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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0103

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la tvmu

en plein passage des Panoramas, que Théodore a dû de faire la
connaissance de son meilleur collaborateur.

La collaboration Barrière de Courcelle, comme la nommaient les
petits camarades, n'a compté qu'un insuccès et encore fi'ëtuit-çë
pas tout-à-fait la faute des habiles auteurs d'Un monsieur qui suit
les Femmes.

C'était le bénéiiee de Lafont, aux Variétés ; on Unissait le Éipoc-
taele par la première d'un Vilain Monsieur, et la pièce avait com-
mencé après une heure du matin. L'impatience gagnait les spec-
tateurs : les uns regardaient leur montre, lcè autres murmuraient
ou bâillaient ; bientôt les sifflets éclatent ; Lafont tient bon et,
arrivé au couplet au public, se place devant la rampe, avec une
corde à la main... un des accessoires de la pièce, et chante :

Cette corde enfin pourra rendre
Le calme à nos auteurs troublés,
Ou bien leur servir à se pendre...

Nos vaudevillistes avaient mis :

Si, par basard, ils sont tifllés..

Et Lafont de modifier ainsi le vers, avec une présence d'esprit
bien digne de son habileté ordinaire :

Puisque, vous les avez siffles.

Cet adroit changement à la chiite du couplet eût le Ion d'ar-
rêter celle de la plècS et de convertir immédiatement ces sifflets
en bra^Mfc,r ' m

M. Decotircelle a aussi fait jouer quatre ou cinq drames, dont
Jcnny ^Êv'Hér'e ; ce qui ne l'a pas empêché, du reste, dé qualifier
le genre de la façon la plus plaisante :

« Le drame est l'art d'être absurde sans en avoir l'air; mais
« faut pas en avoir l'air. » — (Album Nadar.)

M. Dacourcelle est, en outre, et par suite de nombreux héri-
tages, un très-riche propriétaire.

Il chérit indistinctement tous les habitants de ses divers im-
meubles.....

Excepté toutefois Les locataires du troisième,

Ë5e Mocli (Paul)

8, boulevard Saint-Martin, rh L'inépuisable auteur du Commis
et la Grisctle, du Caporal et la Payse, de la Garde malade, des Bains
à domicile et d'une multitude d'autres aussi désopilants vaude-
villes, pour ne parler que de ses pièces, a eu soixante-treize ans
le 21 mai dernier; son esprit n'en est pas moins toujeurs jeune
ci fraîchement... émancipé.

A la belle saison, Paul de Kock déserte son appartement du
boulevard, qu'il habite depuis plus de quarante ans, et retourne
à la villa qu'il s'est créée à Romainville en 1826.

Soit dit en passant, notre fécond vaudevilliste ne doit pas avoir
l'estime des entrepreneurs de déménagements.

Le dimanche, 25 août prochain, jour de la Saint-Louis, (Pour-
quoi pas à la Sainl-Charles ou à la Saint-Paul ?) aura nécessaire-
ment lieu, au dit Romainville, pour rester fidèle à une vieille tra-
dition, la reprêsention dramatique annuelle offerte par Charles
Paul de Kock à ses nombreux amis.

On ne pourra pas dire qu'il n'y aura pas un chat, l'auteur de
la... Demoiselle de Belleville en hébergeant chez lui une potée sans
pareille.

Elie Sauvage m'a raconté avoir assisté, il y a quelques années,'
à une représentation sérieuse à la villa de Kock.

On jouait, entre autres choses, des fragments d'ÀHDRonxqtttc;

Seulement — avait annoncé le maître de la maison à son pu-
blic : — « 11 avait cru devoir se permettre, avec tout le respect
« dû à la mémoire d'un confrère d'une certaine réputation, quel-
« ques enjolivements tels que : combals à l'hache, évolutions, pas
« de caractère et gymnastique de chambre; le tout parce que ce
« polisson de Racine ayant broché sa tragédie un peu vite, elle
« avait besoin d'être soutenue de temps en temps. »

Racine était interprêté par Eustache Lorsay, Nargeot, Henri de
Kock et Mlle Caroline, sa sœur.

Gressot, un des fidèles de la représentation annuelle, — Gras-
sot, retenu à Paris et empêché de jouer Pyrrhus, qu'il devait pa-
nacher de ses gnoufs-gnoufs abracadabrants, était remplacé par un
mannequin moyen ûgo de l'atelier de Lorsay... Et Sauvage, dans
le trou du souffleur, déclaniâ'f: le rôle du fils d'Achille, ainsi dé-
signé par le programme ; ïy/TÛKSj rui des pires.

Mais voilà qu'à la dernière scène du cinquième acte, la mé-
moire fait tout à coup dôfatit à Ofësie—Henri de Kock; en vain
Pylade — Lorsay, pour lâissjer à sOû ami le temps de se ressou-
venir, redit deux fois de suite !

^œSBrT^..yV/./;/ï ffl • I &\ \\1

...........Bri!ih, noué l'àVons vue,

Un poignard à la nhin, sur Pyrrhus se courber,
Lever les yeux au ciel, se frapper «t tomber.

En vain Elie Sauvage souffle avec fureur; Henri de Kock a
complètement oublié son rôle.

Alors, pris d'une inspiration soudaine, Henri de Kock arrache
des mains du souffleur le volume de Racine, prend une chaise,
s'asseoit à l'avant-scône, son livre d'une main, un quinquet de
l'autre, et se met à lire sans se presser, comme si jamais Oreste
n'avait jamais été plus calme et plus tranquille de sa vie :

Grâce aux Dieux ! mon malheur passe mon espérance...
etc.. etc..

Jamais, non, jamais Racine n'eût un succès pareil; on en
rira encore à la prochaine fête de la villa Romainville.

Chaque année, la veille du 15 août, l'opinion publique décore
Paul de Kock ; malheureusement, le Moniteur du lendemain ne
ratifie pas cette nomination.

Malgré tout, Paul de Kock est morne et grognon, grondant son
éditeur, sa bonne, son frotteur...

Ce n'est pas moi qui dis cela, c'est Etienne Eggis dans son
Voyage aux Cliamps-Elysèes.

Les grands comiques sont toujours tristes.

Justin Langlois.

STANCES MORALES

< »ii ne vous connaît pas ; tous rrarqufez mal ) personne
— On .tous voit mal vêtd — en passant lie vous donné
Ce rapide bonjour, salul banal qu'aura
Vont épicier gros, gras, suffisant, riche et bête.
Nul n'ôte son chapeau, nul ne tourne la tôte ...
Montrez votre argent, on vous saluera.

Vous avez — supposons— sur votre conscience,
Quelques péchés mignons, abus de confiance,
Vols, faux, outrages, coups, viols, et cœtera;
Vous êtes Dumollard, Carlouclic ou Laccnaire j
Vous avez massacré frère et sequr, père et more...
Montrez voire argent : on tous sourira.

Vous étés lait}} rfiais là, d'une laideur unique :
Plus laid que L. Véuillot, plus laid qu'un masque antique.
Dès l'abord, toute femme en vçus voyant rira;
Mais fussiez-votis cent fois plus laid, hideux, horrible,
Aux plus affreux mùàSaux l'or peut rendre insensible...
Montrez votre Sirgént : on vous aimera.

CoLOFANELLI.

(La suite au prochain quartier de la Lune.)

GAZETTE À LA MAIS

Le père *i<îchette

S'il ne s'agissait pas d'un mort dans cette... affaire, — je veux
parler de feu Paulin Deslandes, — je n'hésiterais point à écrire :
— C'est hontcu.v !

Vous m'offririez — incontinent f- mes entrées à Chaillot, une
contremarque de Bicètre ou un billet de faveur pour Charenton,
si je m'époumonais à vous conteé l'histoire du ménage d'Au-
nïgn'jCii;

La duchesse a été mère avant son mariage. Lè duc — llarbe-
Bleue et Othello panachés — découvre le pot aux fillo3j et,
pour supprimer du môme coup le corps et les auteurs du délit,
n'imagine rien dë mieux que do serrer dans une armoire de fer
sa femme, l'ancien amant de celle-ci, et le fruit de leur faute pré-
coce I 3\ y — ' \

Notez que ces choses-là ont lieu sous la Restauration — à une
époque civilisée où Louis XVIII reniflait son tabac à priser entre
les deux.... épaules de madame de Cayla!...

Qu'est-ce que vient faire le père Gâchette à travers cette serru-
rerie compliquée? — Je m'en soucie, ma foi, autant que des Con-
férences de M. Weill ! — Ce que je sais, c'est que le père Gâchette,
c'est Frédérick !

Du motnerît que Frédérick est dans la pièce, tout y est. Il y
apporte la lumière, l'intérêt, l'émotion, la grandeur. A peine la
première phrase de cette prose banale est-elle tombée de ses lè-
vres en notes douloureuses et enrouées, qu'un immense frisson a
passé sur la salle...

On eut dit le souffle que Job sentit sur son dos, dans les Pro-
phètes.

#

11 y a dans le Père Gâchette un acte où Frédérick, — qui n'est
pas fou, — est enfermé dans une maison-de fous...

Quand il proteste de sa raison, on ne le croit pas, et on feint
de le croire, et il s'en aperçoit. Supplice sans pareil! Le vertige
le prend! S'il était fou pourtant? Il se tâte, il s'ausculte, il s'in-
terroge ! Rien au monde ne saurait donner l'idée de l'épouvan-
tement de ce malheureux qui sent son intelligence perdre pied
dans cette tempête! Rien ne saurait définir exactement la gamme
passionnelle qu'il monte et redcscehd en un instant, avec la rapi-
dité du génie, de la prière au rugissement, du râle au sanglot,
du doute à la conviction, du bond farouche à l'écrasement sinis-
tre ! Une seule chose m'a étonné dans le Père Gâchette, c'est qu'à
la fin le Wigisseur ne soit pas venu annoncer :

— Mesdames et messieurs, la pièce que nous avons eu l'honneur de
représenter devant vous est de M. Frbdérick Lkmaithe,

Qui est-ce qui aurait osé réclamer?

Peut-être Louis XI...
'.À cause de la cage de fer.

Vous rj'espérez pas que je vais perdre cette occasion de pfétaêr
une anecfiôle, hein?

Frédéiii'U Lomaître adore les mystifications, — celles qu'il fait
aux autrèi; bien entendu.

Un soii-, au café de la Porte-Saint-Martin, un honnête bour-
geois lit ls Journal debout, le do3 tourné à la devanture. Frédé-
rick dit, du dehors, à quelques camarades :

— Je parie que je mets ma botte dans les chausses do ce digne
homme, et quo c'est lui qui me fait des excuses...

— Oh!

— Un bol de punch ! Est-ce tenu?

— C'est tenu.

L'acteur ouvre la porte du café, entre brusquement et admi-
nistre au cockney un coup de pied di primo çartello, juste au point
où les jeunes savants de l'Ecole polytechnique placent la tangente
au point C de leur épée.

La victime se retourne, furieuse...

L'agresseur se cabre...

— Comment, s'écrie-t-il avec colère, vous n'êtes pas monsieur
Victor Hugo, et vous vous permettez de lui ressembler d'une fa-
çon aussi étourdissante!... Ah ! mais, vous me rendrez raison, ,
monsieur : car enfin, lorsqu'on s'appelle Frédérick-Lemaître, vous
comprenez qu'on ne peut pas faire commerce de familiarité avec
le premier venu.

Tout déferré par les noms du grand poète et du comédien po-
pulaire, le bourgeois balbutie quelques paroles incohérentes...

— J'entends, reprend Frédérick, vous ignoriez cette ressem- !

blance, et vous me priez d'en agréer vos regrets. Je les accepte.
Allons boire un verre de punch (jue je vous invite... à m'offrir.

Parloiis un peu — beaucoup — mais pas passionnément du tout
de M. Alexandre Weill.

Ce rômaiiciér-publiciste-théosophi-mystîeo-dare-dare-tirelire a
dit :

— Je ne prends pas la parole : c'est la parole qui mo
prend.

C'est par allusion à ce mot que L..., ci-devant éditeur, disait
après une allocution de Weill, adressée à lui une heure d'horloge
durant :

— Depuis que Weill est convenu que la parole le prend, je
ne l'écoute plus. J'attends poliment que la parole le quitte.

* *

Alexandre Weill, qui Éprouve de temps eh temps le besoin du
dire des sottises à la société, vient d'éditer à ses frais un nouveau
pamphlet : Mes conférences au café de Madri ■'.

Jesodpçonne énergiqtiement que, si fauteur me l'offrait, il
pourrait bien lui advenir ce qui lui arilva jadis avec Baude-
laire, à propos des Histoires de village.

Cet onvrage à peine mis en vente, WmQ courait le boulevani.
des vdlutnes soue le bras, quand de fortune, d'un troitoir à l'au-
tre, 11 avise M. Baudelaire :

— Éb! çli! Dîtudelairel mes Histoires dis village viennent dj pa-
raître; II fait que je vous en donne un exemplaire. Tenez...

•'-S*» » Vous remercie.

. — Corrjment, vous ne voulez pas de rtiorilivre?

— Moîi Cher, je n'écris clans aucun journal. Je ne rendrais pai
compte de votre livre.

— Tant pis.,, mais prcnez-lc.

— Mon cher, je ne trouverais pas le temps de le lire.

— Eh bien ! vous ne le lirez pas, nuis prenez-le.

— NON.

f%

C'est ainsi que Weill peut se vanter d'être le seul homme qui
ait fait mentir le proverbe :

« A cheval donné on ne regarde pas la dent. »

* *

Dans un groupe d'uniformes, — ad bal de l'Hôlel-de-Ville, —
se trouvaient réunis un coloriai anglais et un jeuno officier russe,
fils d'un général tué à Sébastopol, ainsi que deux capitaines d'é-
tat-mnjor français qui partaient l'un et l'autre la médaille de
Crimée.

Ces deux derniers causaient le moins possible de guerre et de
stratégie.

Tout à coup le colonel anglais adressa au jeune Russe celte
question pleine do délicatesse et de courtoisie :

— Etiez-rd au siège de Sébastopol ?

— Oui, colonel ; nous étions, mon père à la tour de MalakofT
que MM. les Français ont prise, et moi au Mamelon-Vert que
voufc, messieurs les Anglais, vous n'avez pas pris.

I*otItea réclames

L'inauguration du Théâtre-International—dan3 le parc de l'Ex-
position a eu lieu mercredi.

La sallç eit spacieuse, confortable, décorée avec goût; la scène
vaste dt habilement machinée ; les artistes pleins de zèle, de
consciëhce et de talent...

Le spectacle d'ouverture a seul laissé à désirèr...

Le livret et la partition de YAiigé deRothsaJg reaseiablent à tous
les librclti, à toutes les musiques quelconques...

fefl fait d'opéra écossais, je lui préfère la borne blanche.

Dans l'Opinion nationale, M. Alexis Azevédo so pâma devant
VOic du Caire, de Mozart — sur laquelle le rèsurrectionnist Mar-
tinet vient de passer le plumeau...

Et dans les latitudes hyperboréennes des Folies-Saint-Germain,
M. Larochcllo joue les Mémoires du diable...

11 y a plus :

La Gaîlô remonte l'Ours et la Pacha.
Parfait! parfait! parlait f
Encourageons les jeunes I

Nous pouvons annoncer d'une manière positive que les obsta-
cles qui s'opposaient à l'asccnsi in définitive du GEANT sont enfin
levés, et tjae toutes les dispositions sont prises pour éviter les
inconvénients de l'énorme agglomération des foules que le célèbre
aérostat a le privilège d'attirer, comme on l'a vu à Paris en 18G3,
et depuis à feruxelles, Lyon et Amsterdam.

^'ascension du GEANT aura lieu le dimanche 23 juin, sur
l'Esplanade des Invalides.

Nous avons visité l'autre jour le café-concert du Vert-Galant,
où nous avons passé une admirable soirée. Cet îlot musical,
coquettement assis entre les deux bras de la Seine, est bien
digne de la réputation' qu'il s'est faite. Nous avons entendu là
des artistes de mérite. Nous avons des éloges à donner à toute
la tronpe, et particulièrement à Mlle Angélina pour la façon
originale dont elle a interprété la Tireuse d'armes.

L'entrée de ce café-spectacle se trouve sur le Pont-Neuf,
derrière la statue de Henri IV.

Muta de n

Madame de G... se faisait coiffer pour la fête des Tuileries.
Lorsque le coiffeur eut fini, et qu'elle put se regarder dans la
glace, la belle personne poussa les hauts cris :

— Ah ! mon Dieu ! mais c'est affreux! Je suis horriblement
mal peignée. Je ne puis vraiment pas sortir comme ça. Défaites-
moi ça tout de suite.

Le coiffeur se remit à l'œuvre en rechignant.

— Je ne sais vraiment pas ce que désire madame...

— Vous me coiffez à plat, et j'aime que ce soit un peu re-
levé.
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