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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0162

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LE CAS DE M. VEUILLOT

Une des choses les plus comiques de ce temps-ci Ht ta la*
page qu'on fait périodiquement autour de Mi Venilloh

Aussitôt que l'ancien rédacteur en chef de V(Jnt&ri ll\Te
un volume nouveau à la publicité, Paris se divise en deux
camps: d'un côté, les fanatique's du saint homme; de l'au tre,
les ennemis horripilés du défenseur de la fbii

Et ils sont tous drôles!....

Les premiers s'écrient : « Ne touchez pas a-.*» iah4diëin de
l'Inquisition probablement. »

Les seconds vocifèrent des injures et hurlent ©Offîme (les
brûlés. A la vérité, ceux qui se démènent si Tort Ont presque
toujours été échaudés, et ceux qui louent avec tnflt de coft1
viclion ont peut-être peur de l'être.

Admirable nature humaine! !

Et pendant que tout ce vacarme — pfélude dcl bals mni-
qués — retentit dans Babylone, le bon Louis, qui porte fei
bien le nom du roi-Soleil, te frotte allègrement le» mhirt*

dans son salon à manger.

Quelques malveillants ont cherché à insinuer (JUÉ, danl

ces moments-là, M. Veuillot se réjouit nussi dans les sacris-
ties ; je n'en crois pas un mot. Il est trop bien élevé pouf âf-
iicher dans la maison du Seigneur la joie que peuvent pro-
duire dans son cœur les satisfactions d'un orgueil incroyable.

Tout cela m'égaye énormément, et j'appartiens au nombre
des rieurs qui sont du côté de M. Veuillot, parce que je dé-
couvre dans une farce très-bien jouée une entente admirable
des ficelles de la comédie humaine, mise au service d'ime
ambition excessive et secondée par un talent de premier
ordre.

Mais ce qui m'amuse le 'plus en m'étonnant beaucoup,
c'est que personne n'ait encore songé à se demander par
quelle suite de circonstances M. Veuillot est regardé comme
le champion de la chrétienté.

Nous avons une existence si surmenée, nous vivons dans
un milieu tellement inanalysable, que pas un écrivain, en
lisant les Odeurs de Paris, ne s'est donné la peine de recher-
cher quelle odeur exhalait l'auteur de ce livre.

A coup sûr, ce n'est pas un parfum de chrétien. On est
tellement occupé à compter les coups de boutoir, de lanière
et de trique dont M. Veuillot fait, dans sa prodigalité, une
si généreuse distribution, que personne,.ne songe aux prin-
cipes ni au point de départ.

Je croyais naïvement que pour être chrétien il fallait avoir
la foi, l'espérance, et pratiquer la charité.

Que M. Veuillot affirme qu'il a la foi, je dois le croire. En
fait d'espéranie, il en affiche une qui consiste dans la confu-
sion et la damnation des libres penseurs. Quant à la charité
que cultive Louis, je n'ai, pour en donner une idée exacte,
qu'à renvoyer le lecteur à la collection d'injures dont il gra-
tifie ses contemporains.

Au lieu de s'inquiéter de cela, M. Wolff l'appelle ttti et a
le tort de lui reprocher cette éternelle sacristie dont on nous
régale depuis si longtemps.

Albéric Second lui fait un crime d'être né dans Parrière-
boulique d'un marchand de vin. Moi, il me semble que c'est
un éloge.

D'un autre côté, B. Jouvin s'incline et crie : Quel lutteur!
C'est Juvénal.

Villcmessant pousse aussi des Cris d'admiration, mais au

I fond... pourvu que le Figaro tire à cent mille... ça lui est
bien égal.

H. de V..., seul, est darts la vérités H. de V..., seul peut-
être, a compris Veuillot, et c'est pour cela qu'il l'admire. Et
si je l'admire également, c'est parce que je crois aussi l'avoir
devine comme je vais avoir l'honneur de vous le prouver.

Citadin sait que Louis Veuillot a commencé par faire du
Irôs-jBlit journalisme. Sa première copie fut acceptée par
un Wnard théâtral dans lequel il eut l'heur de cueillir Un
duel.

ïrop puissant, trop ambitieux, trop rueé pour ne pas
BOÉipronclre qu'en suivant celte voie il arriverait — avec de
la chance — à la rédaction en chef de la Galette des Etrangift
pou:1 bùlon de maréchal, mon héros ne tarda pas à changer
de lactique.

îi avait du flair,, il (5tait un peu prophète, comme il l'avoue
fflôdflstemcnt lui-même, et il sentit que dans un temps où
les luttes politique- ne seraient pas très-intéressantes, il y
avait une place à prendre comme défenseur de la foi.

— Je me sais tort, j'ai du talent, je suis Un lutteur, et la
nature m'a lait laid; mettons ma force, mOn mérite, mes bl«
tvps d ma laideur au service d'une cauie perdue. Erostrale
R brûlé le temple d'Ephèse, l'imbécile! Moi, je vais essayer
de lé reconstruire, c'est une idée neuve. Ët n'oublions pas
que plus je serai Violent, insolent, intolérant, plus j'aurai de
partisan» et d'ennemis»

J'aime le bruit et la louange. Malgré mà laideur, il se
trouvera un clan de dévotes qui ne manqueront pas de me
servir le lait sucré de la flatterie à toutes les heures du jour.
Quant au bruit, mes ennemis s'en chargeront.

Et comme il raisonnait juste! Et comme il a merveilleu-
sement conduit sa barque! ce chrétien qui commet si sou-
vent le péché d'orgueil, celui de colère et qui déteste la moi-
tié du genre humain, m'arrache mon admiration. Comme
don Quichotte, il est parti en guerre, et personne n'a ri. H
est vrai que don Quichotte croyait que c'était arrivé.

Bésultat inattendu peut-être : M. Veuillot n'a plus au-
jourd'hui que des amis et des adversaires; à part moi peut-
être, qui l'apprécie beaucoup au point de vue du style, de la
satire et de la gymnastique, mais qui suis en somme très-
indifférent, — ce qui me vaudra les élrivièrcfi, sans aucun
doute. Cependant qu'il soit birn sûr d'une chose, c'est que
si jamais il me fait l'honneur de m'empoigner, et naturelle-
ment de me tomber, je continuerai à l'admirer, comme j'ad-
mire Léotard pour son adresse, pour son audace et pour son
bonheur, mais rien de plus.

Ceux qui font éprouver à M. Veuillot la plus grande joie
ne sont point les bénisseurs qui viennent ouvrir devant lui
le robinet de leurs compliments à l'eau de rose. Ce sont les
chats échaudés qui montre»!, le? dents et les griffes, puis le
dénoncent bruyamment au public en criant Gomme des aveu-
gles.

Oh! les naïfs! m'amusent-ils ceux-là! et quelle joie pour
leur adversaire, qui saisit avec empressement Bette occasion
de répondre pour lancer sur la tête de ses titres ordinaires
deux ou trois coups de poing triomphants.

Amon avis, te jour où l'on voudra vexer M. Veuillot, on
n'aura qu'à lui faire là réclame d'usage qu'on trouve dans
tous les journaux pour le premier volume venu :

« L'éditeur des Bollandistes, Palmé, Vient de mettre
« en vente une nouvelle œuvre de M. Veuillot, intitulée
« les Puanteurs de Londres. Ce livre complète la trilogie
« commencée par les Parfums de Rome et. les Odeurs de
« Paris. C'est un chef-d'œuvre: Prix : 3 francs. »

Ne rien ajouter à cela, ne pus insulter l'-nilenr, lui continuer

les réclames jusqu'à l'en incommoder, et vous verrez alors si
M. Veuillot se frottera les mains dans son salon à manger.

Ce qui prouvera que la réclame sur laquelle M. Veuillot
compte le plus consiste dans les réclamations exaspérées de
ceux qu'il essaye de fustiger, et que si ceux-là cessent de se
plaindre, il cessera peut-être d'écrire, pour entrer dans une
nouvelle voie.

Ups.

LES GENS QUI VONT VITE

Servais vient à peine de mourir, à liai, que déjà ses com-
patriotes veulent lui élever une statue.

Une statue avec un violoncelle et un archet!

Il n'y a qu'un sculpteur à tous crins capable d'exécuter un
Semblable monument.

Moi, si j'étais artiste, la pose m'embarrasserait.

Mais ces Belges, savez-vous...

Au reste, quand on a fait Manneken-Pis dans la position
relâchée que... vous savez, il n'y a plus de difficultés. C'est
égal, quel excellent moyen pour faire son chemin que de
mourir !

Un violoncelliste vivant aurait beau tirer de son instru-
ment tout ce qu'un public dilettante et belge peut désirer,
là, entre nous, penserait-on seulement à lui élever une sta-
tue , voire un pauvre buste? _

Servais lui-même eût encore, pendant vingt ans, charmé
tous ses compatriotes, depuis Tournay jusqu'à Anvers, sa-
vez-vous, que jamais, au grand jamais... Oh! non...

' ' i,

* *

Il y a longtemps que Burger, dans sa ballade de Léonore,
écrivait son fameux Les morts vont vite.

L'a-t-on assez répété après lui ! bon Dieu ! Pourtant per-
sonne n'y comprenait un traître mot.

D'abord les morts généralement ne marchent pas, ils se
font porter.

Et une fois en terre, ils ne bougent plus, excepté dans les
pays qui ont le bonheur de jouir des concessions tempo-
raires.

Mais Burger, tout en faisant des ballades, était un malin.

Et il avait prédit que le meilleur moyen de faire rapide-
ment sa pelotu al d'arriver aux suprêmes honneurs par le
suffrage de ses conl':v.-es les plus grincheux, c'était... de
passer à l'état de mort.

Oh ! oui, les morts vont vite.

*

* *

Tenez, des gens qui ne vont pas vite, ce sont MM. les di-
recteurs des théâtres, quand il s'agit de donner une nouvelle
pièce. Samedi, trois premières représentations étaient sur le
lapis.

Tous les critiques littéraires, lyriques, chauves, chevelus,
débonnaires ou bilieux avaient essuyé les verres de leurs
meilleures lorgnettes et taillé leur bonne plume à aiguille.

Le soir, vas le promener !

Pas de première au Théâtre-Lyrique.

Relâche à la Porte-Saint-Martin.

Répétitions générales au Vaudeville.

là dernière mort

DE ROGAMBOLE

-i se ai m ». a.

— SLI1E —

Il est évidemment superflu, cher général, do vous dire que mes
cadavres ne sont pas morts.

On n'est pas Rocambole, d'accord, mais ce n'est pas une raison
pour mourir du premier coup. ' '*

Sans avoir la prétention de ressusciter à jet continu et de s'en
faire 40,000 francs de rente, Gambini peut se flatter d'avoir un
bon coffre.

C'est ce qui fait son creux, à ce baryton.

Un creux étrange !

C'est ce qui explique sa voracité.

Je n'ai donc pas eu à le faire enlever.

Ce cadavre était
parti la rage dans
le cœur, altéré de
vengeance.

Ça me rappelle le
Pâtissier!...

Quant à Félicité,
elle a un bon coffro
aussi.

C'est ce qui ex-
plique aussi sa vo-
racité.

Quel creux !
lnrcmplissable II.

Elle est partie la rage dam le cœur, attirée de vengeance.

Ça me rappolle-t-il le Pâtissier!...

Ça me rnppcllc-t-il le Pâtissier !!■■■

Oh ! Pâtissier, Pâtissier, que j'aime et que je pleure !..

I.aissefc-moi contempler le Pàlissier encore une fois !

0 Pâtissier,
mon petit l'a- ^ _*-^f:'S~
tissier, com-
me tu me
fais de la pei-
ne I Quand
donc l'impi-
toyable, le fé-
roce, le cruel
vicomte dés-
altérera-1-il

la rage de ton cœur altéré de vengeance ?,,.

Mais ce n'est pas tout ça ; où est ma seconde partie ?
Voilà :

les petits oignons de l.v bohemienne.

Par une
nuit plu-
vieuse et si-
nistre, deux
voyageurs ,
un mon-
sieur et une
dame . .

Ceci n'est
pas bien in-
téressant.

Si nous
sautions

quelques feuilletons?...

J'ai dans l'idée que nous trouverons de quoi frémir un peu
plus loin.

Frémissons !

La dame est couchée.

Dort-elle? ne dort-elle pas?

Elle ne dort pas.

Elle sommeille.

Ça va bien... ne vous impatientez pas.
Je crois que ça vient.
Bing! boum! zincltring!
drin, drin, drin ! zinc !
Etrange ! étrange !
La dame ouvra l'œil.. . .

C'est un bruit de fer-
raille , c'est un gémisse-
ment, deux gémissements,
pleuvait.....

des gémissements comme s'il en
Image description

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La dernière mort de Rocambole par Gill
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Rocambole, Fiktive Gestalt
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 40, S. 40_2

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Erschließung

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg
 
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