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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0042

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I

LA LUNE

M. GLAIS-BIZOIN

LÉGENDE

Tout à la lin du siècle dernier, par une belle matinée de prin-
temps ou par une splendide soirée d'automne, je ne sais plus ail
juste laquelle des deux, les entrailles de granit et de ter de la
vieille Armorique, tressaillirent profondément, c'est une légende
locale, reconnue et acceptée partout.

Si vous tenez absolument à savoir pourquoi, en 1799, — an-
née où furent assassinés les plénipotentiaires français, où mou-
rurent Marmontel et Tippo-Saïb, où Bonapartë ëntir) flit nommé
premier consul, comme dirait Alexandre Dumas pour tirer à la
ligne — la Bretagne ressentit des douleurSj mêlées dë joies fet
d'espérances, comparables à celles de l'enfafttenïentj,jê-Vàis v&ttë
le dire au pas de course de la plume.

C'est qu'à cette époque, au milieu du pays rude eV iâiivage qui
s'appelait depuis neuf ans le département dëS 6Ôttïf€ii-Nbrd,
des pitres trouvèrent dans une lande, sous Une tdttfifl a'njohcs
épineux, une singulière petite créature, au* ëhevëlls hblf'i, Éltl
teint d'ivoire, à la physionomie bizarre, et qui» déjîj, BS gâfiiiiaaH
pas son âge.

* *

Les pâtres, ^'agenouillant devant cet enfant ëxlrâàrdiïiairé,
chantèrent un cantique à son intention, et lui dirent : « Viens
« avec nous, petit, tu seras notre élu. Nou" sommes les pitres de
« Loudéac. »

Le nouveau-né ouvrit des yeux très-pere, rots, dù brillaient.];)
malice et l'esprit subversif d'un Korigan, ce pnorne railleur des
légendes bretonnes, et, sans rien dire encore, ca.* il ne savait pas
la langue des hommes, il leur tendit un petit manuscrit, sur la
couverture duquel leb pâtres lurent avec étonnen ent ces trois
mots : « le Vrai Courage. »

Pour répondre à cette politesse inouïe, l'un des bergers se mit
à jouer du biniou.

L'enfant, séduit par le son grêle, criard et très-net de l'instru-
ment, comprit qu'il devait s'en servir pour donner à jamais un
accent tout particulier à sa voix naissante ; aussi, usant immédia-
tement du don de la parole, il s'écria : «Je demande la réduction
de l'impôt sur le sel, de la taxe des lettres et la suppression du
timbre des journaux! »

Affreusement étonnés, les pâtres, après avoir ouï ce discours
prononcé tout d'une haleine , prirent l'enfant dans leurs mains
calleuses et l'embrassèrent.

Puis, d'un commua accord, ils le nommèrent Glais-Bizoin —
nom aux syllabes étranges qui veut dire : interpellation, dans la
langue du pays.

C'est ainsi qu'à l'ouverture de cette grande session qu'on ap-
pelle la Vie, le jeune Glais-Bizoin députa, pardon, débuta dans la
carrière législative,

*

* *

Vingt-trois ans plus tard, Glais-Bizoin, après avoir harcelé
d'interruptions tapageuses et spirituelles ses régents de collège,
obtint la toque d'avocat.

Les pâtres de Loudéac, que les succès de leur enfant d'adoption
comblaient d'une joie bien légitime, lui firent cadeau d'une toge
splendide et du noir le plus beau.

Pour reconnaître cette gracieuseté, l'avocat Glais-Bizoin tira de
sa poche un rouleau de papier fort proprement enrubané, qu'il
offrit à ses concitoyens.

Et ceux-ci, souriant, épolôrcnt sur la première page du ma-
nuscrit, car c'en était un, ce titre qui ne leur sembla pas incon-
nu : « le Vrai Courage '.

* *

En pareille circonstance, et devant une pareille preuve de lit
persévérance dans les idées (d'autres disent d'entêtement)-, parti-
culière aux Bretons, que pouvaient faire les pâtres do Loudéac ?

Rien autre chose, sinon envoyer le fils de leurs cœurs à Paris,
demander à Louis-Philippe I", roi des Français, le pourquoi et
le comment des actes do son gouvernement. C'est ce que firent,
avec une unanimité qui est tout à l'honneur de M. Glais-Bizoin,
los pâtres de Loudéac.

Et pendant dix-huit ans, M. Glais-Bizoin, dont lès cheveux, vrais
ou faux, étaient toujours noirs, et qui continuait toujours à ne pas
paraître son âge, représenta son pays à la Chambre des députés.

Comme il était né sous des ajoncs épineux, il avait gardé quel-
que chose du caractère piquant de cotte plante aux fleurs d'or, et,
avec autant de cœur que de gaieté, il ne cessa, jusqu'à la Révolu-
tion de 1818, de donner, à propos de toutes les questions, son
coup de langue et son coup do dent à l'adresse de ses adversaires
politiques.

Des sommets de la gauche, il fit pleuvoir interpellations sur in-
terpellations sur la tète des divers et innombrables présidents do
la Chambre, faisant, avec Esiancelin, la joie de nos parents et la
tranquillité des enfants de Loudéac.

* *

En 1848, si quelque voisin indiscret eût, à l'Assemblée natio-
nale, fouillé dans la poche de M. Glais-Bizoin, représentant
du peuple, envoyé par 92,308 suffrages, il y aurait certainement
trouvé, en dépit de la gravité des circonstances, un volume en-
core inédit, mais parfaitement fini, portant ce titre apprécié par
les masses bretonnes : — k Vrai Courage.

Néanmoins M. Glais-Bizoin attacha son nom à un amendement
sur un paragraphe célèbre, relatif au droit au travail.

Vint 1851, et M. Glàis B;zoin rentra dans la vie ordinaire, oc-
cupant ses loisirs à la confection d'un nombre effrayant de pièces

de théâtre que la Comédie française lisait, mais refusait avec son
obstination ordinaire.

Cela dura jusqu'aux dernières élections.

Puis eehdain, à la grande surprise de la majorité dd public")
Mi tilalê-Bizoin sortit, armé de pied en cap d'interpellatiOttë flûll»
vetles, de 1' urne électorale, et retourna siéger toujours à sa vielltë
gauche — côté du cœur — à côté des Favre et des Picard.

tes pâtres de Loudéac s'étaient réveillés.

bès lors, le Moniteur enregistra les fines et gaies reparliez de\
l'élu des Côtes-du-Nord, et les huissiers du Corps législatifs!'
prirent à sourire de nouveau sous leurs chaînes d'argent.

Que vous dirais-jo V

Deux choses manquaient encore au bonheur de M. Glais-Bizdlf) I
l'Apparition sur la scène de sa pièce si longtemps caressée" : h
Vrai Courage, et surtout mettant utile avant dulci, le rétablisse-
ment de la tribune.

Ces deux joies, panachées d'un peu d'amertume, ont élê
vëPséëB à Ilot dans l'âme du député honnête Bt taquin, dan§ ces
defftiifi temps.

Qgfiève — ville lointaiRt 1 — a eu la prittietlr de l'œuvre dr"8-
ftiatitjuê que M, Olais-Biâbin couvait depuis soixante-sept aiisi Qa
sait les transports — à prix réduits — qu'elle excita — dahS la
compagnie des chemins de fer.

Quant à la tribune aux harangues, les menuisiers l'ont reêbh-
strutte hier, et cêlui «Rii ën avait demandé si Souvent le rétablis^
sèment l'a inaugurée de la façon la plus spirituelle.

Les pâtres de Loudéac peuvent mourir 1

Ernest d'Hek-villy.

LA REVUE DU MOIS

gazette rimes

, w i o s-î a - 81 i

Sommaire

Le théâtre ries refusé». — La tragédie à l'Eldorado. — Tirage au sort. —
A confesse. — Rétablissement de la tribune. — La statue de Voltaire.

— Mode nouvelle. — Bals du Chàtelet. — Définition de l'électricité.

— Sardanapale. — Clicliy, les dettes. — Reprise de l'Aventurière. —
Lo Rigolo mécanique. — Baptême du bœuf-gras. — L'agence Sari.

— Le secret des lettres. — La ceinture. — Altère et Got. — L'ordre
et lu marche.

Comme Hertz a des salons presque inutilisés,
Ballande y fait jimer l'inconnu... pour qu'il perce;

Au théâtre des refusés

D'ours il fait commerce.

TràbÊiiiê, au café-concert, quoi!... tu parais I

Classique en a des syncopes ;
"Aplrës ttvoir jadis régné dans un palais,
Te voilà dans les chnpbs;

On tirait au sort * tin titl
Prend un bon numéro : « Courage,
« Les autres 1 moi, j'en suis sorti...
« Sans trop de tirage. »

Certaine actrice avait une petite sœur
Qui s'accusait à confesse
D'aller plus souvent au théâtre qu'à là messe.

— Ah! que de temps perdu! cria le cdtifesséur;

En gourmandànt la pécheresse.

— Util; mon père, reprit l'enfant aux cheveux blonds,

Lés entr'àctes sdrit si longs!

Sans pblitiquer, là LWtë,
S'écrie eh temps opportun :
Que e'ëst donc beau là tribuhè...
Saris tribun' !

Pour Voltaire-statue, ô èiécliL.. tu l'escrimés...
Tu donnes, notil dbhnbii's 6t nous ddnnërUhs tous;
Si chacun ne mit pas 'Ses cinquante centimes,
Ton comité sera dissbUss

Le Chàtelet aussi se mêle aux cartlà'vuls;
Parmi les dégdtsâS que son orchestre attire
Dominait, l'autre nuit, le grognard de l'Empire :
Le grognard se plaît au milieu des bals.

La mode enfin te réduit à zéro,

Crinoline, ma mie :
La femme désormais tiendra dans un fourreau

De parapluie.

Aux Arts-ot-métiers, où la foule abonde,
Monsieur Becquerel — ayant présenté
Des effets nombreux d'électricité —
Presse un auditeur pour qu'il lui réponde
Et résume tout d'un mot. — C'est le hic!
Alors quelqu'un dit, sins plus do faconde :
« L'électricité?... c'est un fil public. »

Au Lyrique on entend, musique sans rivale,
Sardanapale... — une œuvre à longtemps afficher; —
Maig qtié de peine avant qu'un succès se signale !
Dam 1 pour faire un Sardanapale
11 faut bûcher.

Bientôt dé la'prison pour dettes,
Ou Sera, dit-on, affranchi ;
(InrB ëtix histoires toutes faites,
Ah ! qbo de clichés sur Clichy !

At> on ne peut plus connu.

L'Aventurière, jadis,
Fit triste figure
Et peu de maravédis;
Mais, heureux augure,
Son retour est proclamé,
Succès privilégié..■.
La bonne aventure,

Augier !
La bonne aventure !

Rigolo, l'en t'a refusé

Un accueil sympathique,
Le public a mécanisé

Ta mécanique.

On propose une ribambelle
De noms pour le bœuf-gras — bast, dirait Rossignol,
S'il est beau bœuf, qu'on l'appello
Phénol.

Sari ire connaît pas d'obstacles,
Un autre office des spectacles
Au boulevard s'ouvre et fleurit ;
Au public tant mieux si ça rit.

— Appiendre à lire est un secret
Que tu dois ravir à tes maîtres,
Cher enfant. — Mais, papa, tu m'a dis qu'il fallait
Respecter le secret des lettres.

Le chemirt do ceinture élreint enfin Paris
—D isait hier Prndhomme — à preuve, c'est nature,
De plaisir, à l'instant, de ma bonne j'ai pris
La ceinture.

Au Gymnase-Paz, à gogo,
On vit, la semaine dernière,

S'exercer Go/t;
Paz fit mettre sur son altère :
AMr ego.

bttîme comme un patriarche,
De Paris à Pont-de-l'Aîche,
La Seine passe sous l'arche
Des ponts, sans quitter son lit;
Le sport retourne à la Marche
Par le grand chemin de Garche...
Et voilà l'ordre et la marche
Du mois fini le vingt-huit.

ÂtfexANbRE Flan

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