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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0043

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LA LUNË

S

LES MIETTES DE LÀ SEMAINE

De quoi diable parlerait-on cette semaine Bi l'on ne parlait bœuf?...

Hâtons-nous donc de constater l'indignation des populations au sujet de
•a nouvelle mesure qui vient de leur être notifiée par les bouchers de
notre belle patrie... Voilà une affaire qui met les bourgeoises en ébulli-
l'on. Que de bruit, mon Dieu !... parce que ces messieurs s'avisent de
doubler le prix du filet!...

Eh bien!..., apiès?...

Est-ce que l'Exposition ne va pas faire également doubler le prix du
9ite?.„

Demandez aux propriétaires...

Donc, tout doublera... quand ça ne triplera pas... c'est bien clair.

Moi qui vous parle, j'ai profité de la solennité des jours gras pour me
faire apporter un bain à domicile. — C'est ma manière à moi de célébrer
Une fête. — La caissière me réclame 3 francs, » Pardon, madame, ■ ai-
je dit (c je n'ai jamais payé plus de 30 sous... »

« Eli bien; me répondit celte employée, et l'Exposition donc! »

Or, vous Comprenez qiië si l'eau môme augmente... on ne voit pas trop
où ça s'arrêtera.

Il est évident que les cuisinières vont profiter de la circonstance pour
se faire augmenter.

Mais, dans cette augmentation générale, ce qui menace d'augmenter le
Plus, c'est. . notre ennui.

Dans fous les cas, ce ne sont pas lés cornets bouquin, dont nous
avons été harcc'.és jusqu'à mercredi, qui ont contribué à en adoucir l'a-
mertume anticipée.

Dire qu'aujourd'hui c'est le cornet à bouquin qui constitue le plus clair
du carnaval parisien!...

Joignez à cela quelques hideux Ùkifàékes, affublés de tordîtes oripeaux,
«lui sillonnent, ivres de mauvais bleu, les ruelles de l'ancienne banlieue...
et vous aurez, dans toute sa splendeur, lé spectacle de rlbs folle» joies de
jours gras !...

Je comprends que M. Veuillot soit parti pour Romèl

On trompe le public quand on cherche à lui faire avaler que le rude
Pamphlétaire est allé là-bas seulement pour tremper ses armes.
Plus fort que ça !...

Tout le monde sait que le carnaval romain consisté à se flanquer & la
tète, en plain Corso, des pommes cuites et des trognons de choux (Con-
fetti)...

Eh bien,... c'était une occasion pour se faire la main.
M. Veuillot en a profité.
Gare dessous au retour!...

Ce que je ne saurais vous dissimuler plus longtemps, c'est que la caisse
est mécontente... la Peau-d'Ane est dans le marasme.

D'après un récent ordre du jofif; dans chaque compagnie d'infanterie
un tambour doit être remplacé par un clairon, attendu, dit l'arrêté, qu'on
entend mieux le clairon pendant «ne bataille.

Vous vous imaginez quel nez font les tambours !...

Eux qui se flattaient de produire tant de bruit dans le monde!...

Les voilà mis officiellement au-dessofis des clairons;::

Les vingt-quatre lapins du cortège du bœufs-gras en semblaient) l'autre
jour, péniblement affiliés.

On parle d'une pétition des tambours de la garde nationale, qiil protes-
tent contre cette mesure, attentatoire à ta réputation de leurs TOnfrùrcs
de la ligne:

Ces diables de tambours... ils sont susceptibles... bien qu'on hé» Inerte
toujours à la hagiàtle.

Les théâtres cdhtlnuent les réclames au mobilier. Le memèHt arrive ou
l'on ne se contente]h plus de mettre an-dessous du ïi\r% tle la pièce le
nom des auteurs, des décorateurs, dessttatèurS; habilleuSes, metteurs en
*cènc, fournisseurs de maillots, lampistes, fabricants d'accessoires, tapis-
siers, bailleurs de fonds, etc., on indiquera encore sur l'affiché la mai-
son, par exemple, qui aura prêté à l'administration une paire de chande-
liers historiques qui manquait *u magasin ou tout autre objet d'art au-
thentique indispensable à l'ouvrage.

Jo me souviens d'une affiche qiil hic Trnppa nn jour à mon passage à
signy (Calvados). Elle était ainsi conçue :

là COMEDIE a l'KRNKT

. l it îles succès de la Comédie française
en un acte

M. J..., percepteur des contributions, a bien voniu prêter la carme au-
thentique du grand Voltaire, qu'il possède, pour cette représentation seule-
»nnt.

Je m'arrêtai rêveur devant cette affiche. Pourquoi M. J... ne prêtait-il
'a canne de Voltaire que pour cette représentation seul/ment?
Craignait-il qu'on ne la lui usât ?

M. Havin n'aurait pas eu de ces mesquines considérations, lui?...

Puis, par suite de quelles étranges péripéties, cette canne était-elle
tombée au pouvoir de ce percepteur!...

Quoi qu'il en soit, les théâtres de Paris en arriveront un jour à ce bo-
niment.. . Tout nous le fait espérer.

Elie Frebatjlt.

GAZETTE A LA MAIN

Ouand on songé que— cette semaine— près de quatre cen'Û liais
Publics ont, dans l'enceinte dés fortifications, ouvert leurs portes
à soixante mille paires de tibias, habiles, — d'âge, de sexe et de
jarretières variés,— on est l'orcèVcle convenir que les Parisiens de
''année de l'Exposition ont légèrement modifié les Parisiens du
temps rie la Fronde...

Ils chantaient. J'en suis fort aise :
Eh bien, nous dansons maintenant !

Ah ! oui, on a dansé !

Tandis que dans les salons du monde officiel, politique et fi-
nancier, grappes de diamants et toutîes de femmes, tourbillon-
naient d'un te! mouvement, d'un tel éclat, que l'œil éperdu,
ébloui, aveuglé, ne reconnaissait plus qui étaient les diamants,
ni qui étaient les femmes, les lanciers sévissaient, entre les

crêpes et le vin blanc, à l'intérieur des familles bourgeoises, —
les lanciers, le verbe se saluer conjugué avec les jambes.

Et, dans les Indes galantes de Douix et de Lemardelay, s'éche-
velaient les nuits de cancan carabiné des grandes crevettes et des
petits crevés 1

Mercier avait raison :

Paris e t la guinguette de l'Europe.

2&f ! . ». jf- . m. 0£m, ^
lj! . Ëf 1 * *

A quoi bon réveiller ces souvenirs de carnaval désormais en-
sevelis sous la poussièro du mercredi des Cendres?

Ce soin regarde les gazetiers roses de la fanfreluche et du chif-
fon.

Ceux-ci sont de toutes les fêtes — au môme titre quo les Gui-
don, les Lionnet, l'improvisateur Glatigny ou le chronologue de
Caston...

Et je suis étonné que certains amphitryons n'aient pas encore
donné la tournure suivante â leurs lettres d'invitation :

« M. et Mme 7.... prient M- -Y... de leur faire l'honneur de venir
passer chez eux la soirée du mardi-gras.

« Il y aura un chroniqueur. » [

* JSSÊk -il

* *

Ce que je ne saurais, par exemple, enfouir dans un silence
coupable, c'est le banquet offert — chez Brebant— aux pricipales
illustrations do la presse contemporaine par l'excellent comique
des Variétés, Hamburger, en raison de son avènement prochain
au sociétariat de la Comédie française.

Ne blâmons point ce procédé ingénieux et magnifique.

11 crée un précédent de fastuosité que tiendront à imiter — en
semblable occurrence — Hittemans, Gardel et Horton.

Ce qui me paraît moins à sa place dans le compte rendu que
j'ai lu, — aux Débals, je crois, — sinon ailleurs, — de cette so-
lennité, c'est que quelques-uns des convives, gens à l'esprit sans
doute moins complaisant que l'estomac, aient jugé à propos de
se cabrer publiquement devant le chiffre de l'addition, — l'addi-
tion d'Hamburger, bien entendu...

Je me suis ouvert de ce grief à Brebant...

— Tas de farceurs! m'a-t-il répondu. Ils ont trouvé mes côte-
lettes trop 3alécs, et ils en ont mangé deux fois.

* *

On connaît la belle riposte de Bignon au prince Narisehine,
qui se plaignait que ce restaurateur lui comptât sur la carte une
pèche cent sous.

— Ce ne sont pas les pèches qui sont rares, •Excellence; ce sont
les boyards comme vous.

Chez le successeur de Vachette, ce nô sont pas les côtelettes
qui sont rares...

Les comiques des Variétés non plus.ii

Non ; ce sont les b .yards de la iittératuro...

Aussi ne puis-jo penser qu'un garij'ôn aussi intelligent que
l'Ajax senior de la Belle-Iléléne ait un seul instant oublié qu'alors
qu'on traite des invités de l'importance des siens, rien ne doit
être, pour ces fines bouches et pour ces plumes délicates, trop
dispendieux, trop exorbitant, trop excessif : la France est assez
riche pour payer sa gloire!

J'ajouterai que crier à l'exagération de la note de Brébant, ç'a
été, do la part de ceux qui l'ont fait, non-seulement témoigner
une médiocre confiance en leur propre mérite, mais encore porter
une grave atteinte à la réputation de grandeur, de luxe et de gé-
nérosité de leur amphitryon.

Depuis quand a-t-on vu Marsyas écorcher Apollon ?

Dans tout le tndala du carnaval, on n'a pas aperçu Finette, —
Finette qui a fait fredonner à Flan sur l'air de la Lisette de Dé-
ranger :

Enfants, c'est moi qui suis Finette,

La Finette du Casino;
A Mabitle aussi je pirouette...
Je suis brune comme un pruneau...

M. Henri de Pêne prend, dans l'Indépendance belge, la pëihe de
nous informer que cette jeune personne est en délicatesse évec la
sixième chambre.

Pauvre fille !

Je l'entendais un jour 'discuter avec une dé ses camarades :

— Si je suis créole, moi ? Certainement que je suîs créole !
D'abord qu'est-ce que c'est qu'une créole ?

— Parbleu ! lit 1 autre, c'est la fille d'un hoir et d'une blanche .

— Eh bien , puisque ma mère avait épousé un charbonnier?

J 'ai parlé du poète Glatigny.

Ce brave garçon sollicite actuellement l'autorisation — qui ne
saurait lui être refusée — He donner cà l'Alcazar des séances pa-
îvilleâ à celles qu'Eugène -de Pradel put donner partout autre-
fois.

11 exposait sa requête à qui de droit.,.

— Celte autorisation, lui fut-p répondu, vous sera volontiers
accordée, si vous consentez a nous communiquer, avant de vous
y livrer eh public, le manuscrit de vos IMPROVISATIONS.

• Théâtres

Balzac, dans le prologue des Ressources de Quinola, nous montre
deux hidalgos dépenaillés se talonnant l'un l'autre, la nuit, à tra-
vers les rues de Madrid. A la fin, le premier, impatienté, se re-
tourne et interpelle le second :

— Ilola! qui marche ainsi dans mes semelles?

— Un gentilhomme qui n'en a pas.

M. Théodore Barrière ne peut guère, en vérité, invoquer cette
excuse castillane...
Il possède une chaussure solide...

Je n'avancerai point que ce soit le brodequin de Thalie, — au
lacet rouge, au talon d'or.

Le pied robuste et plébéien de l'auteur des Faux Bonshommes
s'accommode mieux du gros soulier à clous massifs, à forte em-
peigne, — indispensable pour patauger dans la boue de Paris et
pour écraser les cors des bourgeois,..

Pourquoi chercher, alors, à glisser ses orteils dans les boites
de sept lieues de Victorien Saidou?

*

La nouvelle pièce du Vaudeville, — les Brebis galeuses, — accuse,
en effet', de la part de M. Théodore Barrière, la résolution impla-
cable et regrettable do courre le succès par le procédé violent,
excentrique et démesuré du faiseur des Intimes, des Diables noirs
et de Maison neuve...

*

Deux coquettes sur le retour, — deux coquines qui ont fait
leur temps dans le bagne de l'amour, et qui voudraient bien le
recommencer, — ont décidé d'embrigader dans l'armée de la ga-
lanterie, dont elles portent les chevrons, deux jeunes femmes,
l'une veuve, l'autre séparée de son mari, Rose Michelin et Marie
Bernier.

Devant ce point de départ, la première pensée du spectateur
est de se demander: — Quel profit Blanche Tingray et Diane do

de Tourny retireront-eiles de la corruption, de la chute de ce3
honnêtes et naïves créatures?

Aucun. Blanche et Diane raccolent pour le demi-monde par
désœuvrement et par plaisir. La chasteté des deux bourgeoises
est, du reste, un soufflet permanent sur la joue des deux grandes
dames tombées, et l'épanouissement de leur beauté print mière,
une insulte sanglante à leurs rides précoces, — rides du corps et
rides du cccùr... AkfTMH

La vertu tracasse le vire comme le soleil gêne le hibou.

*

* *

C'est contre Marie Bernier que s'acharne particulièrement la
comtesse de Tourny...

Une comtesse, cette ruflana? — M. Barrière l'affirme. Je persis-
te a, ne pas le croire : une procureuse, je ne dis pas !...

Un jeune homme poursuit Marie de ses obsessions passionnées.
Celle-ci, qui se défie d'elle-même, implore, pour se soustraire à
Henri, les conseils et l'appui de madame de Tourny.

— J'ai, lui dit Diane, un chalet perdu dans un repli de la côte
normande. En voici la clef. Allez vous y réfugier. Vous serez en
sûreté sur cette falaise solitaire... „ 8

Elle n'ajoute pas qu'elle vient de vendre ce chalet à Henri ; que
l'amoureux en possède une double clef, et qu'ihioit s'y trouver la
nuit môme où Marie va s'y rendre...

La comtesse se frotte les griffes : madame Bernier y passera —
comme les autres!...

En ce moment, on lui apprend que celle qu'elle a enformée en
tôte-à-tôte avec le déshonneur, est sa fille !...

Patalra! — Expiation ! ! — Anévrisme! M

Cet anévrisme ex machina tue la mère infâmè...

Et Marie qu'un duel fait veuve, épouse Henri, lequel, ainsi
qu'on pense, n'a pas manqué de la respecter absolument !...

* *

J'ai vainement cherché dans cette pièce, — qui commence au
Gymnase pour finir à la Gaîté, — la science d'observation, l'ori-
ginalité, la verve, la logique et l'esprit de l'écrivain des Parisiens
de la décadence et de l'Héritage de M. Plumet...

Tout cela est heurté, tourmenté, emporté, à donner le cauche-^
mar !...

Des mots striden's et nus font irruption dans le dialogue com-
me ries Peaux-Rouges dans un salon...
,£es Brebis galeuses sont siffl^es tous les soirs.
Il y a là, à l'adresse de M. Barrière, plus qu'un iàtftmwiique '. il

y a un avertissement.

Oiiéra-Cumiquo

Urt vieux brigadier, dont le nez couleur de guigne raconte élo-
quemment les coups de soleil de l'Egypte et du trois-six, a pour
fils un joli garçon qui porte avec crânerie l'épaulelte de lieute-
nant dans le régiment où son père promène de la cantine à la
salle de police ses deux sardines et ses trois brisques.

Vous devinez qu'eu égard aux alcools et à la discipline, le père
et le iils auront maille à partir ensemble...

La chose ne manque pas d'arriver i

tin jour, le, brigadier, affolé par l'ivresse, lève la main sur le
lieutenant....

On le condamne à mort, — on va le fusiller...

Heureusement, le stratagème d'un adjudant sauve le pauvre

soldat...

Livret peu neuf, — de MM. La biche et Delacour, — mais rem-
pli de détails amusants. Musique jolie et banale, de M. Victor
Massé. Interprètes convenables : Mlles Marie Rose, Gir.ird et R<-
villy, MM. Crosti, Montaubry, Sainte-Foy et Leroy. Succès esti-
mable et anodin.

La pièce d'exposition, qui passera vers le milieu d'avril, au
théâtre des Nouveautés, sera signée de ces deux noms heureux :
Fernand Langlé et Eugène Roger de Beauvoir Iils.

Dans la nuit du dernier bal de l'Opéra, un débardeur — fe-
melle — est amené au poste de la rue Drouot.
Le sergent se met à écrire son rapport :

— ....Ledit masque se trouvant en état de boisson et réveillant
par ses chansons les citoyens paisibles, la patrouille a dû arrêter
ce perturbateur...

— Do quoi? de quoi? interrompt l'inculpée. Un perturbateur I
Si l'on peut dire!... Moi qui suis mère de quatre enfants!...

— C'est juste, prononce le sergent. On va rectifier.
Et il corrige :

— .... La patrouille a dû arrêter cette mère-turbvieur.

Emile Blondet.

Do la guérlson des maux d'eitomac, de foie, d'Intestins, par
le Digestif Hulelunrt. — Notices chez Léchelle, 35, rue Lamartine.

Pour l'Exposition universelle, en vente chez tous les libraires, un
Tarif des Monnaies étrangères. — Prix : ÎO eentinies.

Le directeur-gérant : Daniel Lévt.

TARIS. — IMrRIMERIH IKTBRNAT10NALB VS O. i»v»3
s>, ROT. D'aBOUKIR,
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