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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0102

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Îd8* rtiirl îtS

LA ■'-t-W«

imri'rf>yf') ni

JÎHTMiiîU

BAT T Y

tenaient

le gin-palace

Un samedi soir, à Londres, il y a hait mois, une l'unie bruyants
et bariolée, uniquement composée de gens.aux pressions via-
lentes, parfois sanglantes, terribles toujours* éïtiplissttft lo flar-
loom (salle du comptoir), d'un Gin-palace corifoHublë'-.tjtli était, à
^çamoment, la « great attraction » pour le peuple de M tnétropole.
11 éiait tard. Le parlour et le Tap-roum du publin-hltète tie r.qn-
plus un seul consommateur dans leurs boéeS, Les gar-
çons ramassaient les écailles d'huitres et les ronds de Citron sbtUS:
les tables. ] .t .l'JfJHUS

Mais, devant le comptoir, contemplant de tous leurs yeux |$5f
jectés de sang le Landlord (le maître de l'endroit), assis tràtt*
quillement, en bras de chemise, el lisant un numéro du Sportif
life, se tenaient, debout sur trois ou quatre rangs sans cesse rij*
nouvel6s et épaissis, les buveurs do wisky, de gin et de paie alfl;

Tout ce monde parlait avec ardeur, tebriismeriL La vdlx ôraîl-
lée, aiguë et fausse des filles d'iiaymarkciÉjj|^F,|bapeaiis roses
souillés do boue, aux chàtos troués comme Jh ■Vieilles voiles 86.
ba!eaux, dominait la basse des hommes.

11 y avait là, à côté de ces malheureuses, parmi ces êtres très-
longs et très-trapus, vêtus de paletots à longs poils, à larges bou-
tons, de culoltes étroites, faisant la vis au genou et aux chevilles,
cravat-'B Ce cache-nez rouges ou verts, écossais ou à pois blancs,
coifrfcrde chhpé&frx bHàoB ou noirs, des boieurs aux faces coutu-
rées, violacées; des jockeys engraissés, aux jambes fluettes, au
ventre énorme ; des entraîneurs de chevaux, des marchands de
chiens, des « phénomènes » sans engagements, des matelots en
congé, des marchande- de poissons, des Irlandais criards, des
Américains aux barbes pointues, aux cheveux plats.

Le landlord, impassible au milieu de tout ce monde, était un
homme de quarante ans, de belle taille, au* os Solides et puis-
sants, dépouillés de graisse. Sa figure, longue et sèche, brune,
était remarquable surtout par un vaste front blanc sous lequel
deux yeux profonds se mouvaient lentement. Le menton était
orné d'une barbe américaine d'un noir luisant.

Au moment où, repliant son journal, le maître du gin-palace,
s'apprêtait à se lever pour donner quoique ordre à ses garçons,
une querelle s'engageait au fond de la salle, prés de la porte ; le
landlord se rassit.

Les jurons et les menaces bientôt suivies de coups sourds com-
mencèrent à pleuvoir. Immédiatement, commo c'est l'usage, pour
ne pas déranger les adversaires, les assistants se rangèrent en

On vit alors un Irlandais aux cheveux jaunes, la bouche san-
glante, se précipiter sur une espèce de géant rjui l'attendait les
poingts fermés, bien campé sur ses hanches d'éléphant.

La lutte ne fut pas longue. L'Irlandais roula bientôt pat terre.
Mais comme il tombait, on le vit tircr.fin couteau de sa ceinture.

Son adversaire était sans arme; la lùîte devenait inégale". Aussi
la foule, tout d'un coup, se rua-t-c!le sur le déloyal boxeur. Un
tumulte inexprimable s'ensuivit. L'n combat général allait s'éta-
blir.

Soudain, le landlord bondit sans bruit de s'a place, se présenta
brusquement dans le groupe, éparpillant ça, et à toops de
coude, les combattants étourdis. Puis posant lentement sa maiÂ
sur l'épaule de l'Irlandais, ivre de rage et de gin, tout près dii
cou, il le regarda' froidement, sans parler, avec des yeux aux pu-
pilles dilatées dont l'expression ne peut se rendre par des mots*
L'Irlandais et ses soutenants, sur lesquels le landlord avait éga-
lement fixé acn insoutenable regard, reculèrent en grondant, sans
pouvoir détacher leurs yeux de ses yeux terrifiants. PUs un mus-
cle du visage imperturbablement glacé du landlord n'avait bougé*
ses bras et ses jambes n'avaient point fait un seul mouvement
précipitô ou à faux. Seulement les narines, un peu ôlargiés, avaient
vibré un instant,

L'Irlandais devint muet. La brute farouche, son couie"*ii a la
main, au bout de son bras ballant, reculait, en regardant avec
une soumission confuse, mêlée de hoquets de colère, celui qùi
l'avait dompté. Il sortit bientôt.

Un silence profond s'était établi pendant cette lutte de l'énergie
humaine, centuplée par la volonté inflexible, contre la force bes-
tiale, décuplée par l'ivresse.
Le landlord n'avait pas mis vingt secondes à dompter un hOùi-
o et à stupéfier une foule.

Le Bar-room fut bientôt vide. Le landlord se remit à sou c ijj-
toir, et caressa sa barbe ondulée.

-, Comme il donnait l'ordre de fermer la porte de l'établissement,
tin jeune homme, guidé par un obligeant policeman, fit son e*S-
trôe dans le gin-palace.

Ce jeune homme un peu voûté, à la petite moustache blonde,
à la figure railleuse et spirituelle, qui fumait un gros cigare,
salua gaiement le landlord et lui dit en excellent anglais...

{La suite au prochain kUmcro.)

II

AU THÉÂTRE DE LA 1 Ci.1* saïnt-llART1N

Hier, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, deux mille specta-
teurs, dont le cœur était rempli d'une indicible anxiété, dardaient
leurs yeux sur la scène. . , r

Les poitrines des femmes se soulevaient par bonds précipité"?;
les veines du front des hommes se tendaient sous la peau. Un
grand silence régnait, interrompu par des rugissemeuts.

Sur la scène, il y avait une cage do 1er ; dans cette cage, un
homme et des lions. \ ^«^^■••'^s. .

Cet hommè, c'est Batty !

Cet homme, c'est Batty, et c'est aussi le* landlo
de Londres; ces deux hommes ne font qu'un.

m

Oui, c'est Batty, le célèbre Batty, plus intrépide que Bonnaire ;
Batty, le digne successeur de MarUrjj de Carter, de Van-Amburgh,
de Charles, de Mme Lpprinc'ë, de HuçdN 8e Massilii, de Yallet ;
Batty, le roi des Hdmjiieurs, Batty IV.mécicairi froid et pale, qui
a promené ses lions aux quatre coins du monde, Batty disparu
tout à coup de la scène des cirques, Bntly le ressuscité!

Oui, c'est Batty, sous les habit.-; la -' w aïo'auiirned, dans
•la" Biche au Bois, remontée avec un luxe inouï.

tA.Jkiiie venait de lui ordonner « d'exciter les lions jusqu'à la
démence. » et B.-.'ty !c; excitait consciencieusement,
■ussi calme, aussi glacial, aussi résolu que dans le Bar-room
sa maison, mais aussi terrifiant et aussi héroïque, il s'uvÉh»
t entre les bêtes grondante: , et la foule, qui n'osait appiaurjirj
mirait, oppre.-sée, sentant l'enthousiasme mouiller ses yeU»
homme désarmé, presque nu, ce peu de chair et de nef»
marchait raide comme une statue d'acier, eft faisant reculer
.lions devant lui !
J»s énormes bêtes, aux têtes nobles, et puissantes, aux ongles
0$ comme des poignards, étaient là, grommelant entre leufg

crocs d'ivoire ; pariois elles osaient laric

leur maîti
rriai§

,11 -

gard

et plein
leur mufle
ut de riao une

regard louche à
iiklion rageuse ;.
sant devant le ré-
qui n'a point peur

d'elles et qui les mi-,

Admirable spectacle
limites dé l'homme! d
êtres, Hommes Ou bèt!
; N. ij. Dans la stjftj
me à la physlonomk
qui avait été clierch. r Batty à Londre
Xafargiie.

Eknest d'Hervilly.

! splBhdiùo preuve de la souveraineté sans
iué d'une volonté iijifeble sur tous les
U de la création.

dëbout au Moàtli se titrait le jounë hom-
spirituelle, â la petite moustache blonde,
Il se nomme Gustave

je ne vois pas pourquoi on ne la prendrait pas pour les hommes avec Ics-
buels on se trouve étroitement renfermé.

A ce sujet, risquons une remarque : c'est qu'on ne muscle jamais que
les chiens paisibles. Si vous vous rencontrez nez à nez avec un chien
enragé, vous pouvez être persuadé d'avance que celui-là ne sera pas
musclé.

Pourquoi cette injustice?...

Eue Frébault.

PMIM8 DE LA LUBTH

Toute personne qui prendra un abonnement d'un
an a la Lune recevra gratuitement en prime tous les
numéros parus depuis le 15 février jusqu'au 15
juin J *

Envoyer dircct'eliient le montant de l'abonnement
en mandat ou ttrtibres-poste, à M. Daniel Lévv direc-
teur du journal, 8, cité Bergère, à Paris. '

PEKSÉES D'UN LUNATIQUE

LES MIETTES DE LA SEMAINE

Un fils do famill
o*

it contenter tout le demi-moude et son

Le blanc est le symbole de l'innocence ; je ne parle pas de
Léonrc.

L'animal .qui ressemble lo plus à l'homme, c'est Veuillot.

Les femmes que l'on met dans des meubles en bois do rose ne
sont presque jamais des rosières.

L'ullrihnt de l'Amour cjL une flèjhe... da lit.

J'aime les médecins qui comprennent à demi

3;nr-maux.

Depuis quelques jours, les fêtes officielles se succèdent avec tant do
rapidité., nue lç,s hjstoriogniphes assermentés sont sur le.-- dcu's, ce «lui
doit bien les gbhèr jour dausén el il a éu> fait une telle cor^brnnatl
de tleurs dans ces réjouissances, qu'à l'heure qu'il esl, on ne tronver;
pas, dans Paris et la banlieue, seulement de quoi garnir un vestibule.
Aussi met-on les départements à contribution. Je ne sais pas même s'il
ne faudrait pas pousser jusqu'à Saint-Flour pour se procurer une rose.

Ce qui fait qu'il est fort possible que la couronne décernée l'autre j
dimanche à l'héroïne de Nanterre, vienne de ce chef-lieu d'arrondisse-
ment. Cette cérémonie pittoresque du couronnement d'une rosière figure
toujours d'une façon assez plaisante au milieu d'une époque comme la
nôtre. Quelle chose étrange que de voir, de nos jours, si près de Paris,
un coin de tSffo Où l'on s'occupe de eullivcr la vertu au lieu de cultiver
des navetsl Noils êfcgageons énergiquement les étrangers disséminés dans
nos murs à méditer cet enseignement qire nous donnons à l'univers.

Qu'il me soit permis, en passant, de regretter que la vertu soit coléc !
dans les prix doux. Le vénérable saint Médard, quand il fonda en faveur
da la demoiselle la plas s'âge de Nanterre son prix annuel de trois cents iiEi ij VAUDEVILLISTES CHEZ EUX
fradCS,' rl'ftviit' évidemment pas prévu qu'aujourd'hui celte somme serait
insuffisante f.Our passer serlleltteat une semaine à Paris pendant l'Expo-
sition.

Suzanne Lagier aime à se décolleter; elle appelle cela a élargir
les prisonniers. »

llli'POLVTE IÎRIOI.LKT.

Les boulevards, dor,t ie couu d'<cil est déjà si pittoresque en ee mo-
ment, offriront un aspect encorê plttl bariolé lorsqu'ils seront sillonnes par-
les monarques orientaux et fejff Sfllte ilamboyantc. A ce propos, signalons
la stupéfaction du journal -1». Turquie, uw faillie da crû, nui p-ais-r des
muai sements d avance, à l'i léè de cette excursion fantaisiste du comman-
deur des ci'oyi.als' (■héz 1 ; u'ilidèies. ha Jjai-li vieux-turc en a des l'réuiis-
scmeuls d'épouVatrté. îi'oai ne saurait feindre la consterna!ion do ces ré-
trogrades qui en sont cUidrB au soleil dans lo dos et au croissant sur la
poitrine, à l'instar des Turcs des bals de la CoUrtille.

Le fart est que ce serait cruel pouj!;.çiix silo .sultan, séduit parla civili-
sation parisienne, allait rapporter à Stàmbui.i les habitudes du macadam et
les chapeaux de finaud !...

Le parti vieux-TijrC n'aurai! pMtfS cjn'à avaler son turb in.....

Ce qu'îl'f a'Bttttffiement à craindre, c'est que celte visite n'influe fata-
Ujaienl sur la siîite du souverain oriental. Quand ils nous uuronl quitté,
ces jeunes el inllammab'lcS Musulmans, les souvenirs enivrants des bon- !
doits Pdrifsrens ne les pouè$ulvronl-ils pas jusque sur les rives du llos-
phore?

Etles stms irrésistibles du jjjston de Mabrlle n'apporteront-ilspas à leurs
bffcil'.es I ; ilrblées les érbos dos pulkas é:'lievelécs jusqu'au pied du Irène
iit descendant du Prophète?..;.

Cohstan'inople leur semblera fi- n fade .-'près le pare d'Asnièrcs...

Dit nous, l'ail espérer tu&fi la visai; de Soulouque, ee potebUli de cttu-
ioj?, illu. jadis par urié des meilleures créations de Grafsbï au Palais-

(Jutut à l'empereur de la Chine, annoncé prémaluréffier/ï, il tic viendra
pas-.

Le.- Ciiinois do.l'Eldorado m'ont révélé la véritable- raison de cette
abstention : elle est inédite; je vous la livre,

DMp: s la loi locale, le Fils du Ciel nSfeïït so mettre «A voyape sans
une suite dont le chiffre est rigoureusement li.vô à deux initia personnes.
D'après la même loi, aucun Chinois ne doit quitter la Chine sans em-
porter son cercueil. Ôrîe souverain de l'Empire du MUieu a pensé avec
raison qu'il lui sterttlt asA» incommode île traîner aprè3 lui deux mille
individus traînant deux millo céÇCheils. Outre que l'escorte manquerait j
de gaieté, dans 18 pratique cela ôlfrirail bien d^-difticultcs pour l'erirc'gis-
trement des b'ïgâgcs.

C'est ptfrq'uoi le' PJta-du Ciel no frahoM fi "point sa muraille rie porce-
laine. îsis^/'''\- JÎWr!5!!!r*®WFïr?5*i

Quelques journaux démenleut ta nouvelle de la frochaine arrivée trU
bhah de Perse. Dans tous les cas, s'il se décidé, j'engage eu prince à bien
s'assurer de l'état sanitaire de ses compagnons de route avant de s'instal-
ler dans le wagon, afin qrr'rl no lui arrive pas ce qui est arrivé dernière-
ment entre Paris et Lyon dans une voilure de troisième classe. Un voya-
(ffôr, atteint subitement d'un accès d'bydropliobie, a porté le trOrfble par-
mi ses voisins épouvantés. I SBJÉfi

Il est déjà assez fâcheux, quand on fflodte en chemin de 1er, ui i'O ex-
posé à défiiiiicf'; il est fort désagréable d'être «posé, en ordre, à être
mordu. Dans l'intérêt général, on devrait imisMét (nef voyajrcnr suspect. ,
On prend bien cette précaution pour les Cmetis qui vaguent par les rues, '

RÛVËLATI0N9 D'UN FROTTÉUfl(l)

tUh'êmSOiOiX (Itcf tof)

13, rue dn ht Ferme-des-?,iathurins. - Vau lcvillisto quand
mêiue, malgré M collaboration eux drames du Germaine, du Sa-
vetier de lu rue Quincampoix, etc..., que ses rondeaux dit Vivi de
Moûion, sauce' Cogniard, et ses couplets à'Aiadin, chl fait lut par-

donner.,

Orphie aux enfer» seul efface plus d'un tort
Et suffit largement 4 la gloire d'Hector.

Sportmuri enragé, il aimé aussi quelque peu à cartoiiner et
taille volontiers le petit bac dominical de son ami D'Ënnery.

ïi'Avrecourt

RtlO de Laroehefoucault. — Auteur dramatique de la vieille
.•oohe. — Son fils Abel est rédacteur en chef dd lit Beeuc de poche,
qui naguère a si vertement tancé les Cora-Bcarlislet.

A dextre auSsl bien qu'à senestre,
Comme des flfenrs dans les jardins,
Aux deux premiers rangs de l'orchestre
S'étalaient nos plus jolis gandins.

M. D'avrecor.rt pète a en port !'-uillc un très-amusant vaude-
ville : la.nom de celui que j'aime ; ce sera l'une des pièces do réou-
verture des lioutlés-Parisiens vaudevilliscs.

P. 9. — M. d'Avrecourt, que lé Soleil âppello, je no sais trop
pourquoi d'AvHcourt, a un collaborateur pour la pièce des
jloulïe? : M. liugône Nyon ; leur vaudeville prend pour titre défi-
nitif: le Spectre jàiine.

Ïîocc«2ï*<;e2io (Adrien)

wti rue Nonve-des-Mathurins.—Apràs de brillants débuts dans
la comédie : L'/ie Soirée à la Bastille et don Gtisman, M. Decourcelle
s'est souvenu que, tout jeune homme, il ét .it membre du Caveau
et est revenu franchement au vaudeville et à la chanson.

Voici les titrés do ses principales productions chansonnières :
Les> Deux Académies, La Première Bataille, Il faut aimer, Momus en
colère, Les Souvenirs d'un Grognard, L'Etudiant en droit, etc.

M. de Courcelle, au Caveau, était un fumeur enragé; ce qui
défaisait fort a D'és&Ugler fils, lequel ne peut pas souffrir la fu-
mée de tabac.

M. Barrière, au contraire, a dû remercier M. Decourcelle d'être
un fumeur; Car c'est en allumant sa cigarette au cigare d'Adrien,

(1) Voir les numéros des 24 et 31 mars, 14, 21 et 28 avril, 19 et 26
mal, ij et 16 juin.
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