LA LUNE
EXTRA MUROS
Notre illustre contemporain Champfleury vient, du pre-
mier coup, de placer son nom à côté des Christophe Colomb
et des Vasco de Gama.
Il a découvert Mabille.
— Avez-vous vu, me disait-il de sa douce voix, avez-vous
vu quelquefois un des coins les plus curieux de Paris?
— Lequel ?
— C'est un jardin situé près des Champs-Elysées et qu'on
nomme Mabille.
Mon admiration m'a empêché de répondre.
Mais ma fibre nationale a été rudement chatouillée p;ir la
pensée que cette découverte était due à un Français.
, Les lauriers de Chamfleury"m'ont empêché de dormir, et
je me suis demandé pourquoi je ne découvrirais pas aussi
quelque chose.
Oh ! ça n'a pas été long, allez.
Je suis parti pour Ville-d'Avray après avoir fait des adieux
déchirants à la cité Bergère, et j'ai découvert à mon tour...
la campagne.
Chamfleury, c'est maintenant entre nous deux un duel de
gloire.
une musique inénarrable et pas de restaurants à trente-deux
sous — ça coûte plus cher, mais ce n'est pas bon — voilà les
éléments de la campagne.
Maintenant, qu'un chimiste allume ses fourneaux, qu'il
jette dans la cornue tous les corps simples et composés que
je viens d'énumérer, que cela se volatilise en plein mois de
juin... et vous verrez.
Passez un soir laubourg Saint-Honoré, ou rue de la
Chaussée d'Antin. Choisissez parmi les blondes arachnôa
qui reviennent à huit heures de leur travail quotidien, la
plus jolie et la plus blonde, conduisez-la sous les grands
arbres, et dites-lui :
— Je t'aime.
Ne lui dites même que ça si vous voulez.
Et vous aurez la campagne, c'est-à-dire le plus admirable
cadre que la nature ait fait pour une scène d'amour.
Si j'étais amoureux, je mettrais sur mes cartes :
Ops
Amoureux, va-t-en campagne.
Oui, Parisiens, mes frères, quelque dure que soit cette ré-
vélation, il faut vous apprendre que Je monde ne finit pas
aux buttes Montmartre et que le ruisseau qui coule devant
l'Institut arrose autre chose que les peupliers qui sont en
amont du pont Royal.
A peine descendu de wagon, je fus entraîné par le hasard
dans un chemin creux complètement désert.
Je m'orientai à l'aide de la boussole, et je pris vers le
nord.
Le pays était gracieux. Mais comme j'avais entendu dire
que les plus ravissantes contrées sont peuplées de terribles...
dangers, je m'armai... de courage.
A peine avais-je fait cent pas, que je rencontrai un naturel
du pays.
Il était fait à peu près comme moi ; je lui adressai la pa-
role... par gestes, il me regarda d'un œil bienveillant et plein
de compassion.
— Si jeune, murmura-t-il, et déjà sourd-muet!
Puis il m'offrit une pièce de monnaie que je reconnus :
c'était un décime.
Je repoussai son offrande d'une main attendrie, mais sans
fausse, colère, pour ne pas le froisser, et je lui dis :
— Point ne suis sourd-muet. Je visite ces contrées incon-
nues pour mon instruction, et je vous faisais des gestes, pen-
sant que vous ne compreniez pas la langue de mes pères.
— Visage pâle, me répondit l'indigène, sous les wigwam
de Ville-d'Avray, l'hospitalité se vend et ne se donne jamais.
Cependant, si tu veux un guide pour traverser ces solitudes,
use de moi.
Alors, je l'interrogeai :
Il y a, paraît-il/deux sortes de campagnes : celle des Pari-
siens et celle des paysans. La première consiste en uu ra-
massis de petites maisons, ornées de petites fenêtres et en-
tourées de petits jardins au milieu desquels se trouve un
petit bassin avec un petit jet d'eau et de petits poissons
rouges.
Là dedans, de petites gens passent un petit moment par
semaine et, dans leur petit esprit, se réjouissent de la petite
jalousie que fait naître tant de splendeurs dans le cœur de
leurs petits voisins de Paris.
Le dimanche, ces petites huttes sont habitées. Du reste,
pas un arbre.
Comme il y fait très-chaud en été et très-humide en hiver,
le seul rapport de ces sortes de propriélés consiste en atta-
que d'apoplexie au mois d'août et en rhumatisme en dé-
cembre.
Lo campagne des paysans est également celle du bon Dieu
et des oiseaux.
Ce serait une admirable invention s'il n'y avait pas du
tout de paysans.
Des arbres au feuillage touffu, sous lesquels une herbe fine
croît, comme un tapis inimitable parsemé de taches d'or,
lorsque le soleil perce l'épaisseur de la ramée. La nuit, le
tapis, grâce à la lune, semble brodé d'argent.
Le ciel bleu, des fleurs, des rossignols, des chevreuils
effarouchés, un ruisseau, des libellules, des brises, de l'om-
bre, des papillons, des insectes, un murmure, un charme,
TRISTESSE D'OLYMPIA
OCCIDENTALE SUBLUNAIRE
D'où vient qu'Olympia, jeune, fêtée, heureuse,
A son petit lever se montre soucieuse?
Pourquoi ce pli profond sur son front de satin '!...
— A ce mot, j'ai senti ma plume qui frétille ;
J'allais tracer un C — un G sans la cédille I
Mais non, soyons correct en restant puritain !...
Donc, la belle est rêveuse. — En sortant de sa couche
Elle chausse ses pieds d'une line babouche,
Chef-d'œuvre de Petit, bottier de Cendrillon,
Ses pieds mignons et blancs, vierges de ces piqûres,
Que laisse sur la peau l'acier des pédicures
A la quète d'un cor, ou bien d'un durillon...
Son petit ehien poilu, de race havanaise,
Joli, selon les uns, — laid, comme une punaise,
D'après moi — cherche en vain à lécher sou orteil.
Elle lui lance un coup à tuer un molosse ;
Et puis du même choc, sa colère féroce
Casse un thé précieux de saxe et de vermeil.
Cette rage pourtant n'a pas sa raison d'être...
A-t-elle, dans le jour, penchée à sa fenêtre,
Vu passer sa rivale au bras de quelqu'Anglais 1
L'année, en s enfuyant, laissa-t-elle sa chambre
Veuve des bibelots que promet tin décembre?
Non, tout est là, joyaux, bracelets, — comptez-les !
Peut-être un malotru, quelque ligure à claque,
En touchant gauchement l'étagère de laque,
A, de ses grosses mains, brisé quelques joujoux?
Un de ces riens charmants, porcelaine ou potiches,
Qu'étalent, chaque soir, lus vitrines si riches
De monsieur Barbedienne ou d'Alphonse Giruux !
Non, si la belle enfant se fâche, s'exaspère,
Et de sa main crispée arrache avec colère
Ses cheveux, qu'emprisonne un iilet benoiton;
C'est que le beau guerrier à la line moustache,
L'homme au casque d'argent que surmonte un panache,
Son cent garde, est parti pour le camp de Chalon.
Alkked Grivois.
CHANTONS LA FEMME!
i
se jouent aujourd'hui aux concerts du palais Pompéien,
avenue Montaigne.
Poursuivons.
Dans la ville de Sestras, un aigle élevé et nourri par une
jeune fille, — quelle drôle d'occupation! — se jeta, par dé-
sespoir d'amour, quand elle fut morte, dans les flammes de
son bûcher et se laissa brûler avec elle.
Ce fait divers est extrait du Constitutionnel de l'époque.
* *
Par exemple, personne n'ignore que les lions ont peur des
femmes.
La peur, dans les natures intrépides, est souvent le wm-
mencement de l'amour.
Jolie pensée, un peu bête au fond.
Il s'agit que de ne pas la creuser.
*
* *
Un dragon aima la femme de Clodion et fut père de Mé-
rovée.
Qrigine du droit divin!
Il n'est pas besoin d'ajouter que ce dragon n'était pas de
ceux qu'on enrégimente aujourd'hui en Europe, et dont on
trouve actuellement des échantillons en Autriche, en Italie
et en Prusse.
Le serpent perdit Eve, mais enfin il l'aimait.
* *
Un savant anglais a été à même d'observer que les oies
mâles ont un goût très-prononcé pour les danseuses.
Et par oies mâles, il n'a jamais voulu parler des habitués
de l'orchestre de l'Opéra.
*
Léda fut aimée pour un signe et par un cygne.
*
* *
Le grand Frédéric découvrit un jour qu'un joli cheval
arabe qu'il avait donné à sa sœur s'était épris de cette prin-
cesse.
Il en eut une fièvre... de cheval.
*
* *
Des matelots grecs, du temps d'Epaminondas, remarquè-
rent que leur navire était suivi par de nombreux poissons
étrangers aux parages où ils naviguaient.
Ils ne s'expliquèrent ce fait que par la présence sur le
pont d'une courtisane d'Athènes, une des pieuvres les plus
renommées de cette capitale.
Qu'étaient ces poissons?
Chose — un naturaliste d'alors — prétend qu'ils appar-
tenaient à la famille de ceux qu'on fait cuire avec du beurre
dans le dos.
Quand enfin les Européens envahirent le nouveau monde,
plusieurs de leurs compagnes disparurent subitement.
On ne les retrouva qu'après de longues recherches.
Elles avaient été enlevées, non par des princes russes ou
des Brésiliens, mais par des pangos trop aimables.
J'ai même vu une lithographie enluminée qui représente
cette scène scabreuse.
Les pangos s'enfuient avec leur proie.
Ces messieurs ont chacun une femme sous le bras, et, de
la main qui leur reste libre, ils tiennent un bâton pour se
guider à travers les dédales de la forêt vierge.
* *
Entamons le chapitre II de cet étrange article, où l'esprit
se marie si agréablement avec l'érudition.
Tiens, chantons la femme, puisqu'il ne nous est pas per-
mis de chanter la guerre.
Qui femme a, guerre a !
La femme est le seul êlre qui ait inspiré de l'amour à des
individus d'une autre espèce que la nôtre.
Kn voulez-vous des exemples? en voilà une pleine brassée
et toute parfumée :
Pline rapporte qu'un bélier fut amoureux jusqu'à la folie
de la belle Glaucée, musicienne très en renom de la cour de
Ptolémée, une Schneider asiatique qui ne laissait pas de
prendre un certain plaisir à faire
Cascader, cascader la vertu...
C'est à Glaucée qu'on doit la plupart des airs antiques qui
II
Saint Bernard a dit :
— La femme est l'organe du diable.
Saint Augustin :
— La femme est l'augmentatrice du péché.
Saint Jean-Chrysostome :
— De toutes les bêtes féroces, il n'est pas de plus dange-
reuse que la femme.
Saint Cyprien, et tu quoque, Cyprien :
— La femme est une glue envenimée.
Saint Paulin, pas Limayrac:
Il y a peu de femmes bonnes, et l'homme doit bien se gar-
der de les fréquenter.
EXTRA MUROS
Notre illustre contemporain Champfleury vient, du pre-
mier coup, de placer son nom à côté des Christophe Colomb
et des Vasco de Gama.
Il a découvert Mabille.
— Avez-vous vu, me disait-il de sa douce voix, avez-vous
vu quelquefois un des coins les plus curieux de Paris?
— Lequel ?
— C'est un jardin situé près des Champs-Elysées et qu'on
nomme Mabille.
Mon admiration m'a empêché de répondre.
Mais ma fibre nationale a été rudement chatouillée p;ir la
pensée que cette découverte était due à un Français.
, Les lauriers de Chamfleury"m'ont empêché de dormir, et
je me suis demandé pourquoi je ne découvrirais pas aussi
quelque chose.
Oh ! ça n'a pas été long, allez.
Je suis parti pour Ville-d'Avray après avoir fait des adieux
déchirants à la cité Bergère, et j'ai découvert à mon tour...
la campagne.
Chamfleury, c'est maintenant entre nous deux un duel de
gloire.
une musique inénarrable et pas de restaurants à trente-deux
sous — ça coûte plus cher, mais ce n'est pas bon — voilà les
éléments de la campagne.
Maintenant, qu'un chimiste allume ses fourneaux, qu'il
jette dans la cornue tous les corps simples et composés que
je viens d'énumérer, que cela se volatilise en plein mois de
juin... et vous verrez.
Passez un soir laubourg Saint-Honoré, ou rue de la
Chaussée d'Antin. Choisissez parmi les blondes arachnôa
qui reviennent à huit heures de leur travail quotidien, la
plus jolie et la plus blonde, conduisez-la sous les grands
arbres, et dites-lui :
— Je t'aime.
Ne lui dites même que ça si vous voulez.
Et vous aurez la campagne, c'est-à-dire le plus admirable
cadre que la nature ait fait pour une scène d'amour.
Si j'étais amoureux, je mettrais sur mes cartes :
Ops
Amoureux, va-t-en campagne.
Oui, Parisiens, mes frères, quelque dure que soit cette ré-
vélation, il faut vous apprendre que Je monde ne finit pas
aux buttes Montmartre et que le ruisseau qui coule devant
l'Institut arrose autre chose que les peupliers qui sont en
amont du pont Royal.
A peine descendu de wagon, je fus entraîné par le hasard
dans un chemin creux complètement désert.
Je m'orientai à l'aide de la boussole, et je pris vers le
nord.
Le pays était gracieux. Mais comme j'avais entendu dire
que les plus ravissantes contrées sont peuplées de terribles...
dangers, je m'armai... de courage.
A peine avais-je fait cent pas, que je rencontrai un naturel
du pays.
Il était fait à peu près comme moi ; je lui adressai la pa-
role... par gestes, il me regarda d'un œil bienveillant et plein
de compassion.
— Si jeune, murmura-t-il, et déjà sourd-muet!
Puis il m'offrit une pièce de monnaie que je reconnus :
c'était un décime.
Je repoussai son offrande d'une main attendrie, mais sans
fausse, colère, pour ne pas le froisser, et je lui dis :
— Point ne suis sourd-muet. Je visite ces contrées incon-
nues pour mon instruction, et je vous faisais des gestes, pen-
sant que vous ne compreniez pas la langue de mes pères.
— Visage pâle, me répondit l'indigène, sous les wigwam
de Ville-d'Avray, l'hospitalité se vend et ne se donne jamais.
Cependant, si tu veux un guide pour traverser ces solitudes,
use de moi.
Alors, je l'interrogeai :
Il y a, paraît-il/deux sortes de campagnes : celle des Pari-
siens et celle des paysans. La première consiste en uu ra-
massis de petites maisons, ornées de petites fenêtres et en-
tourées de petits jardins au milieu desquels se trouve un
petit bassin avec un petit jet d'eau et de petits poissons
rouges.
Là dedans, de petites gens passent un petit moment par
semaine et, dans leur petit esprit, se réjouissent de la petite
jalousie que fait naître tant de splendeurs dans le cœur de
leurs petits voisins de Paris.
Le dimanche, ces petites huttes sont habitées. Du reste,
pas un arbre.
Comme il y fait très-chaud en été et très-humide en hiver,
le seul rapport de ces sortes de propriélés consiste en atta-
que d'apoplexie au mois d'août et en rhumatisme en dé-
cembre.
Lo campagne des paysans est également celle du bon Dieu
et des oiseaux.
Ce serait une admirable invention s'il n'y avait pas du
tout de paysans.
Des arbres au feuillage touffu, sous lesquels une herbe fine
croît, comme un tapis inimitable parsemé de taches d'or,
lorsque le soleil perce l'épaisseur de la ramée. La nuit, le
tapis, grâce à la lune, semble brodé d'argent.
Le ciel bleu, des fleurs, des rossignols, des chevreuils
effarouchés, un ruisseau, des libellules, des brises, de l'om-
bre, des papillons, des insectes, un murmure, un charme,
TRISTESSE D'OLYMPIA
OCCIDENTALE SUBLUNAIRE
D'où vient qu'Olympia, jeune, fêtée, heureuse,
A son petit lever se montre soucieuse?
Pourquoi ce pli profond sur son front de satin '!...
— A ce mot, j'ai senti ma plume qui frétille ;
J'allais tracer un C — un G sans la cédille I
Mais non, soyons correct en restant puritain !...
Donc, la belle est rêveuse. — En sortant de sa couche
Elle chausse ses pieds d'une line babouche,
Chef-d'œuvre de Petit, bottier de Cendrillon,
Ses pieds mignons et blancs, vierges de ces piqûres,
Que laisse sur la peau l'acier des pédicures
A la quète d'un cor, ou bien d'un durillon...
Son petit ehien poilu, de race havanaise,
Joli, selon les uns, — laid, comme une punaise,
D'après moi — cherche en vain à lécher sou orteil.
Elle lui lance un coup à tuer un molosse ;
Et puis du même choc, sa colère féroce
Casse un thé précieux de saxe et de vermeil.
Cette rage pourtant n'a pas sa raison d'être...
A-t-elle, dans le jour, penchée à sa fenêtre,
Vu passer sa rivale au bras de quelqu'Anglais 1
L'année, en s enfuyant, laissa-t-elle sa chambre
Veuve des bibelots que promet tin décembre?
Non, tout est là, joyaux, bracelets, — comptez-les !
Peut-être un malotru, quelque ligure à claque,
En touchant gauchement l'étagère de laque,
A, de ses grosses mains, brisé quelques joujoux?
Un de ces riens charmants, porcelaine ou potiches,
Qu'étalent, chaque soir, lus vitrines si riches
De monsieur Barbedienne ou d'Alphonse Giruux !
Non, si la belle enfant se fâche, s'exaspère,
Et de sa main crispée arrache avec colère
Ses cheveux, qu'emprisonne un iilet benoiton;
C'est que le beau guerrier à la line moustache,
L'homme au casque d'argent que surmonte un panache,
Son cent garde, est parti pour le camp de Chalon.
Alkked Grivois.
CHANTONS LA FEMME!
i
se jouent aujourd'hui aux concerts du palais Pompéien,
avenue Montaigne.
Poursuivons.
Dans la ville de Sestras, un aigle élevé et nourri par une
jeune fille, — quelle drôle d'occupation! — se jeta, par dé-
sespoir d'amour, quand elle fut morte, dans les flammes de
son bûcher et se laissa brûler avec elle.
Ce fait divers est extrait du Constitutionnel de l'époque.
* *
Par exemple, personne n'ignore que les lions ont peur des
femmes.
La peur, dans les natures intrépides, est souvent le wm-
mencement de l'amour.
Jolie pensée, un peu bête au fond.
Il s'agit que de ne pas la creuser.
*
* *
Un dragon aima la femme de Clodion et fut père de Mé-
rovée.
Qrigine du droit divin!
Il n'est pas besoin d'ajouter que ce dragon n'était pas de
ceux qu'on enrégimente aujourd'hui en Europe, et dont on
trouve actuellement des échantillons en Autriche, en Italie
et en Prusse.
Le serpent perdit Eve, mais enfin il l'aimait.
* *
Un savant anglais a été à même d'observer que les oies
mâles ont un goût très-prononcé pour les danseuses.
Et par oies mâles, il n'a jamais voulu parler des habitués
de l'orchestre de l'Opéra.
*
Léda fut aimée pour un signe et par un cygne.
*
* *
Le grand Frédéric découvrit un jour qu'un joli cheval
arabe qu'il avait donné à sa sœur s'était épris de cette prin-
cesse.
Il en eut une fièvre... de cheval.
*
* *
Des matelots grecs, du temps d'Epaminondas, remarquè-
rent que leur navire était suivi par de nombreux poissons
étrangers aux parages où ils naviguaient.
Ils ne s'expliquèrent ce fait que par la présence sur le
pont d'une courtisane d'Athènes, une des pieuvres les plus
renommées de cette capitale.
Qu'étaient ces poissons?
Chose — un naturaliste d'alors — prétend qu'ils appar-
tenaient à la famille de ceux qu'on fait cuire avec du beurre
dans le dos.
Quand enfin les Européens envahirent le nouveau monde,
plusieurs de leurs compagnes disparurent subitement.
On ne les retrouva qu'après de longues recherches.
Elles avaient été enlevées, non par des princes russes ou
des Brésiliens, mais par des pangos trop aimables.
J'ai même vu une lithographie enluminée qui représente
cette scène scabreuse.
Les pangos s'enfuient avec leur proie.
Ces messieurs ont chacun une femme sous le bras, et, de
la main qui leur reste libre, ils tiennent un bâton pour se
guider à travers les dédales de la forêt vierge.
* *
Entamons le chapitre II de cet étrange article, où l'esprit
se marie si agréablement avec l'érudition.
Tiens, chantons la femme, puisqu'il ne nous est pas per-
mis de chanter la guerre.
Qui femme a, guerre a !
La femme est le seul êlre qui ait inspiré de l'amour à des
individus d'une autre espèce que la nôtre.
Kn voulez-vous des exemples? en voilà une pleine brassée
et toute parfumée :
Pline rapporte qu'un bélier fut amoureux jusqu'à la folie
de la belle Glaucée, musicienne très en renom de la cour de
Ptolémée, une Schneider asiatique qui ne laissait pas de
prendre un certain plaisir à faire
Cascader, cascader la vertu...
C'est à Glaucée qu'on doit la plupart des airs antiques qui
II
Saint Bernard a dit :
— La femme est l'organe du diable.
Saint Augustin :
— La femme est l'augmentatrice du péché.
Saint Jean-Chrysostome :
— De toutes les bêtes féroces, il n'est pas de plus dange-
reuse que la femme.
Saint Cyprien, et tu quoque, Cyprien :
— La femme est une glue envenimée.
Saint Paulin, pas Limayrac:
Il y a peu de femmes bonnes, et l'homme doit bien se gar-
der de les fréquenter.