un mot dans ce journal...

Tels sont, par exemple, Timothôo îrimm et Thérésa, l'Acadé-
mie et les Délassements, le cabinet de Berlin et le café des Varié-
tés, Lôonidc Leblanc et Ponson du Terrail, M. de Girardin et Cora
Pearl...

Leur mettre une fois do plus la plume dans la gorge, ne serait-
ce pas en vérité vouloir imiter Jean Hiroux, — lequel, après avoir
tué un invalide d'un premier coup de couteau, lui en donna en-
core soixante-six autres, à cette lin de savoir s'il frapperait toujours
dans le même trou ?

Par une raison identique, je ne ferai pas de réclame au prin-
temps.

Cette saison, qui fait pousser des boutons partout — excepté à
nos habits — n'est guère qu'un prétexte inventé par les dûmes
pouraccepter—sans qu'il soit besoin de lesleur olfrir — des robes
de gaze 4e Chambiry, des chapeaux Paméla, des salades de fraises
au Champagne et des^ déjeuners suburbains où les primeurs coû-
tent les yeux de la bourse !

Les asperges, tenez !...

Kilos ont perdu plus d'âmes que la Nouvelle tkloisc et la Vie de
Jésus!!!

*
* *

Au commencement d'avril, le banquier B... passait devant le
magasin de Chevet.
Il y avait des asperges à l'étalage.

— Ma femme est très-gourmande, pensa le financier. Si je la
régalais de cette nouveauté?...

11 entra...

— Combien ces asperges?

— Trois louis.

— Diable!...

— Monsieur, ce sont les premières de l'année. Vous n'en trou-
verez pas autre part. 11 n'y a que celles-là à Paris.

— N'importe; c'est trop cher.

*

* * ,

Le banquier sortit et s'en fut à ses affaires ..
Mais il se ravisa dans la journée...

_Ma femme m'adore; elle est charmante; décidément elle

mérite bien une galanterie de soixante francs!...
Et il retourna chez Chevet.
Les asperges étaient vendues !

M. 11..., un agent de change, célibataire très-connu du banquier,
venait de les emporter.

— Le misérable! se dit B..., il les
aura achetées pour sa maîtressse!
Tous ces garçons sont des bour-
reaux d'argent!... Ma loi, je ne
rentrerai pas chez moi. Je serais
trop honteux d'avoir à raconter cet
échec à ma femme. Je vais aller
manger au cercle.

*
* *

Madame était couchée ^lorsque
monsieur revint.

— Un ami m'a retenu dehors.
Vous ne vous êtes pas trop ennuyée
ên mon absence?

— Mais non, j'ai dîné chez ma
mère.

— Vous avez fort bien l'ait... Ah!
ça, vous permettez, ma chère... Je
me suis, ce soir, gonflé de bière
comme un Flamand...

Et notre financier va ouvrir un
pelit meuble intime...

Puis, au bout d'un instant, se re-
levant jaune de colère :

— Madame, vous mentez ! Vous n'avez pas dîné chez votre
mère!

— Moi?...

— Vous avez dîné avec H...!

— Monsieur, qui vous a dit'.'...

— Hé! madame, on ne m'a rien dit! Alors qu'un homme d'eo-
prit est trompé, il le sont t

*

Le ménage B... plaide en séparation.

Cirque «le l'Impératrice.

M. Dejean n'a plus rien à envier à M. Arnault.

Un sait que ces doux directeurs se livrent, depuis des années,
à l'un de ces combats grandioses, titanesques, hugotiques, qui
n'ont d'égal que le duel de Jacob et do l'Ango dans la Bible, et
la lutte à main plate, sur le pavé de Paris,'de P. Mitlaud, le bni-
ble Bordelais, et de H. de Villemessant, le taureau de Chambon.

Le premier annonce Crockett ; vile! le second affiche Her-
mann !

L'un a Faimall ; vlan ! l'autre a Batty !

Le Cirque exhibe un ours apprivoisé ; presto ! l'Hippodrome
commando une pantomime à Dollingcn !

M. Dojean l'ait venir une pieuvre; crac ! M. Arnault parle d'en-
gager mademoiselle Buissoret!

*
* *

L'an passé, M. Arnault avait eu son petit chabamis d'ouver-
ture..,.

On jouait les Brigands de la Çalabre....

Le public faillit déraciner l'Hippodrome pour le jeter à la tète
des artistes.

— Ah! lu as eu tes Deux Sœurs ! se dit M. Dojean. Eh bien,
j'aurai, moi, mon Henriette Maréchal !

11 l'a eue !

Elle s'est appelée la reprise do la Crois&anee électrique.
Ah! si le cirque de l'Impératrice n'avait pas été bâti en pier-
res de taille !...
Mais quel Tannhauser do si filets !
Buridan-Dojean a toisé Arnault de Bourgogne :

— A toi la première manche, Marguerite! A moi la seconde !
A qui la belle ?

— Figurez-vous (m'en préparant mon calé au lait, mon domes-
tique a failli inc er'mon atelier....

— Bah ! / <<

Sontrez-y !

c,

e perte ! Ma grande toile pour l'Exposition
i !...

Ah! ce mois de mai !...

J'avais juré de n'en pas parler...

Mais comme il vous ouvre les intelligences et les cœurs !
La scène se passe aux Tuileries :

*

* *

premier coilégien. — Eh bien, et la femme de chambre de ta
maman?...

deuxième collégien. — Eh bien, dimanche, comme elle me
l'avait promis, elle à laissé sa porte ouverte...
toute la pension, avec curiosité. — Et puis'.'...
le collégien. — Je suis entré. Elle était là...
toute là pension, avidement. — Alors?

le collégien, avec désespoir. — Ah! mes onlànls, il n'y avait
pas de lumière!!!

Les saloiders taillent leur plume.

Lundi, j'ai rencontré devant le palais do l'Industrie X..., uu
crétin do lettres, qui venait de retirer sa carte.

— Vous ne savez pas, m'a-t-il dit, je suis attaché à un grand
journal...

— Pour quoi faire'.'

— Pour faire le Salon.

— Vous fournit-on les balais ?

Un peintre médiocre qui a dix mille livres de renie — aurea
mediocritas — et dont le jury n'a jamais refusé les tableaux, di-
sait à Edouard Manet :

aurait pu èlrc g tï

— Eh bien, vous n'aurisz en qu'à étendre du beurre dessus, et
ça vous aurait fait des rôties pour votre café.

Le Mangeur de fer

Phœnix Porion — le Mangeur de fer de l'Ambigu — rappelle,
dans les proportions d'Edouard Plouvier à Balzac, Jacques Collin,
Vautrin, Fêrragus —; toute la ménagerie de bandits que l'auteur
de la Comédie humaine se plaît à démuseler dans son œuvre.

Ce forçat paradoxal et vertigineux adù être taillé dans le même
granit que les quatre dalles bleuâtres qui forment, sur la place de
la Hoquette, les assises de l'échafaud.

Ilocambole ne lui irait pas à la manille!

Le défaut é\\i Mangeur de fur est de manquer de réalité. Certains
passages vous produisent le cauchemar que l'on éprouve à la lec-
ture dos Treize. Çà et là étinccllent des plaques de dialogues di-
gnes de Balzac pour le mordant, le pittoresque et la violence.
Somme toute, 1' »higu tient un grand succès. Chose bizarre : la
littérature n'est pas étrangère à l'événement.

*
* *

Clément-Just est au-dessus do tout éloge. Sa voix aiguë, gla-
cée, tranchante vous entre dans le cœur comme un coup de cou-
teau. De sa prunelle magnétique jaillit une lueur fauve qui illu-
mine la pièce.

Mlle Page donne la réplique à Clément-Just avec la grâce la
plus venimeuse et le charme lo plus scélérat du monde.

Castcllano, Faille, Vollet, Berret, Bôgnier jouent de ton le
llammo et de tout talent. Par exemple, Mlle Heymann rate la plu-
part de ses effets en les fartant. Cette fille d'Israël, à bec de corbin,
s'appelle Blanche dans le drame, et elle est noire comme une che-
minée. Faites-vous ramoner, mademoiselle : vous finirez par met-
tre le l'eu à la salle, car vous brûlez déjà les planches.

*
* *

Parlez-moi de Boulin, un comédien de derrière lc6 fagots ce-
lui-là, cl de l'année de la comète encore! Comme il sait habiller
son bonhomme! Un mot lui suffit. Son : C'est ma fille! du Mangeur
de fer, pendant du : Je le savais, de la Poissarde, atteint à la sublimité
du : nu!il mouTÙtl do Corneille. Quand le mot n'y est pas, Boutin
lo fait. Colbrun lui disait, pondant les répétitions dos îVtetfo
ili in Seine :

— 11 faudrait inventer quelque chose pour poser nos deux rôles
dès le premier tableau.

Boutin répondit.: ■ ,

— Tu m'appelleras Alfred.

Frédérick a dit :

— Etudiez Boutin. C'est uu livre.
Quel dommage qu'à la ville le livre
sautoy!

ne soit pas relié par Du-

Itêouverl lire du concert des « limiipn-l ly séei

la dame. — Monsieur,au nom du ciel, oubliez cette soirée! Ah!
celte musique des maîtres ados enivrements!... Mais j'appartiens
à un monde où l'on ne peut faillir. Je suis mariée, j'ai des enfants,
je veux rester attachée à mes devoirs...

le jELMi homme. — Quand vous reverrai-je?

la dame. — Jamais.

lk jèun'é homme.— C'est bien lard.

Réouverture de Maldlle.

la cocote. — Finissez donc! Comme vous chiffonnez mon
mouchoir !...

le gandin. — Madame, c'est pour voir votre chiffre...
la cocote. — Mon chiffre, c'est cent francs.

Emile Blo.ndet.

Le Gérant : Jacques CortiN

■ [MI'HIMERIE INTERNATIONA g LE G.
9, RUE DES FOSSÉS-MONTMARTRI.

TOWSI,

BOURSE DE l'A RI S

La liquidation tl'avx'il (trous n la lune), dossin de Gédéon.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Bourse de Paris La liquidation d'avril (trous à la lune), dessin de Gédéon
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Bildbeschriftung: "France"; "Belgique"; "Baisse" Signatur: "Gédéon"

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gédéon
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Sprung
Personifikation
Börse <Motiv>
Baisse
Sprungbrett
Belgien
Frankreich
Paris
Karikatur
Frau <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 9, S. 9_4
 
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