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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0039

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LA LUNE

3

li

lia plenis! A Chaillot, l'Académie! Non, l'Académie ne
voulait pas de lui ! De lui, l'Académie faisait fi ! Et pour-
quoi ? Pour quelle cause? Le motif, quel était-il? Il a traduit
Horace, cependant ! Qui jamais troussera comme lui un
compte rendu de vaudeville? Dites, puissances immortelles?
Il a chanté sur toutes les notes de la gamme de jolies chan-
sons, des chansons qui font rêver! L'air embaumé, les gaie-
tés champêtres; Barnave, le neveu de Rameau, les ânes
morts et les femmes guillotinées, n'ont jamais eu de secrets
pour lui. A fond il connaît le cœur humain en général et le
cœur féminin en particulier! Quid levius pluma? Pu/vis!
Quid pulvere? Ventusl Quid vento'! Mulierl Quid muliere? Ni-
hil! Pitié! Et ces messieurs du bout du pont des Arts l'ont
repoussé! Ils l'ont évincé! Ils lui ont fermé la porte au nez!
Vade rétro! Rustres, bélîtres, ignares, Patagons, Ojibways,
galibis, Tapouilles ! On vous en fichera des collègues de ce
calibre! A lui seul il eût pu terminer le dictionnaire avec
des oh! des ah! des points d'interrogation! des points d'ex-
clamation! Anankèt Aussi s'est-il vengé! Ah! vous ne
voulez pas de moi! Bonus, bona, bonwnl Eh bien, je ne
veux plus do vous! Entre nous le pays jugera! Et voilà
comment le grand Janin (Julius Janinus), faute d'entrer
à l'Académie, est entré au caveau! Glouglou, qu'ils sont
doux les petits glouglous ! Vivent Bacchus, Momus, Cornus!
Chantons la mère Vénus et la mère Camus! Évohé! Évohé!
Tressaillez, ombres de Parny, de Boufflers, de Collié, de
Vadé, de Paniird, de Désaugiers, de Piis, de Radet, de Des-
fontaines, de Dieulaftiy et autres francs lurons et joyeux
drilles, tressaillez! Janin est un de vos successeurs! Et quand
il ira vous rejoindre là-haut — dans le petit bleu, sur sa
tombe on mettra : « Il appela le homard cardinal des mers
et fut au Caveau le collègue de Flan! » Ça y est!

Nox.

LES COCOTTES

Les cocottes !

Voilà un mot de basse-cour qui dans ces derniers temps a
soulevé bien des tempêtes. Les Bridaine de la petite, presse
— relevant leurs manches de chemise — ont laissé tomber,
du haut de la chaire des nouvelles à la main, de corrosifs ser-
mons qui ont marqué ces dames au visage.

Vous me croirez si vous le voulez, mais je n'ajoute pas
loi à toutes ees indignations, et je suis persuadé que ces
dames se sont trouvées là fort à point pour alimenter une
chronique qui se mourait et donner un peu de bon sens à
des échos rongés par la chlorose.

Les gens qui prétendent avoir reçu du ciel la vertu en par-
tage vont me faire observer que je ne suis pas vertueux. Je
ne dispose pas moins de vertu qu'un lauréat de prix Mon-
tyon, bien que je n'aie jamais vu lever l'aurore, et qu'il
m'arrive souvent de me coucher au moment où cette ravis-
sante jeune fille— aux doigts de rose— se prépare à enlever
les volets de la devanture du firmament.

Et, soit dit entre nous, je ne pense pas que les gens qui
voient lever l'aurore soient plus vertueux que les autres; ils
sont travaillés par un mal secret^ et je ne sache pas qu'un
ramollissement de la moelle épinière puisse être présenté
comme un acte de vertu.

Ceci posé, j'ajouterai en toute liberté de conscience que les
cocottes ne m'ont jamais paru mériter ni de cet excès d'hon-
neur ni de cette indignité. En les flagellant, on leur a fait
beaucoup d'honneur ; en les mettant en relief sur le pavé de
la vie parisienne, on en a fait des indignes. Un peuple n'a
après tout que les courtisanes qu'il mérite, et je rends moins
ces dames responsables des scandales qui ont pu se produire
que les fils de famille qui ont créé ces dames.

A chaque l'ois que je vois se produire des catilinaires, je
m'écrie avec cette pureté de langage dont Victor Koning
nous offre le curieux spécimen dans le Figaro-Programme :
« Je la connais ! »

Ce n'est pas la dépravation de mœurs qui vous révolte,
mes confrères, c'est le luxe effréné. Quand les courtisanes
faisaient leurs adieux à ce monde sur une paillasse d'hôpital,
on les plaignait ; aujourd'hui qu'elles ont pignon sur rue,
ceux-là mêmes qui ont apporté une pierre à ce pignon leur
reprochent amèrement d'avoir fait danser l'anse du panier.

Mais songez donc qu'aujourd'hui elles sont exposées à
mourir deux fois. Une première fois en police correction-
nelle ; une seconde fois sur un lit de palissandre. Les cour-
tisanes d'aujourd'hui sont plus à plaindre que celles du
temps passé.

Et ce peuple français qui vit encore sur sa vieille réputa-
tion de galanterie, ce peuple français vient de les qualifier
de pieuvres.

La galanterie est du domaine de la marée, et l'on dira dé-
sormais : « Ça vient comme galanterie en carême. »

Après tout, ces femmes-là se marient quelquefois, et cela
prouve tout simplement qu'elles sont encore moins mépri-
sables que certains hommes.

GoiJKFROY Du VAL.

PKIME r>E LÀ JL.TJINE

Toute personne qui prendra un abonnement d'un
on à la LUNE recevra gratuitement, en guise de prime,
tous les numéros parus depuis le 1" janvier 1866.

Envoyer directement le montant de l'abonnement
en mandat ou timbres-poste, à M. Daniel Lévy, di-
recteur du journal, 5, Cité Bergère, à Paris.

La Lune publiera prochainement, :

Le Salon pour i-Ii»e (suite), par Gill.

Ma Première jeuneiiae (suite), par Gédéon.

I.» Dernière Incarnation <le IWaxlar» par Carlo QlUPP.

Les rleuïi"et parisienne», par Vai.io.

GAZETTE A LA MAIN

11 y a cpielque chose comme quinze ans, j'assistais, au théâtre
de Nancy, à une représentation vraiment extraordinaire :
On donnait le Barbier.

Duprez chantait Almaviva. Je dis chantait, et je ne me dédis
pas.

Son frère Kdouard mimait Bartolo.

Un jeune baryton de belle prestance, lequel devait, si je ne me
trompe, être engagé plus tard à l'Opéra sous le nom de Comte-
Borchard, avait endossé la veste à pasquilles, à fanfreluches et à
chamarres de Figaro.

Un autre brave garçon, un tout jeune homme aussi, ma foi,
portait le double poids du chapeau et du rôle écrasant de Basile
avec la mèma aisance qu'un éléphant porte sa tour.

Celui-là s'appelait Balanqué.

*

* *

Mademoiselle Pninsot, — qu'on n'a pas oubliée non plus rue
Lepelletier, — tenait le personnage de la duegne qui n'a guère
qu'une demi-douzaine de mesures à répéter dans le fameux sep-
tuor du deuxième acte.

Enlin, une adorable enfant, fraîche et vermeille comme une au-
rore, prêtait à la pupille du vieux docteur l'éclat, le charme, le

parfum des fleurs de seize printemps, et le prestige d'un organe
neuf, pur, argentin, qui montait et descendait l'échelle de la gam-
me comme un sautillement, comme un pépiement de fauvette...
Bosine alors n'était que Itosinette....

Et Mme Vandenheuvel n'avait pas encore été baptisée
Mme Yend-des-Navcls par ses facétieux camarades.

*

* *

Cette soirée — fête des oreilles et des yeux — m'est revejiue a
la mémoire quand j'ai appris, par l'Evénement, le décès de ce
pauvre Balanqué.

L'écrivain, le peintre, le musicien, le sculpteur peuvent se
dire : Non omnis monar! Je ne mourrai pas tout entier!...

Ils lèguent à l'appréciation de ceux qui leur survivent une œu-
vre tangible, matérielle, impérissable même dans certaines con-
ditions, — livre, toile, partition, marbre !...

Mais les paroles et les sons ont des ailes !... •

La voix s'éteint — l'homme meurt — le comédien et le chan-
teur roulent dans la nuit de l'oubli, plus noire que la nuit de la
tombe !...

§ui saura jamais préciser l'accent avec lequel la Malibran sou-
pirait la Romancé du saule'/

Qui noterait, d'une manière exacte, li somme de sous-entendus
que Mlle Georges faisait tenir dans un brin de phrase — dans le
Don Alphonse d'Esté, mon quatrième mari! de Lucrèce Jloiyia, par
exemple ?

Et qui se souvient seulement aujourd'hui de la façon Apre,
mordante, cuivrée, infernale, dont Méphistophélès-Balanqué atta-
quait la Ronde du veau d'or, dans Faust, au Théâtre-Lyrique'?

Tous les cadavres ne sont pas au cimetière.

Que de fois Charles Baudelaire ne s'est-il pas écrié :

— La fonction du poète est extra humaine. Je dirais volontiers

en dérangeant Térence : Poeta sum et quidquid humain a me alienum

puto!

Voilà l'auteur des Fleurs du ?«af cruellement satisfait !
11 n'a plus rien d'humain — que l'apparence!

Ce fut pourtant un lier causeur — qui étoilait la conversation
de plus d'esprit que n'en ont sur leur calepin MM. Barrière et
Dumas fils !

Son ami X..., calculateur et parcimonieux de nature, n'affectait
l'existence dévergondée du bohème que pour satisfaire à meilleur
marché ses passions égoïstes.

— Ce garçon-là, disait Baudelaire, est homme à faire deux
cent mille francs de dettes et à les placer à dix pour cent.

Mpeetuoles et Concerlu.

Avez-vous lu l'affiche du concert des Champs-Elysées? "

On y trouve une valse dédiée à Mme de Girardin, un quadrille
dédié à M.» de Villeme»$ant, une mazurka dédiée à M. Paul Fé-
val, etc.. etc., etc.

En suivant ce système de dédicaces, le programme de ces Ita-
liens d'été sera bientôt composé de la sorte :

*
* *

Première partie..

Ouverture des Magasins du Printemps, dédiée à
M"« FiGkac.................... Léo Lcspés.

La Pieuvre db Paris , valse brillante dédiée à
Mm« de S...s................... Albert lilaii(|uel.

Variations sur les Huguenots, — Choral de Lu-
ther, — dédiées à M. Yeuillot........... Ernesl Renan.

Lus Bavards, seolish dédiée à M. Thibus...... Olfenharll.

Quadrille du Coup de Jarnac, dédié à M. Mili.ai d. H. de Villempssanl

Je n'eus plus qu'un désir : devenir un
homme et avoir de la barbe.

Je me lis du torse.

Les jours de sortie, je me poussai .du col.

Mon premier cigare me causa quelques
désagréments.

.Te n'éprouvai pour l'absinthe aucun en-
ihousiasmc.

(La suite au prwhabi numéro.)
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Ma première jeunesse, Gédéon
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Bildunterschrift: "Je n'eus plus qu'un désir : devenir un homme et avoir de la barbe." "Je me fis du torse." "Les jours de sortie, je me poussai du col." "Mon premier cigare me causa quelques désagréments." "Je n'éprouvai pour l'absinthe aucun enthousiasme." Signatur: "G." Sonstige Angaben: "(La suite au prochain numéro.)

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gédéon
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Rasiermesser
Rauchen <Motiv>
Erwachsenwerden
Rasur
Trinkglas
Frankreich
Junger Mann <Motiv>
Karikatur
Absinth <Motiv>
Bart <Motiv>
Zigarre <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 10, S. 10_3
 
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